Coopération agricole : les accords Congo-Rwanda alimentent les conversations

2
Coopération agricole : les accords Congo-Rwanda alimentent les conversations
Coopération agricole : les accords Congo-Rwanda alimentent les conversations

Africa-Press – Congo Brazzaville. La République du Congo et le Rwanda ont conclu en avril 2022 à Oyo, dans le département de la Cuvette, une série d’accords dans divers domaines de l’économie. Aujourd’hui, deux ans après, ces accords alimentent des débats sur la toile. Interrogé par la presse le 12 avril lors d’une conférence de presse, le chef de file de l’opposition congolaise, Pascal Tsaty Mabiala, ne s’y oppose pas, tout comme le président de l’Assemblée nationale, Isidore Mvouba, qui parlait le 10 avril, lors de la clôture de la cinquième session ordinaire, de la promotion et de la protection des investissements entre les deux Etats.

Parmi les accords économiques liant les deux pays, on peut citer la concession des hectares de terres exploitables à une société rwandaise de droit congolais pour la mise en œuvre du projet de développement agropastoral de Yamba, dans le département de la Bouenza et la Convention de concession de la zone industrielle et commerciale de Maloukou entre la République du Congo et Crystal Ventures Ltd.

Le secrétaire général de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (Upads) qui avait interpellé le Premier ministre, Anatole Collinet Makosso, le 10 novembre 2023 au cours de la séance de questions orales avec débat au gouvernement à l’Assemblée nationale, attend toujours des réponses avant d’engager son parti dans ce débat qui défraie actuellement la chronique. Selon Pascal Tsaty Mabiala, les terres coutumières appartiennent aux paysans alors qu’il y a celles qui relèvent du domaine de l’Etat. Ni l’Etat, ni les paysans, personne n’a l’autorité sur toutes les terres. « Les accords passés avec le Rwanda ne portent pas sur les terres coutumières mais sur les terres qui relèvent du domaine de l’Etat. L’Etat, propriétaire de son patrimoine terrien peut trouver un partenaire fût-il rwandais ou français pour s’associer et créer une société mixte ou de droit congolais qui embauche les jeunes congolais pour faire une activité agricole », a-t-il rappelé.

Originaire des départements de la Bouenza et du Niari qui dépendent de l’agriculture, Pascal Tsaty Mabiala a indiqué que jusqu’à présent, les paysans ne sont pas encore touchés directement par ces accords. Pour lui, il faut faire la part des choses parce que la campagne qui se passe actuellement contre les Rwandais n’est pas loin de la xénophobie. « Est-ce qu’on doit choisir la couleur de l’investisseur qui arrive chez nous ou bien fermer la porte à tous les investisseurs étrangers ? Si au contraire, nous n’avons pas suffisamment de moyens, les privés peuvent investir en embauchant les jeunes congolais et en respectant le code du travail, les lois et règlements de la République. C’est à nous de choisir, parce qu’on dit beaucoup de choses. J’attends d’avoir des réponses avant d’engager l’Upads », a déclaré Pascal Tsaty Mabiala.

Des spéculations polluent les relations

Le président de l’Assemblée nationale a, quant à lui, rassuré le peuple congolais sur l’accord-cadre de partenariat économique qui lie le Congo et le Rwanda. «Cet accord n’a pour unique et fondamental but que de promouvoir et protéger réciproquement les investissements entre les deux Etats. »

Le Premier ministre rappelait lors de son intervention devant la représentation nationale qu’il s’agissait, entre autres, d’une autorisation expresse d’occuper accordée à une société à capitaux rwandais, mais de droit congolais, dans le cadre du partenariat public-privé. Dans cet accord, le partenaire s’est engagé à utiliser en exclusivité la main-d’œuvre locale. Pour Anatole Collinet Makosso, les aspirations du gouvernement n’ont pas été bien comprises par la population au point de parler de bradage des terres. « S’agissant du projet de développement agropastoral de Yamba, dans le département de la Bouenza, je veux rassurer la représentation nationale qu’il n’a jamais été question d’une cession de terre. Il s’agit d’une autorisation expresse d’occuper prévue par des textes en vigueur. Sa durée est de 20 ans. C’est une mise à disposition provisoire assortie de plusieurs conditions qui sont bien reprises dans le décret portant autorisation provisoire ou expresse d’occuper. Les attributions des terres dans notre pays se font dans un cadre bien réglementé et transparent », rappelait-il, précisant que le but est de mettre en œuvre un projet agropastoral conformément aux orientations du Plan national de développement 2022-2026.

Concernant la convention de concession de la zone industrielle et commerciale de Maloukou, il s’agit d’une procédure classique de mise en valeur des parcs industriels de par le monde. Même la Zone économique spéciale de Pointe-Noire est mise en concession avec le groupe Aris à capitaux indiens. « L’ambition de la République du Congo est de diversifier son économie. Si nous sommes d’accord avec cette ambition, nous devons l’être aussi du fait qu’aucune diversification ne pourrait être possible sans investissements étrangers. Devons-nous sélectionner les investisseurs en fonction de leurs pays alors même que nous avons des accords de coopération avec ces pays ? Ce sont ces spéculations qui polluent nos relations, remettent en cause la coopération que nous avons avec certains pays », laissait entendre le chef du gouvernement.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Congo Brazzaville, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here