Africa-Press – Comores. Etant bien communiqué et vulgarisé, le développement durable est un enjeu majeur pour la croissance économique de notre pays. Depuis quelques décennies, nos stratégies nationales l’intègrent systématiquement. Pour réussir notre développement durable, les entreprises, publiques et privées, doivent prendre leurs responsabilités.
La RSE (Responsabilité sociale et environnementale) ou Responsabilité Sociétale des Entreprises est définie comme la responsabilité des entreprises vis-à-vis des effets qu’elles exercent sur la société. Selon Said Abdallah Nassim, spécialiste en développement durable, la RSE renvoie d’abord à l’idée selon laquelle l’entreprise est incitée, et non obligée, d’aller au-delà de la recherche du profit. Au sens large, la RSE est la déclinaison pour les entreprises du développement durable. Elles doivent donc intégrer dans leurs prises de décision, des considérations d’ordre éthique, social et environnemental.
Bien qu’il affirme qu’aucune mesure spécifique n’est prise pour inciter les entreprises à la pratique de la RSE aux Comores, notre interlocuteur souligne quelques avancées de ces dernières années dans certaines entreprises comme Telma, Cementis, Salsabil, Comores Telecom ou BIC-Comores, pour ne citer qu’celles-là. Ces dernières ont intégré des actions de RSE dans le pilotage de leurs activités, voire même un responsable RSE dans leur équipe. Notre source a fait savoir qu’aucun pays n’a réussi à se développer sans un secteur privé performant et compétitif, et « justement la RSE est un véritable levier de performance économique pour l’entreprise, il permet une forte mobilisation des employés, une réduction des couts de productions, un renforcement de l’attractivité et donc une amélioration de la compétitivité et des profits».
« A l’heure où notre pays est touché par des maux sociaux tel que la corruption, les harcèlements au travail envers les femmes, les recrutements non à base de compétences mais de relation humaines notamment avec des responsables hauts placés, à la discrimination des handicapés, des jeunes diplômés sans expérience… , la démarche RSE pourrait donc contribuer à identifier, prévenir et résoudre ces problèmes sociaux », souligne-t-il.
Quel impact a l’entreprise sur l’environnement ? En partant du principe que la première vocation d’une entreprise n’est pas de sauver la planète ou de protéger l’environnement, notre expert affirme que « sans ce dernier la vie des entreprises seraient inenvisageable », vu leur forte dépendance aux ressources naturelles (ressources minières et alimentaires, foret, biodiversité marine…). « Il faut savoir que l’économie comorienne repose essentiellement sur les écosystèmes. On dépend directement des biens et services qu’ils nous rendent afin de pouvoir manger, construire, se divertir, travailler. Protéger et utiliser durablement nos ressources naturels reste donc plus que préoccupant. En effet tout comme l’homme, les entreprises ont un fort impact sur l’environnement, alors qu’une fois ce dernier sera considérablement dégradé, aucune création de richesse, aucun développement socio-économique, serait concevable », explique notre interlocuteur.
En effet la RSE nous serait de plus en plus indispensable pour que le pays soit attractif et compétitif dans les marchés internationaux, à l’exemple de l’OMC dont notre adhésion vient d’être effective. Cette dernière a également pour mission de promouvoir le développement durable via son comité commerce et environnement et dispose pour cela d’un arsenal de règles. Cette idée d’attractivité internationale est reprise dans le livre blanc du climat des affaires aux Comores (ANPI- avril 2023): «… Pour attirer des investisseurs, les Comores, à l’instar des pays concurrents, doivent donc être en mesure de rassurer les entreprises en matière de mise en œuvre effective des politique RSE».
Face à cela, ce spécialiste réaffirme l’importance et la nécessité de mobiliser et sensibiliser les entreprises à comprendre ladite démarche. « Cette sensibilisation peut passer par plusieurs formes allant d’un guide d’orientation, un forum sur la RSE, des échanges de bonne pratique, voir développer un cadre juridique. Pour mener ces activités, Il serait intéressant de s’appuyer sur les institutions publiques et organismes internationaux œuvrant dans le domaine économique ou environnemental. Car même si la notion en elle-même n’est pas promu, mais l’ensemble de ces acteurs mènent des actions d’une très grande importance en relation avec la RSE », détaille-t-il citant en amont le travail des Ministères de l’emploi et de l’environnement à travers des organes comme CTC, Modec et OIT, pour la promotion du travail décent ; l’AFD, PNUD, ANGD en ce qui concerne la protection de l’environnement et la gestion des déchets ; et l’UCCIA et l’ANPI dans l’amélioration de la compétitivité des entreprises.
Pour réussir la démarche RSE, « il faudra d’abord identifier les risques et les parties prenantes. Ensuite étudier les opportunités, les bonnes pratiques en termes de durabilité et enfin définir un plan d’action adapté au contexte comorien », explique-t-il. En effet ce travail d’analyse peut être effectué par l’entreprise elle-même, ce qui a certes l’avantage d’éviter des coûts, ou faire un appel à une organisation extérieure. Cette deuxième solution permet d’avoir une vision experte et extérieure sur l’entreprise, et un plan d’action beaucoup plus approfondi. Affirmant que ce travail est à la portée de BECIP2D (Bureau d’études et Conseil en Ingénierie de Projets de Développement durable), une startup qui ambitionne de faire connaître les enjeux liés à la démarche de la RSE. Actuellement la startup envisage de mener une campagne d’enquête afin de saisir la situation et les enjeux concernant la responsabilité des entreprises comoriennes.
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