Africa-Press – Comores. Pour ce début du mouvement, la manifestation de mécontentement se limite à un boycott des compagnies aériennes desservant les Comores, Ethiopian Airlines et Kenya Airways en tête, et ce à partir du 31 mars prochain.
Dans deux semaines, les Comoriens de France cessent de prendre l’avion pour le bercail, si les consignes sont suivies à la lettre. La diaspora comorienne de France s’est en effet réunie à Marseille, le 26 février dernier, en présence de leur mufti, pour étudier les voies et moyens de faire baisser les prix des billets d’avion vers les Comores, jugés « extrêmement chers ». Pour cette première étape d’un mouvement naissant qui semble être parti du bon pied, la manifestation de mécontentement se limite à un boycott des compagnies aériennes desservant les Comores, Ethiopian Airlines et Kenya Airways en tête, et ce à partir du 31 mars prochain.
Les organisateurs investir les différents aéroports de l’hexagone avec leur bâton de pèlerin pour se faire entendre. « Nous nous rendrons dans les aéroports pour nous assurer que les mesures sont respectées », concède Ali Taoufik, membre fondateur du mouvement, contacté par La Gazette des Comores. En cas de contrevenance à la consigne, « les auteurs seront sévèrement punis » d’après notre interlocuteur qui précise que des mesures de bannissement s’abattront sur le village ou la région dont est originaire le contrevenant. Une arme antidémocratique mais qui a toujours fonctionné aux Comores, et fait la fierté de ceux dont la justice et la bienséance sont le cadet des soucis. Pour s’assurer de ne pas faire chou blanc et perdre la partie, les initiateurs mènent des négociations pour impliquer la notabilité au niveau national.
A la question de savoir si le mouvement compte sur le soutien du gouvernement comorien pour faire fléchir les compagnies aériennes, notre interlocuteur se veut clair : « On s’en fout du gouvernement. Les billets sont devenus fous et quand les autorités veulent s’impliquer pour les faire baisser, elles peuvent le faire. Ou non ». En ce mois de mars par exemple, le billet pour un Moroni-Paris-Moroni, ou l’inverse, frôle les 1500€. « Payer 1500€ hors-saison, au mois de mars, c’est du jamais vu. Ce prix-là, c’était le prix des hautes saisons de juillet-août et décembre-janvier. Avant, un aller-retour Paris-Moroni à la même période coutait entre 700€ et 800€ », enchaine Ali Taoufik, sur un ton grave et sévère. Soulignons que depuis au moins deux ans, le billet d’avion pendant la haute saison se coute jusqu’à 2000€ et plus. De quoi saigner le portefeuille.
Si le ministère des Transports qui pourrait être appelé à jouer un rôle de médiateur dans cette crise qui se profile à l’horizon et qui lui pend au nez comme un sifflet n’est pas encore officiellement saisi, il ne compte pas pour autant se boucher les oreilles. « Personne ne nous a encore saisis. Mais en tant que ministère, nous ne pouvons qu’être aux côtés des Comoriens », assure son secrétaire général Ali Mohamed, contacté par nos soins. Des acteurs aéronautiques pointent du doigt la cherté des redevances aéroportuaires qui serait l’argument magique des compagnies aériennes pour justifier la vente des billets à prix d’or, mais le ministère des Transports dit de son côté ne pas en être convaincu. En tout cas, si la diaspora va jusqu’au bout, c’est l’économie nationale qui vacillera en premier lieu car sa contribution représente chaque année près de 25% du PIB national.
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