Une rarissime « bouteille de sorcière » découverte en Belgique

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Une rarissime « bouteille de sorcière » découverte en Belgique
Une rarissime « bouteille de sorcière » découverte en Belgique

Africa-Press – Comores. Les « bouteilles de sorcière » sont des artefacts rituels en principe étroitement liés à la tradition anglo-saxonne. Emplies d’une sombre mixture et d’un attirail piégeux, ces cruches destinées à éloigner les sorcières ont été majoritairement retrouvées dans l’est et le sud de l’Angleterre. La première bouteille retrouvée en Flandre (Belgique) constitue donc une rareté, qui montre que le rituel magique a sans doute également été pratiqué sur le continent européen. C’est en tout cas ce que pense Dominick Van den Notelaer, archéologue au Centre patrimonial flamand, qui est à l’origine de cette découverte.

Découverte en Belgique d’une rarissime « bouteille de sorcière »

En 2020, au cours d’une fouille menée sur le terrain du café « Le chevalier Noir » à Turnhout, les archéologues du Centre du patrimoine flamand mettent au jour une cruche en grès décorée. À l’origine, le récipient était intact, mais une fissure créée par inadvertance durant l’excavation a laissé entrevoir qu’il contenait une substance sombre et gluante. En la recueillant, le directeur des fouilles, Dominick Van den Notelaer, s’aperçoit que la cruche contient également des clous et des crochets en cuivre. Ce dépôt lui fait tout de suite penser aux « bouteilles de sorcière » que l’on connaît dans des contextes anglais, confie-t-il à Sciences et Avenir, même si « cette théorie semblait peu probable à l’époque en l’absence de parallèles sur le continent européen ». La cruche a donc immédiatement été soumise à examen et il est apparu qu’elle a été fabriquée à la fin du 16e siècle.

La cruche a été transformée en « bouteille de sorcière » une fois son couvercle cassé

La ville de Turnhout, en Belgique, se trouve tout près de Liège, jouxtant la frontière avec les Pays-Bas.

Les « bouteilles de sorcière » sont des artefacts rituels en principe étroitement liés à la tradition anglo-saxonne. Emplies d’une sombre mixture et d’un attirail piégeux, ces cruches destinées à éloigner les sorcières ont été majoritairement retrouvées dans l’est et le sud de l’Angleterre. La première bouteille retrouvée en Flandre (Belgique) constitue donc une rareté, qui montre que le rituel magique a sans doute également été pratiqué sur le continent européen. C’est en tout cas ce que pense Dominick Van den Notelaer, archéologue au Centre patrimonial flamand, qui est à l’origine de cette découverte.

Découverte en Belgique d’une rarissime « bouteille de sorcière »

En 2020, au cours d’une fouille menée sur le terrain du café « Le chevalier Noir » à Turnhout, les archéologues du Centre patrimonial flamand mettent au jour une cruche en grès décorée. À l’origine, le récipient était intact, mais une fissure créée par inadvertance durant l’excavation a laissé entrevoir qu’il contenait une substance sombre et gluante. En la recueillant, le directeur des fouilles, Dominick Van den Notelaer, s’aperçoit que la cruche contient également des clous et des crochets en cuivre. Ce dépôt lui fait tout de suite penser aux « bouteilles de sorcière » que l’on connaît dans des contextes anglais, confie-t-il à Sciences et Avenir, même si « cette théorie semblait peu probable à l’époque en l’absence de parallèles sur le continent européen ». La cruche a donc immédiatement été soumise à examen et il est apparu qu’elle a été fabriquée à la fin du 16e siècle.

La cruche a été transformée en « bouteille de sorcière » une fois son couvercle cassé

La ville de Turnhout, en Belgique, se trouve tout près de Liège, jouxtant la frontière avec les Pays-Bas. Au 16e siècle, cette région de la Flandre a été ardemment disputée en raison de sa position entre les Provinces-Unies des Pays-Bas, au nord, et les Pays-Bas méridionaux, sous domination espagnole. Au terme de la guerre de Quatre-vingts ans (1566-1648), Turnhout fait partie de la République néerlandaise, nous explique Dominick Van den Notelaer. « Nous savons que les troubles religieux de ce conflit ont provoqué une augmentation des accusations de sorcellerie, mais il n’est pas totalement certain que la cruche que nous avons trouvée date de cette période. Nous avons des indications selon lesquelles elle a été utilisée pendant un certain laps de temps avant d’être transformée en bouteille de sorcière, lorsque le couvercle s’est cassé. Mais nous ne savons malheureusement pas combien de temps s’est écoulé entre ces deux moments ».

