L’agglomération urbaine de Moroni au cœur du débat

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L’agglomération urbaine de Moroni au cœur du débat
L’agglomération urbaine de Moroni au cœur du débat

Africa-Press – Comores. C’est sur la place Badjanani à Moroni ce mardi 31 janvier, que le jeune Salec Halidi Abderemane, doctorant, accompagné par son encadreur Guy Tapie, directeur de thèse, professeur de sociologie, en collaboration avec la maire de Moroni a tenu une conférence publique. Un moment enrichissant dont les participants ont eu l’opportunité de comprendre « le processus de production de la ville africaine, en référence de Moroni ville héritage, bidonvilisation et envie de capitale ».

En résumé, le conférencier s’interroge sur les processus de production de la ville contemporaine africaine, confrontée à de fortes croissances démographiques, à des inégalités socio-territoriales, lisibles par une bidonvilisation des périphéries, à un défi récurrent d’infrastructures et à des enjeux de protection environnementale, formulés à l’échelle planétaire. Ainsi, pour expliciter ces phénomènes, ce jeune doctorant se concentre sur le cas de Moroni capitale des Comores. Il a expliqué le phénomène d’appropriation du territoire, les enjeux urbains, conflits entre villes et villages qui sont d’autres raisons d’une difficulté à agir.

« Devenue capitale politique et économique du pays, la ville centralise et concentre une grande partie des services publics de l’Etat, des entreprises publiques et privées, des sièges des organisations internationales. Ce phénomène draine une importante population rurale issue des autres îles provoquant une opposition spatio-sociale et spatio-économique à l’origine d’un développement précaire de la périphérie. Il se manifeste par des conditions de vie par une appropriation du territoire métropolitain par un groupe, « moroniens de souche » qui se réclame d’une Moroni originelle. Détenant une part importante du capital foncier et du pouvoir, il s’oppose aux populations issues des exodes ruraux et insulaires, appelée « étrangers ». Leur action est soutenue voire, légitimée par la revendication d’une « groupalité » mouvement identitaire de plus en plus présent dans l’archipel », explique ce jeune en thèse de doctorat de sociologie.

Il a ensuite souligné la faiblesse de l’Etat comorien et des autorités publiques locales, l’impossible mise en commun d’enjeux urbains dans un cadre métropolitain « le grand Moroni », les conflits entre villes, villages, sont d’autres raisons d’une difficulté à agir malgré quelques plans et stratégies en chantier et le soutien des organisations internationales sur de nombreux projets.

Selon lui, la méthodologie est plurielle : historico-géographique, pour analyser l’ancrage de l’héritage et le mouvement dans le temps intégrant la période coloniale, jusqu’à ses développement les plus récents en caractérisant les ruptures temporelles et spatiales qui lui donnent son identité actuelle, spatiale et sociale, pour cartographier le processus d’expansion et ses caractéristiques à partir d’une observation ethnographique des quartiers et des réalités vécues sociopolitiques, pour décoder les stratégies des acteurs en présence et les systèmes de gouvernance qui pèsent sur la production territoriale et urbaine. Un état de l’art permet de rendre compte de la spécificité du cas de Moroni.

Pour sa part, l’ancien journaliste Ali Moindjié a expliqué qu’il n’existait pas de volonté systématique de rejet des arrivants. D’ailleurs, il n’y a pratiquement jamais d’incident violent entre les uns et les autres comme on le voit dans d’autres villes de l’archipel. « Le malaise perceptible tient à un phénomène connu. Lorsque les institutions étatiques n’inspirent plus confiance, les gens se réfugient derrière les identités locales pour se protéger. Cette tendance qui s’observe partout aux Comores n’épargne pas les natifs de Moroni, victimes parfois d’abus de toute sorte notamment au niveau de la gestion du foncier », souligne-t-il.

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