Africa-Press – Congo Brazzaville. En dépit des contraintes économiques et politiques actuelles à l’échelle mondiale, la croissance économique de l’Afrique devrait atteindre 3,9% cette année avant de s’établir à 4% en 2026, selon le rapport annuel de la Banque africaine de développement (BAD) sur les performances et perspectives macroéconomiques du continent, présenté à Abidjan, en Côte d’Ivoire, en marge des Assemblées annuelles de cette institution.
Le rapport prévoit, pour l’Afrique du Nord, une croissance de 3,6% en 2025 et de 3,9% en 2026, soit une révision à la baisse de 0,2 point pour chacune des deux années, principalement en raison d’une baisse « potentielle » des recettes d’exportation. Malgré des incertitudes économiques mondiales, la Banque note que 21 pays africains devraient enregistrer une croissance supérieure à 5 % cette année. Parmi eux l’Ethiopie, le Niger, le Rwanda et le Sénégal qui pourraient franchir le seuil des 7 %.
La BAD souligne que les taux de croissance projetés pour l’Afrique en 2025 et 2026 devraient surpasser la moyenne mondiale ainsi que celle des autres régions, à l’exception de l’Asie émergente et en développement. « La résilience continue de l’Afrique repose sur des réformes nationales efficaces et une meilleure gestion macroéconomique », relève le document.
Toutefois, souligne la Banque, les perspectives de croissance varient considérablement selon les régions. L’Afrique de l’Est arrive en tête avec une croissance projetée de 5,9 % en 2025-2026, portée par la résilience de l’Éthiopie, du Rwanda et de la Tanzanie. L’Afrique de l’Ouest maintient une croissance solide de 4,3 %, tirée par la mise en production de nouveaux gisements de pétrole et de gaz au Sénégal et au Niger.
S’agissant de l’Afrique centrale, la croissance devrait ralentir à 3,2 % tandis que l’Afrique australe ne progressera que de 2,2 %, sa plus grande économie, l’Afrique du Sud, ne devant enregistrer qu’une croissance de 0,8 %.
D’après le rapport, d’importants défis persistent. Quinze pays connaissent une inflation à deux chiffres, tandis que les paiements d’intérêts absorbent désormais 27,5 % des recettes publiques en Afrique, contre 19 % en 2019.
« L’Afrique doit désormais relever le défi et se tourner vers elle-même pour mobiliser les ressources nécessaires au financement de son propre développement dans les années à venir », a déclaré Kevin Urama, économiste en chef et vice-président du Groupe de la BAD, lors de la présentation des conclusions du rapport.
Par ailleurs, la performance économique du continent s’est améliorée en 2024, avec un produit intérieur brut en hausse de 3,3 %, contre 3,0 % en 2023. Une progression qui s’explique, selon l’institution panafricaine, par la vigueur des dépenses publiques et de la consommation des ménages.
Pour 2025, la Banque estime que l’environnement macroéconomique reste toutefois marqué par de nouveaux chocs survenus depuis février, notamment l’imposition par les Etats-Unis de nouveaux droits de douane en avril, suivie de mesures de représailles de la part de leurs partenaires commerciaux. Bien que les Etats-Unis aient décrété une pause de 90 jours dans l’application de ces tarifs, la BAD pense que ces mesures ont contribué à la baisse des prix des matières premières et à celle de la valeur des actifs financiers.
Un énorme potentiel de ressources nationales inexploité
Les « Perspectives économiques en Afrique 2025» estiment qu’avec des politiques appropriées, le continent pourrait mobiliser 1 430 milliards de dollars supplémentaires de ressources nationales provenant de sources fiscales et non fiscales, uniquement grâce à des gains d’efficacité.
La rapport fait ressortir que des mesures urgentes sont nécessaires pour lutter contre les fuites de ressources, soulignant que les sorties massives de capitaux compromettent le développement du continent.
En comparaison avec les 190,7 milliards de dollars d’entrées financières enregistrées en 2022, l’Afrique a accusé environ 587 milliards de dollars de fuites financières. Sur ce total, environ 90 milliards de dollars ont été perdus à cause de flux financiers illicites, 275 milliards supplémentaires ont été détournés par les multinationales qui transfèrent leurs bénéfices, et 148 milliards de dollars ont été perdus à cause de la corruption.
« Lorsque l’Afrique allouera efficacement son propre capital (humain, naturel, fiscal, commercial et financier), les capitaux mondiaux suivront les capitaux africains pour accélérer les investissements dans les secteurs productifs du continent », précise Kevin Urama.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Congo Brazzaville, suivez Africa-Press