Riz Indien Retourne en Force en Afrique de l’Ouest

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Riz Indien Retourne en Force en Afrique de l'Ouest
Riz Indien Retourne en Force en Afrique de l'Ouest

Africa-Press – Congo Brazzaville. Fournisseur de premier plan du continent, l’Inde vient de lever les dernières restrictions sur ses exportations de riz. De quoi relancer les ventes vers l’Afrique de l’Ouest, dans un contexte de baisse des prix de la céréale.

Le riz indien va-t-il de nouveau inonder les marchés africains ? Avec la levée de la dernière restriction de ses exportations, l’Inde, premier exportateur mondial de la céréale et fournisseur de premier plan du continent, entend reprendre sa place de numéro un en Afrique.

Ayant mis en oeuvre un embargo sur ses exportations depuis 2022 afin d’assurer sa sécurité alimentaire, New Delhi a sonné la fin, via une notification de sa direction générale du commerce extérieur (DGFT) publiée début mars, des dernières restrictions en cours. L’Inde avait commencé à assouplir les restrictions à partir de septembre 2024.

L’effet sur le continent, et en particulier en Afrique de l’Ouest, s’est aussitôt fait ressentir. « À la suite de la levée des restrictions, des volumes significatifs de riz ont été importés par le Bénin, le Togo, la Côte d’Ivoire et le Sénégal entre octobre et décembre 2024, souligne Nanditha Kinavoor Madathil, spécialiste en économie agricole chez S&P Global Commodity Insights. Et, beaucoup d’achats, à livrer en janvier, ont été effectués. Ce pic a entraîné une offre excédentaire sur le marché, les entrepôts étant par ailleurs à pleine capacité, ce qui explique la quasi absence d’activité constatée entre janvier et mars. »

Prix à la baisse

Selon les données de l’agence de transit indienne Lorvens Shipping Agencies, à la date du 25 mars, sur les sept bateaux transportant plus de 240 000 tonnes de riz en route dans le monde, quatre étaient destinés à l’Afrique de l’Ouest, avec comme pays d’arrivée la Côte d’Ivoire, le Liberia, la Guinée, le Sénégal et la Sierra Leone. Selon les données détaillées qu’a pu consulter Jeune Afrique, Monrovia recevra 40 000 tonnes, Dakar et Freetown se partageront 26 800 tonnes.

Ces achats sont facilités par un cours du riz à la baisse, le retour de la céréale indienne sur le marché ayant entraîne une chute des prix. « Le prix du riz étuvé avec 5 % de brisures est passé de 570 dollars la tonne en septembre 2024 à 455 dollars fin mars 2025, soit un repli de 20 % », pointe l’analyste de S&P Global Commodity Insights.

Une tendance qui devrait se confirmer dans les prochains mois: les bonnes moissons enregistrées dans l’ensemble des pays producteurs et les importants stocks en Inde devraient assurer la disponibilité du riz au niveau mondial, continuant à tirer à la baisse le niveau des prix. « Au vu des stocks actuels, l’Inde va devoir faire de la place et vider ses greniers. En ouvrant les vannes, elle va encore faire baisser les prix. Les traders ne sont donc pas pressés pour acheter », commente Mamadou Ciss, à la tête d’Alliance Commodities, une société spécialisée dans l’importation de riz.

Cette année, l’Inde devrait ainsi produire 145 millions de tonnes de riz sur un total mondial estimé, par le département américain de l’agriculture (USDA), à 522,31 millions de tonnes. La Chine, 1er producteur mondial avec 145,28 millions de tonnes, n’exporte qu’une quantité minime de sa production (2,6 millions de tonnes en 2023). C’est bien différent de New Delhi dont l’objectif est, selon l’Organisation mondiale du commerce (OMC), de revenir à des niveaux d’exportations d’avant l’interdiction, soit plus de 22 millions de tonnes par an. Avant l’embargo décrété, 47 des 49 pays d’Afrique subsaharienne se fournissaient auprès du géant asiatique, selon FranceAgriMer, lettre d’information du ministère français de l’Agriculture.

La Côte d’Ivoire, 3e importateur de riz indien

Le retour en force du riz indien intervient alors qu’il n’avait pas quitté le continent malgré l’embargo décrété, New Delhi ayant accordé pour raisons humanitaires des exemptions à certains pays africains. C’est ainsi que la Guinée a reçu au cours de la campagne 2022-2023 plus de 800 000 tonnes de riz et la Côte d’Ivoire plus de 649 000 tonnes en 2023, selon les chiffres selon le World integrated trade solution (WITS), une base de données commune de la Banque Mondiale et de l’OMC. De même, le Sénégal, le Mali et la Gambie se sont partagé en 2023, 289 000 tonnes de riz brisé indien quand le Cameroun a, lui, réceptionné une livraison de 266 537 tonnes.

Les données indiennes confirment que New Delhi a maintenu sa présence sur le marché ouest-africain. Avec 8,40 % du volume des exportations indiennes, la Côte d’Ivoire se classe dans le top 3 des importateurs de la céréale, derrière le Brésil (41,52 % des importations) mais devant les Philippines (8,16 %), selon le rapport 2023-2024 de la DGFT.

Pour autant, d’autres fournisseurs, le Vietnam, la Thaïlande et le Pakistan en particulier, ont profité du relatif recul de l’Inde pour renforcer leur présence africaine. La Côte d’Ivoire a, par exemple, importé plus de 145 000 tonnes de riz depuis le Vietnam en 2023, pour un montant estimé à environ 85 millions de dollars selon le WITS. Le Ghana a également importé depuis ce pays plus de 134 000 tonnes de brisure de riz la même année.

Le retour de New Delhi vient contrecarrer leur essor. Patricio Mendez de Villar, spécialiste du riz au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), estime ainsi que la Thaïlande et le Vietnam perdront cette année 25 % de part de marché au profit de New Delhi en Afrique. « Les consommateurs sont habitués au goût et à la qualité du riz indien et New Delhi le sait », conclut le négociant Mamadou Ciss.

Source: JeuneAfrique

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