Les « bouteilles de sorcière » étaient des outils rituels

Le principe de la « bouteille de sorcière » était utilisé pour protéger un lieu, le plus souvent sa propre maison, de la sorcellerie. Le dispositif consistait en une cruche de terre cuite, ou plus rarement une bouteille de verre, que l’on remplissait d’un mélange d’urine, de cheveux, de rognures d’ongles ou de poussière, agrémenté de clous et de crochets en métal. On enterrait ensuite le récipient scellé dans un endroit stratégique du lieu à protéger – le plus souvent un point d’entrée : fenêtre, porte, cheminée –, ou, en cas de grande urgence, on le chauffait dans la cheminée pour lever aussitôt la malédiction. Ce principe reposait sur la croyance selon laquelle les sorcières seraient attirées jusque dans la bouteille par l’urine, où elles se retrouveraient prisonnières après s’être empalées sur les pointes métalliques. Cette pratique a connu son apogée pendant la période dite de la « chasse aux sorcières » aux 16e et 17e siècles.

Les archéologues anglais connaissent bien ce type d’artefacts, puisqu’ils en ont retrouvé plus d’une centaine. Un premier indice pour les identifier consiste en la nature même du contenant, et celle de Turnhout correspond en tous points au modèle le plus courant : une cruche bien ronde en grès brun, richement décorée de personnages barbus. Ce type de poterie, dit Bartmann, qui était fabriquée dans la région de Cologne, en Rhénanie, constituait le type le plus commercialisé et donc le plus courant en Europe au 16e siècle.

Des traces de calcul urinaire et de protéines

Si le contenant est un premier indice, qu’en est-il du contenu ? Pour le déterminer avec certitude, les archéologues flamands ont commandité des analyses chimiques par spectroscopie infrarouge et spectrométrie de masse pour étudier la présence de composés organiques dans le résidu. Il en ressort qu’il y avait bien de l’urine dans la cruche, car le principal composant était… un calcul urinaire ! La substance gluante contenait également des protéines animales ou humaines, mais en l’absence de graisse – ce qui élimine la viande, le lait ou autres aliments –, on peut présumer que ces protéines aient été issues de cheveux, d’ongles, de cornes ou de coquilles. En outre, elles étaient très bien conservées, précise Dominick Van den Notelaer, ce qui suggère que le récipient a été fermé hermétiquement peu après avoir été rempli. Les archéologues ont attendu ces résultats pendant deux ans avant de pouvoir confirmer la découverte de la première « bouteille de sorcière » de Flandre.

La première « bouteille de sorcière » retrouvée en Flandre

On pensait jusqu’à présent que les « bouteilles de sorcière » relevaient uniquement de la tradition anglo-saxonne, puisqu’elles ont été découvertes pour leur quasi-totalité dans le sud et l’est de l’Angleterre. Une vingtaine de spécimens ont également été retrouvés sur le continent américain. Mais leurs traces sur le continent européen sont pour l’instant extrêmement rares. Les archéologues de la ville de Seclin (Nord-Pas-de-Calais) pensent avoir identifié en 2017 les restes d’une bouteille en verre soufflé, brisée, lors de la fouille d’un ancien cabaret de cette ville du nord de la France. Mais en Belgique, c’est une première, nous indique Dominick Van den Notelaer. L’archéologue pense que d’autres spécimens ont sans doute été déterrés auparavant, mais sans être identifiés comme telles. Tous les archéologues ne connaissent pas l’existence de ce type d’objet, nous confie-t-il, c’est pourquoi la découverte de Turnhout doit également servir à le faire plus largement connaître. Une cruche n’est pas forcément « une cruche parmi tant d’autres », il faut envisager qu’elle ait pu servir à plusieurs fins. En effet, la « chasse aux sorcières » n’a pas uniquement sévi sur les terres anglo-saxonnes !

Des pratiques de contre-sorcellerie plus courantes qu’on ne le pense

Les archéologues du Centre patrimonial flamand ont également recherché des sources écrites pour confirmer la pratique rituelle dans la région. « Nous avons trouvé de nombreuses mentions historiques et ethno-historiques d’une pratique où des récipients ou des cruches étaient remplis d’urine comme mesure de contre-sorcellerie. Les exemples que nous avons rencontrés datent tous du 19e siècle, mais des exemples plus anciens doivent également exister. Il est certain que ces sources montrent que cette pratique, qui n’a jamais été étudiée pour notre région, était plus répandue qu’on ne le pensait. »

L’exemple du flacon retrouvé à Seclin en est également un bon indicateur, même s’il est possible qu’il y ait eu des variantes selon les régions ou des évolutions selon les périodes. « Il y a donc encore beaucoup à apprendre sur le sujet », conclut Dominick Van den Notelaer. Les procès pour sorcellerie et autres « récits de témoins oculaires » étant légion pour la ville de Turnhout et d’autres lieux en Belgique, il semble en effet probable que ce rituel magique censé éloigner les esprits ou les personnes maléfiques ait été pratiqué par une grande partie de la population.

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