Recherche Française Contre les Polluants Éternels PFAS

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Recherche Française Contre les Polluants Éternels PFAS
Recherche Française Contre les Polluants Éternels PFAS

Africa-Press – Comores. Le problème posé par la présence envahissante des PFAS dans notre environnement et nos organismes est tentaculaire… De nombreux laboratoires en France étudient ces substances synthétiques tellement persistantes dans l’environnement et les organismes qu’on les surnomme « polluants éternels ». Ces lieux de recherche sont éparpillés pour le moment, et sous la houlette de pas moins de six instituts de recherche du CNRS différents.

Pour fédérer ces chercheurs venus d’horizons divers, Marie-Pierre Kraff, physico-chimiste à l’Institut Charles Sadron du CNRS et à l’Université de Strasbourg, et Guy Royal, professeur de chimie à l’Université Grenoble Alpes, ont annoncé la création d’un groupement de recherche (GDR) lors d’une journée d’études organisée par la Mission pour les Initiatives Transverses et Interdisciplinaires du CNRS le 6 octobre 2025, journée à laquelle Sciences et Avenir a assisté.

Recherche sur les PFAS: « Tous les acteurs sont les bienvenus »

En Europe, la Belgique, le Portugal, par exemple, ont déjà des réseaux bien structurés. Pour s’arrimer à une recherche internationale en plein essor, il fallait donc une structure un peu particulière, un groupement de recherche, permettant le décloisonnement, le travail interdisciplinaire et transdisciplinaire, qui réunissent au-delà du monde des organismes de recherche.

« C’est très important pour nous, il s’agit de renforcer la coopération entre les acteurs socio-économiques, donc tout le monde doit travailler ensemble, pas uniquement les laboratoires académiques. Il faut associer les industriels, les agences (sanitaires et environnementales, ndlr), les ONG, les associations citoyennes, bref, tous les acteurs impliqués, d’une façon ou d’un autre, sur la problématique des PFAS, explique Guy Royal. Tous les acteurs sont les bienvenus ». Ce GDR renforce une certaine légitimité de la recherche à aider les politiques scientifiques, à la rédaction de nouveaux textes de loi.

Qu’est-ce qu’un groupement de recherche (GDR)?

Les GDR se constituent autour d’une thématique émergente ou structurante. Ils sont un peu moins de 200 actuellement en France et concernent des sujets aussi variés que les sciences du bois ou la santé et le sport. Il s’agit de fédérer une communauté scientifique autour de ce thème et de favoriser les échanges entre des partenaires venant du public et du privé. Il existe par exemple un GDR sur la physique ultra-rapide, le GDR Ultrafast Phenomena, qui s’intéresse aux phénomènes aux échelles de temps attoseconde, femtoseconde et picoseconde, et ce pour tous les états de la matière, un autre sur l’intelligence artificielle appliquée aux sciences des matériaux, ou un autre sur le thème des polymères et des océans, Or-Nano. Le directeur du GDR « Polymères et Océans » listait les avantages de ce dispositif interdisciplinaire pour le site d’actualités du CNRS en 2024: « C’est un système de collaboration très flexible. Le dossier est facile à monter et la charge administrative est faible, ce qui nous permet de nous concentrer sur l’animation de la recherche. Il facilite également le montage de projets interdisciplinaires ».

Agréger, décloisonner…

Les sigles et logos d’universités et d’unités de recherche parsèment déjà copieusement la carte française présentée à l’auditoire par M-P. Krafft et G. Royal. L’ambition du GDR est d’adjoindre d’autres lieux de recherche à la constellation de laboratoires déjà identifiés. Marie-Pierre Krafft fait remarquer que certains lieux de recherche déjà investis dans les PFAS se trouvent au plus près de leur terrain d’étude, dans des régions considérées comme des « hotspots » de pollution aux PFAS déclarée. C’est le cas de la région lyonnaise et du Grand Est où s’opère déjà « un rapprochement entre le terrain et la recherche ».

Le GDR sera le cadre de rencontres: des journées scientifiques, des ateliers pour former de jeunes chercheurs, des réseaux collaboratifs pour répondre à des appels d’offres. Les deux chercheurs insistent sur la médiation scientifique, la diffusion des connaissances produites au-delà du cercle scientifique: « il s’agit de communiquer sur les connaissances au-delà du cercle scientifique, auprès de tous, du public, chose que les scientifiques ne savent pas toujours faire ».

Quels domaines de recherche concernés par les PFAS?

L’Institut de Chimie, cela tombe sous le sens, est concerné au premier chef quand il s’agit de détecter, analyser, étudier les associations supramoléculaires dans l’environnement, les procédés de remédiation (techniques de dépollution) des sites et les substitutions par d’autres molécules. Des substitutions qu’attendent industriels et utilisateurs finaux.

Les Instituts d’Écologie et Environnement, et de Biologie, Ingénierie et Terre & Univers se concentrent déjà sur:

les phénomènes de bioaccumulation

de remobilisation des PFAS qui lors de leur destruction peuvent passer à l’état gazeux ou aqueux,

leurs impacts sur les écosystèmes,

leur toxicité chez les humains.

l’étude des voies de contamination

les procédés de traitement des eaux et des effluents pollués

la conception de dispositifs de détection et de surveillance

L’Institut Terre & Univers se penche sur le transport de ces molécules par l’atmosphère, l’océan et les systèmes hydrogéologiques. La dispersion à l’échelle de la planète est prouvée par des carottages de glace pratiqués en Antarctique qui ont révélé la présence de PFAS aux pôles dès les années 1950 !

Pourquoi des sciences sociales pour appréhender les pollutions aux PFAS?

L’institut Sciences Humaines et Sociales est également mobilisé. Pourquoi des sociologues aux côtés de chercheurs qui eux s’attaquent à la nature matérielle de ces molécules polluantes? Les sciences sociales sont « centrales quand elles analysent les mobilisations citoyennes, les questions de justice environnementale, les processus de gouvernance », explique Marie-Pierre Krafft. Ces sociologues ont plusieurs rôles dans l’appréhension des pollutions industrielles comme celle des PFAS: construire une histoire des connaissances et de l’ignorance autour de ces pollutions, recueillir la parole des populations exposées aux pollutions, co-construire avec les épidémiologistes des protocoles scientifiques robustes qui incluent toutes les catégories de populations, et aussi rétablir la confiance de ces habitants et travailleurs dans l’expertise scientifique.

Des initiatives comme l’Institut écocitoyen du territoire lyonnais créé le 16 octobre 2025 ou encore l’étude de biosurveillance sur l’imprégnation aux PFAS de la population du Grand Lyon sont le fruit du travail conjoint entre des sociologues, des scientifiques experts en pollution et des riverains du Grand Lyon, soit plusieurs acteurs travaillant côte-à-côte. Ce décloisonnement est justement la philosophie même du groupement de recherche PFAS en pleine éclosion.

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