BGFI et Ecobank en soutien de la dette domestique du Congo

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BGFI et Ecobank en soutien de la dette domestique du Congo
BGFI et Ecobank en soutien de la dette domestique du Congo

Africa-PressCongo Brazzaville. Mené par le patron de BGFI, Henri-Claude Oyima, un groupe d’institutions financières mobilise près de 500 millions d’euros pour régler une partie des arriérés de l’État congolais.

Après le Club de Libreville en 2018 pour alléger la dette intérieure gabonaise, place au Club de Brazzaville pour traiter de celle du Congo. Le PDG gabonais du groupe BGFI, Henri-Claude Oyima, a annoncé le 19 septembre qu’un groupement d’intérêt économique (GIE) réunissant cinq institutions financières – BGFI, UBA, La Congolaise de Banque, Sino-Congolaise de Banque et Ecobank – avait mobilisé 300 milliards de F CFA (460 millions d’euros) pour «permettre de régler une partie de la dette intérieure du Congo». Le patron de BGFI, qui conduit ce GIE dénommé Club de Brazzaville, a précisé qu’il «ne s’agit pas des financements qu’on accorde directement à l’État mais de financements pour accompagner les entreprises et permettre la relance de l’économie du pays».

La dette domestique de l’État congolais n’atteint pas les 10 milliards de dollars de sa dette extérieure mais elle a crû considérablement depuis 2014 en raison de la chute des prix du pétrole, qui a privé le budget national de recettes essentielles. Résultat, pensions de retraites, bourses étudiantes et règlement des fournitures et travaux réalisés par les entreprises privées sont en souffrance. En 2019, certaines estimations avançaient le chiffre d’une dette domestique de 1719 milliards de FCFA (2,6 milliards d’euros).

En juillet 2019, le Fonds monétaire international (FMI) avait accepté d’accorder au Congo, en grande difficulté, un quatrième plan de sauvetage sur trois ans de 448 millions de dollars. Il avait conditionné les déboursements des tranches de ce plan à la mise en œuvre par le gouvernement de 48 mesures d’assainissement. La 31e mesure impliquait « l’approbation par le gouvernement d’une stratégie de la dette domestique ainsi qu’un échéancier de paiement des arriérés compatibles avec les assurances des finances du programme » signé avec le Fonds.

En effet, celui-ci estimait que ces énormes arriérés étouffaient la consommation, l’investissement et l’emploi, empêchant autant la croissance que la diversification économique et la lutte contre la pauvreté. Le report des déboursements de l’aide, qui étaient prévus en décembre 2019 et en juillet 2020, semble s’expliquer en partie par son mécontentement devant l’absence de résultats concrets en matière d’apurements de ces arriérés, apurements devenus encore plus urgents après la paralysie économique due à la pandémie de Covid-19.

Chargé en mars 2020 d’élaborer une stratégie en la matière, Henri-Claude Oyima l’a présentée au président Denis Sassou Nguesso le 19 septembre. Le plan du Club de Brazzaville n’est pas détaillé pour l’instant. Dans un premier temps, les fonds débloqués seront affectés à la dette commerciale et versés aux entreprises créancières de l’État, qui s’engageront à les « réinjecter dans l’économie». Dans un deuxième temps, mais dans une proportion inconnue, ils seront consacrés à la dette sociale à l’égard des particuliers. Les sommes versées ne transiteront pas par le budget de l’État et ne couvriront pas la totalité des créances, qui subiront une décote.

Sur le papier, l’annonce de cette initiative bancaire est une bonne nouvelle car cette injection d’argent peut aider le Congo à amortir le choc économique et social provoqué par la récession la plus sévère subie par un pays membre de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), comprise entre -8,6 % selon le FMI et -10,5 % selon l’agence S&P, qui a dégradé la note de la dette congolaise le 4 septembre.

Pour être crédible, il faudra encore que le Club de Brazzaville précise quels seront les premiers créanciers servis, beaucoup d’entrepreneurs congolais redoutant que les sociétés chinoises soient privilégiées. Il devrait aussi rendre public et justifier le montant de la décote que les créanciers subiront. Par mesure de transparence, il serait également souhaitable qu’il explique comment son intervention sera rémunérée et certifie qu’il ne se comportera pas comme un des « fonds-vautours » qui ont saigné le Congo par le passé.

Enfin, on attend la réaction du FMI qui pourrait estimer qu’il s’agit d’un alourdissement d’une dette publique congolaise déjà unanimement considérée comme insoutenable.

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