Africa-Press – Comores. C’est dans une atmosphère empreinte de ferveur religieuse, de tristesse et de recueillement que l’île d’Anjouan a rendu hommage au Cheikh Daoud Combo, guide spirituel de la confrérie soufie Chadhuliya. Décédé lundi dernier à l’âge de 61 ans, cet homme de foi a été inhumé hier à Mutsamudu, sa ville natale, où des milliers de fidèles se sont réunis pour lui adresser un dernier adieu. Une foule dense, composée de disciples venus des quatre coins de l’île, s’est rassemblée sur la place de l’Indépendance de Mzingajou, un lieu symbolique où les grandes figures spirituelles du soufisme comorien sont honorées depuis des décennies.
L’émotion était vive parmi les adeptes. Beaucoup n’ont pu retenir leurs larmes, tant la perte du Cheikh Daoud Combo est ressentie comme un choc. « Il était parmi nous lundi, en bonne santé. Il a même donné la dernière dar (enseignement religieux), puis Allah l’a rappelé subitement », confie Mohamed Assane, un de ses proches. Le départ sans adieux d’un guide si estimé bouleverse autant qu’il pousse à la méditation spirituelle. Il était plus qu’un simple chef religieux. Il incarnait une véritable école de vie basée sur l’humilité, la prière et la bonté envers autrui, des valeurs cardinales de la confrérie Chadhuliya. Les prêches entendus lors des funérailles ont souligné à maintes reprises la nécessité, pour chaque croyant, de devenir un « esclave d’Allah bourré d’humidité et de bonté envers les êtres humains ». Cette expression, profondément ancrée dans la sagesse soufie, résume l’idéal d’un cœur tendre, constamment tourné vers Dieu, mais aussi résolument attentif aux souffrances et aux besoins des autres.
Issu d’une famille noble de Mutsamudu, Cheick Daoud Combo fut l’élève du célèbre Cheick Ali Mohamed Combo, connu sous le nom de Cheick Tchepé. Il s’inscrit dans une lignée de sages et de mystiques qui ont marqué le soufisme aux Comores. Bien qu’il n’ait dirigé la confrérie que pendant moins d’un an, son court passage à la tête des Chadhuliya a suffi pour raviver l’essence même de leur tradition: le combat contre l’orgueil, l’amour du silence, le service désintéressé et la prière sincère.
L’un de ses enseignements phares, désormais transmis comme un testament spirituel, fut rappelé par son disciple M. Chamsidine: « Il faut mourir avec la prière et l’humilité en matin du cœur. » Une phrase simple, mais qui condense toute la spiritualité soufie: vivre chaque jour comme une offrande, se préparer à la mort non dans la peur, mais dans la conscience apaisée que seul.
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