Consommation courante : Anjouan ne « riz » pas

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Consommation courante : Anjouan ne « riz » pas
Consommation courante : Anjouan ne « riz » pas

Africa-Press – Comores. Cette île qui consomme à elle seule plus de la moitié du riz importé par l’Onicor, subit de plein de plein fouet la pénurie qui remonte à plusieurs semaines. Du coup, l’indisponibilité de cet or blanc a entrainé une hausse vertigineuse des autres produits alimentaires.

« Acheter du riz en ces temps de pénurie est devenu une sorte de trafic de drogue (sic). Tu dois prendre rendez-vous avec le dealer pour avoir une petite dose en cachette ». Ce constat teinté d’ironie d’un internaute anjouanais illustre parfaitement la situation que traversent les habitants de l’île. Depuis plusieurs semaines, à Anjouan comme dans le reste du territoire national le riz se fait de plus en plus rare. Si Anjouan mérite une attention particulière, c’est parce qu’ils sont les plus gros consommateurs de riz du pays selon les chiffres de l’Onicor, l’office national d’importation et de commercialisation du riz et que la crise y a débuté depuis plus longtemps que sur le reste de la partie indépendante du pays.

Le moins que l’on puisse dire est que la pénurie cause des spectacles pour le moins désolants dans la capitale, Mutsamudu. A chaque heure de la journée, des dizaines, voire des centaines de gens parfois, se bousculent devant les magasins pour espérer obtenir ne serait-ce que quelques kilos vendus au détail. Ceux qui le peuvent se tournent vers le riz de lux. Mais encore faut-il être nanti d’un courage hors du commun. Et si on en trouve, le kilo est vendu à 2500Fc au lieu de 1250Fc auparavant. « Personnellement je privilégie les produits locaux depuis longtemps : je mange des songes, maniocs, les graines », témoigne pour La Gazette des Comores cet entrepreneur issu de la classe aisée de Mutsamudu.

S’il affirme « ne pas vraiment sentir la pénurie », il n’en reste pas moins qu’il a une profonde inquiétude pour les autres, à commencer par ses enfants. « Ils sont des vrais consommateurs de riz. Maintenant qu’il n’y en a plus, ils sont obligés de consommer local comme moi. Je suis choqué de voir les gens se battre à cause d’un sac de riz. Je pense que si le secteur privé était autorisé à importer le riz ordinaire, on n’en serait pas là aujourd’hui ». Sur ce dernier point, il faut dire qu’il y a encore loin de la coupe aux lèvres. Pas plus tard que le mois dernier, le porte-parole du gouvernement interrogé à ce sujet précis, s’est amusé à faire un joli pied de nez aux commençants. « Est-ce que le riz de luxe qu’ils sont autorisés à importer est disponible dans le marché ? »

Les Comores importent entre 5 mille et 7 mille tonnes de riz par mois, selon qu’on soit en période normale ou en période de festivités (généralement pendant l’été). L’Onicor Anjouan nous a annoncé qu’une cargaison est attendue au port de Mutsamudu « à partir de ce mardi ». Pour des raisons logistiques nous dit-on, les 30 conteneurs en question, soit l’équivalent de 780 tonnes sont déposés au port de Dar es Salam par un fournisseur indien. En attendant, la population de la classe moyenne se met elle aussi à la consommation des produits locaux dont les prix ont, loi de l’offre et de la demande oblige, connu une hausse vertigineuse. A Anjouan, plus que tout ailleurs, l’on ne « riz » pas. L’on espère que la pénurie ne sera bientôt plus qu’un mauvais souvenir, et que le gouvernement en tirera les enseignements.

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