9ème congrès panafricain de Lomé : Une rencontre à ne pas manquer

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9ème congrès panafricain de Lomé : Une rencontre à ne pas manquer
9ème congrès panafricain de Lomé : Une rencontre à ne pas manquer

Africa-Press – Congo Brazzaville. Le Togo invite en 2024, l’Afrique au 9ème Congrès panafricain de Lomé. L’annonce a été faite par le Ministre Robert Dussey en marge du Forum sur la reconduction des coûts de transferts de fonds de la diaspora, co-présidé par le Togo à Rabat le jeudi 12 janvier 2023.
Cet événement tombe à pic et tous les panafricains doivent y participer en masse ; En voici quelques raisons majeures.
LES GRANDS BOULEVERSEMENTS ET LEURS EFFETS SUR L’HUMANITÉ

Les grands bouleversements, qu’ils soient naturels ou anthropiques, conduisent à des adaptations de l’humanité.

Ce fut par exemple le cas de la grande glaciation dite « planète boule de neige .» Il y a 700 millions d’années en effet, où pour survivre, l’homme a été obligé d’immigrer vers les régions plus favorables, de découvrir le feu et de tisser des vêtements en fourrure.

Ce fut le cas de la Grande Dépression de 1930 où pour juguler la crise, le président Américain Roosevelt a lancé le « New Deal. »

Ce fut le cas de la Seconde Guerre Mondiale en 1939 où les Nations Unies sont nées, afin de prévenir et de régler les conflits internationaux.

Le Grand Confinement, le terrorisme et l’invasion de l’Ukraine sont de grands événements qui chamboulent aujourd’hui les sociétés ainsi que les relations qu’elles se tissent entre elles. Cette situation n’épargne guère l’Afrique.

Confinée depuis les razzias négrières dans un rôle de pourvoyeurs de ressources naturelles, humaines, économiques et culturelles, dominée de toutes parts, patternisé par un système néocolonial, l’Afrique veut passer le trou d’aiguille de la crise internationale actuelle pour redéfinir les contrats avec « ses partenaires. »

C’est dans cette logique que l’on observe la résurgence du panafricanisme au sein d’activistes, de leaders d’opinion, de la masse populaire et des pouvoirs publics.

Concernant les pouvoirs publics et politiques, deux tendances panafricaines se dégagent:

La première est un panafricanisme populiste. Elle est incarnée par des putschistes au Mali, en Guinée et au Burkina Faso qui, pour couvrir un crime constitutionnel et légitimer leur position, se servent de slogans anti-impérialistes et l’appel au soutien de la Russie pour manipuler une partie de la masse populaire.

Pour ce genre de panafricanisme, le projet panafricain et la souveraineté résident dans le simple fait de chasser les militaires Français.

La seconde est plus soft et non moins manipulatrice. Elle est conduite aux pédales et au guidon par des régimes autocratiques qui, complètement décrédibilisés de l’intérieur, tiennent un véritable discours panafricaniste dans les agoras internationaux.

L’illustration parfaite du panafricanisme soft est la déclaration du Ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration régionale et des Togolais de l’extérieur à la tribune de la 77ème Session de l’AG de l’ONU.

Cette intervention est qualifiée d’ « excellente[1] » et des voix se sont levées afin qu’elles se concrétisent.

L’appel semble être entendu et l’on n’en veut pour preuve, l’organisation du 9ème Congrès panafricain.

Au-delà de cette oreille attentive, une question centrale se pose : un Congrès panafricain sous l’initiative d’un régime équivoque est-il positif pour le continent ?

LA CRITIQUE DU 9ème CONGRÈS

Les voix se lèvent au sein d’une partie de l’opinion africaine pour s’amuser de la tenue du Congrès panafricain à Lomé.

Les raisons évoquées par les uns et les autres sont notamment la nature du régime togolais (qui est qualifié de relais de la Françafrique), non-démocratique, violeuse des droits de l’homme, kidnappeuse de leaders politiques et d’opinion, silencieuse devant l’assassinat de hauts gradés de l’armée.

En somme, le pouvoir de Lomé par ses attributs, n’a rien de panafricain et n’est donc pas qualifié pour abriter une rencontre aussi capitale.

Si ces critiques sont fondées, elles ne seront néanmoins pas déterminantes pour enlever le droit au Togo d’initier, voire d’organiser une conférence de cette grandeur.

En voici quelques fondements :

Premièrement, le panafricanisme est de plus en plus identifié comme l’autoroute devant conduire l’Afrique à sa refondation. En même temps, le mouvement est dans l’impasse et un fourre-tout. Il urge donc d’instituer un cadre multi-acteurs, afin de dégager un consensus sur sa conceptualisation et son application.

Les mouvements citoyens panafricains sont incapables de faire un tel travail à cause des divisions et des confrontations qui les gangrènent.

Ainsi, revient-il aux États voire aux institutions panafricaines de jouer un rôle d’organisateur.

Deuxièmement, aucun territoire d’Afrique ne peut prétendre remplir actuellement les conditions d’un État démocratique, de respect des droits de l’homme et de soustraction à la domination néocoloniale.

Troisièmement, la CEDEAO fut l’œuvre d’un togolais africain autocrate. Les insuffisances actuelles de la Communauté ne doivent pas éclipser le bien-fondé de sa création.

Quatrièmement, la COP 28 sera présidée par un PDG de la Compagnie nationale émiratie et tenu dans un pays dont le respect des accords sur le climat est profondément discutable. Ce choix ne conduit pas au boycott des autres pays de la planète.

Cinquièmement et finalement, le Congrès de Lomé doit être justement l’occasion de discuter, de décider, de mettre en œuvre et d’évaluer un système de gouvernance fondamentalement africain qui fait vivre ensemble et respecte les droits fondamentaux de chaque citoyen panafricain.

COMMENT RÉUSSIR LE 9ÈME CONGRÈS PANAFRICAIN?

Le régime de Lomé doit s’engager pour une rencontre réussie et faire oublier le temps de sa tenue, ses insuffisances criardes.

Ces garanties tiennent compte de divers éléments concrets dont :

La participation doit être ouverte à tous. Les mouvements citoyens panafricains s’organisent de façon autonome et contribuent aux discussions, à l’adoption des décisions, la mise en œuvre, l’évaluation et le suivi.

Les sessions parallèles des différentes parties prenantes sont à faciliter.

Le Congrès devra se composer d’un dialogue politique, des tables rondes interactives multipartites et des séances plénières.

Les prises de position sont à rendre publiques sur la plateforme du Congrès.

L’apport des parties prenantes doit être continu c’est-à-dire, avant et après le Forum.

Un format en visioconférence et en présentiel permet à tous les inscrits d’y prendre réellement part.

Ainsi, les thèmes de 2024 s’articulent autour de la constitution de l’État Fédéral Africain, le système de gouvernance politique adaptée à l’Afrique, la négociation des accords entre l’Afrique et le reste du monde, le Retour de la Diaspora africaine.

L’Afrique a raté les grands tournants mondiaux et se retrouve à la queue du wagon des rapports internationaux.

Le 21ème siècle sonne à elle comme la cloche du rattrapage pour la définition et l’exécution d’un projet panafricain qui la refonde et la lance sur la voix de la liberté ; elle pourra enfin prouver au reste du monde, de quoi elle est capable de faire.

Le 9ème Congrès panafricain se positionne au starting-block de cette refondation.

Va-t-elle prendre part à cette course capitale et sortir enfin de la sous-domination?

Se Osagyefo Togoata ASAFO

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