Livre : “L’université de la forêt” bientôt chez les libraires

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Livre : "L’université de la forêt" bientôt chez les libraires

Africa-Press – Congo Brazzaville. Préfacé par le Pr Dominique Bourg, grand écologiste franco-suisse connu au niveau de l’Europe, “L’université de la forêt” est un chef-d’œuvre de l’ethnologue congolais Sorel Eta, dans lequel il développe des thèmes permettant de comprendre la vie des Aka tant sur le plan visible que mystique.

Publié par collection “Nouvelles Terres” aux éditions Presses universitaires de France, le livre ” L’ université de la forêt” de Sorel Eta, riche de 182 pages, fait comprendre au commun des mortels que la forêt est une grande école qu’il faut préserver et non détruire. Pour lui, en regardant la situation actuelle de la population autochtone du Congo, le constat est que le gouvernement et ses partenaires sont en train de scolariser en masse des enfants autochtones, ce qui l’inquiète en tant qu’ethnologue. « Cela fait aujourd’hui vingt-six ans que je parcours la forêt avec les Aka et j’ai découvert beaucoup de choses. L’ouvrage “Université de la forêt”, est une façon pour moi de dire que la forêt est une université, donc une école. Une “École de la forêt” que je définis comme étant une pédagogie mise en place par les peuples autochtones pour transmettre des connaissances et le savoir-faire à leurs descendants. J’ai donc voulu, à travers ce livre, partager mon expérience, parce que quand on est chercheur, la finalité c’est de publier, de léguer quelque chose à l’humanité », explique-t-il.

En effet, lorsqu’il s’est retrouvé chez les Aka en 1996, Sorel Eta a découvert que la forêt est une grande école, qui se différencie de l’école conventionnelle par des méthodes d’apprentissage : il y a l’observation, l’écoute et l’imitation pour l’université de la forêt, et l’écriture et la lecture pour l’école conventionnelle. « J’ai appris beaucoup de choses qui ont fait que je devienne ethnologue. Je ne suis pas diplômé d’université mais autodidacte, j’ai commencé à apprendre cela juste après mon baccalauréat. C’est une expérience que beaucoup de gens peuvent vivre. A l’université de la forêt, il y a des choses que nous pouvons apprendre et non à l’université conventionnelle. Donc, c’est pour moi une façon de sauvegarder cette école qui fait partie des richesses de l’humanité, parce que si d’un côté on a l’université conventionnelle et de l’autre l’université de la forêt, cela fait partie de la diversité, et nous savons tous que la diversité est une richesse », signifie Sorel Eta.

Sorel Eta, Aka par ricochet
« J’ai été adopté par les Aka. Ils m’ont accepté dans leur milieu, m’ont appris beaucoup de choses tant sur le plan visible qu’invisible, et c’est cela qui m’a permis d’écrire avec aisance ce livre que j’intitule ” L’université de la forêt”, parce que pour arriver à écrire un tel livre, il faut être du milieu. Je dis toujours qu’avant d’entreprendre n’importe quelle activité avec les Aka ou de défendre leur cause, il faut au préalable prendre le temps de les connaître. Lorsque je parle de la connaissance, je fais allusion à l’aspect visible et invisible »

, souligne l’auteur.

“L’université de la forêt”, c’est aussi un livre où l’auteur développe des thèmes qui permettent de comprendre la vie des Aka tant sur le plan visible que sur le plan mystique. Il aborde des thèmes sur ce qu’a vécu l’auteur pendant vingt-six ans auprès des Aka; des thèmes liés aux envoutements sexuels chez les Aka, qu’ils appellent par “Djambola”; aux fusils nocturnes appelés “Mobandzi”; aux rapports difficiles entre les autochtones et les bantous. Le fait qu’il n’y a pas d’harmonie entre ces deux peuples voisines, les autochtones s’abstiennent avec leurs connaissances au détriment du Congo et de l’humanité. « J’explique tout cela à travers ce livre, pour permettre à tous ceux qui vont le lire de comprendre que nous avons tout intérêt à vivre en harmonie avec ces autochtones, parce que ces hommes et femmes sont dépositaires du savoir ancestral, susceptible d’apporter un plus au Congo et à l’humanité avec leurs connaissances du secret de la forêt », précise Sorel Eta.

Dans cet ouvrage, il apporte aussi quelque chose de nouveau, la “navigation forestière”. En effet, si dans ce domaine toutes les navigations sont codifiées, du côté de la forêt, elle ne le sont pas. Cette navigation forestière, Sorel Eta la définit comme étant l’ensemble des méthodes qui permettent de s’orienter dans la forêt. Cette méthode, pense-t-il, peut-être développée pour en faire une science

L’auteur de “L’université de la forêt” a développé aussi un thème sur la musique. A propos, il explique que les Aka pratiquent ce que l’on appelle en musicologie “la polyphonie contrapontique”, qui est un procédé de composition. « Dans les pays européens, il y a des écoles de musique que nous appelons des conservatoires. Ce que les Aka ont comme musique peut aussi être enseigné dans les conservatoires. Le problème chez nous est que nous n’apprenons pas le langage musical, nous évoluons dans l’analphabétisme en pratiquant la musique sans être en mesure d’expliquer ce qu’on est en train de faire. Or, si on pouvait développer cela de manière universelle, nous pourrions aussi créer des conservatoires de musique, notamment de musique polyphonique Aka. Ce qui permettrait à d’autres musiciens du monde de venir s’instruire dans nos écoles. J’amène donc des gens à valoriser cet environnement, à ne pas le détruire, parce qu’à l’heure où nous parlons, la forêt ne cesse de reculer, on ne fait que la détruire, détruire la culture Aka qui est aujourd’hui en voie de disparition », regrette-t-il.

Notons que la présentation officielle de cet ouvrage aura lieu le 1er octobre prochain, en France. Un spectacle des musiciens Aka du groupe Ndima est prévu à cette occasion.

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