Mort de l’écrivaine-éditrice Alpha Mobe : le bassin du Congo perd sa promotrice des langues maternelles

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Mort de l’écrivaine-éditrice Alpha Mobe : le bassin du Congo perd sa promotrice des langues maternelles
Mort de l’écrivaine-éditrice Alpha Mobe : le bassin du Congo perd sa promotrice des langues maternelles

Africa-Press – Congo Brazzaville. Alpha Mobe écrivait et créait des applications pour faciliter le maniement des langues maternelles du bassin du Congo. Elle est décédée le 3 avril dernier à Paris treizième, des suites d’une longue maladie.

La disparue est née en 1965 à Kinshasa, en République démocratique du Congo, et résidait en France depuis près de 40 ans où elle est décédée à Paris entourée de sa famille. Réduire Alpha Mobe à son aspect jovial au sourire désarmant était mal la connaître. C’était la passionnée et la promotrice des langues maternelles du bassin du Congo, des langues longtemps considérées comme des patois, des dialectes. Elle a su les associer à d’autres langues afin de faciliter l’intercompréhension entre sociétés voisines à culture homogène, « un moyen d’éducation, de communication efficace et surtout de lutte face au morcellement tribal hérité du colonialisme », aimait-elle confier.

Elle arpentait les salons littéraires de France et de Navarre. De temps en temps, suivant les moyens, elle prenait un stand pour présenter son support d’apprentissage de langues maternelles du bassin du Congo pour permettre à la population l’accès à l’éducation de base. Car, bien avant l’instauration de la « Journée internationale de la langue maternelle », célébrée chaque année depuis le 21 février 2000, afin de promouvoir la diversité linguistique et culturelle ainsi que le multilinguisme, elle estimait que ces langues, face à l’assujettissement à la langue française et à l’anglais, devaient résister et survivre.

Alpha Mobe avait dû songer à la tranche de la population représentant pas moins de 40 % des habitants du monde qui n’ont pas accès à l’instruction dans une langue qu’ils parlent et, parfois-même, ne comprennent pas. Face aux problèmes d’éducation, d’expression et de communication des deux Congo, elle avait écrit et traduit du français ou de l’anglais en quatre langues nationales parlées dans les deux Congo: lingala, kikongo, tshiluba, swahili et aussi en lari, langue parlée au Congo-Brazzaville.

Elle avait également écrit des ouvrages sur les « Ateliers pour enfants », « Décoration de table de mariage » et des accessoires de mode à partir des tissus wax en rappel des us et coutumes de la sous-région.

Pour cet espace de diversité linguistique, Alpha Mobe avait créé une application qui s’appelle « Mukazali » pour les Smartphones et les tablettes. Il s’agit, par rapport à ses explications, « d’un dictionnaire de promotion linguistique français-lingala et lingala-français, avec 2600 mots en français et 2000 en lingala ». Il existe aussi la traduction avec les synonymes et des applications en version lingala pour la conjugaison, la grammaire, les nombres, l’argot et les proverbes. Elles sont en téléchargement sur GooglePlay depuis mars 2014.

Et, face à l’émigration massive des ressortissants des deux Congo dans le monde, l’écrivaine-créatrice se disait heureuse de promouvoir la diffusion des langues maternelles de l’Afrique centrale. Elle encourageait la diversité linguistique intégrée dans les textes multilingues des écrivains et artistes.

Alpha Mobe laisse plusieurs œuvres en faveur de la survie des langues maternelles du bassin du Congo.

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