Feuilleton Fécofoot: le Dénouement D’Un Long Bras de Fer

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Feuilleton Fécofoot: le Dénouement D’Un Long Bras de Fer
Feuilleton Fécofoot: le Dénouement D’Un Long Bras de Fer

Africa-Press – Congo Brazzaville. La crise à la Fédération congolaise de football (Fécofoot) a connu son épilogue, le 14 mai, avec la levée de la suspension infligée par la Fédération internationale de football association (Fifa). Ce feuilleton à rebondissements, qui a duré huit longs mois, a mis à nu toutes les difficultés des dirigeants à interpréter eux –mêmes leurs statuts ainsi que ceux de la Fifa.

La motion de défaillance invoquée au début par certains responsables des clubs d’élite avait mis le feu au poudre. En décidant de retirer leur confiance au Comité exécutif de la Fécofoot, et suspendant par la même occasion leur participation à la Coupe du Congo et aux activités organisées par la fédération jusqu’à nouvel ordre, ce collectif dénonçait les actes de corruption ayant occasionné des matches arrangés du championnat national.

Les premières contradictions engendrées annonçaient déjà le chaos. L’on a constaté que les mêmes équipes qui avaient retiré leur confiance ont été les premières à manifester leur volonté de jouer en effectuant les déplacements dans les stades sur lesquels ils devraient se produire.

La fermeture des stades

La fermeture provisoire des installations sportives par le ministère des Sports pour craindre des risques de trouble à l’ordre public que pourraient entraîner les regroupements a ajouté une tension supplémentaire à une situation très perturbée. Conséquence, la Coupe du Congo qui avait atteint l’étape des quarts de finale pour les hommes et des demi-finales en version féminine a été annulée. Même l’accès au Centre technique d’Ignié, propriété privée de la Fécofoot, n’a pas échappé à la mesure interdisant le ballon de rouler.

Sans comprendre les motivations du ministère, la Fifa, dans sa une correspondance du 16 août, a exhorté les parties concernées à chercher le dialogue et à trouver la solution.

Les conclusions de l’assemblée générale extraordinaire du 25 septembre pas approuvées par la Fifa et la CAF

Les membres du collectif ont obligé le comité exécutif à convoquer d’urgence l’assemblée générale extraordinaire. Cette démarche s’appuyait sur l’article 33 des statuts de la Fécofoot, notamment dans son alinéa 2 qui stipule que « Le comité exécutif doit convoquer une assemblée générale extraordinaire lorsqu’une majorité (plus de 50%) des membres de laFécofoot ayant droit au vote en fait la demande écrite ».

Pour la Fécofoot, la pétition exigeant cette assemblée générale extraordinaire a été empreinte d’irrégularités et de fraudes flagrantes. Des cas de falsification et de contrefaçon de signatures des membres ont été révélés. De nombreuses lettres de dénonciation et de remise en cause de cette pétition ont été envoyées à la Fécofoot au lendemain de la notification de ladite pétition. Elle a conclu que cette assemblée générale extraordinaire ne pouvait avoir de légitimité.

Mais le 25 septembre, en dépit des instructions données par la Fifa dans le courrier daté du 23 septembre, la coalition des membres de l’assemblée générale a tenu son assemblée générale extraordinaire au cours de laquelle a été prononcée la dissolution du Comité exécutif et la mise en place de la Commission ad hoc afin de gérer les affaires courantes de la fédération à court terme et d’organiser l’assemblée générale élective sous 90 jours.

Tout s’enchaine très vite avec l’ordonnance du Tribunal de grande instance de Brazzaville, destituant juridiquement le Comité exécutif de la Fécofoot tout en se prononçant en faveur du changement provisoire des signataires autorisés des comptes bancaires de la Fécofoot. En vue de contester la légitimité de l’assemblée générale du 25 septembre, le Comité exécutif a transmis à la Fifa et à la Cinfédération africaine de football (CAF) un dossier dans lequel plusieurs membres de la Fécofoot remettaient en question la légitimité de leurs représentants lors de ces assises.

Les portes du siège restées closes

Le 4 octobre, conformément à l’ordonnance du tribunal, la Commission ad hoc ayant requis les forces de l’ordre a expulsé le Comité exécutif dont le mandat court jusqu’en septembre 2026 des bureaux du siège. L’intervention empêche la tenue de l’assemblée générale extraordinaire du 5 octobre, convoquée par le Comité exécutif à laquelle devraient prendre part plus de 30 délégués mandatés par leurs clubs en présence des représentants de la Fifa et la CAF présents à Brazzaville pour la circonstance. Mais celle-ci n’a pas eu lieu parce que les portes du siège étaient fermées.

Le rapport dressé par les délégués de la Fifa et la CAF

En l’absence du dialogue, le chaos s’est installé comme en témoigne le rapport fait par les délégués de la Fifa et de la CAF au terme de leur mission. « L’analyse des documents transmis et des informations recueillies par la mission conjointe de la Fifa et de la CAF a révélé que l’assemblée générale extraordinaire du 25 septembre 2024 avait donné lieu à des comportements répréhensibles et à des violations flagrantes des statuts de la Fécofoot. Entre autres manquements, la Fifa et la CAF ont dénoncé le non respect des exigences établies à l’article 24, alinéa 4 des statuts de la Fécofoot qui dispose que le vote doit s’effectuer à bulletin secret et que la dissolution du Comité exécutif requiert deux tiers des suffrages exprimés », ont conclu les deux instances spotives internationales.

Elles sont catégoriques: les décisions prises lors de l’assemblée ayant débouché sur la mise en place de la Commission ad hoc ont été illégales et non valables. Des conclusions confirmées par le Tribunal arbitral du sport (TAS) dans son ordonnance d’effet suspensif.

Les différentes décisions du TAS ont été ignorées. La crise s’est accentuée et même la mission conjointe CAF-Fifa effectuée en fin novembre à Brazzaville n’a pas pu éteindre l’incendie. Car en dépit de l’espoir suscité par sa venue à Brazzaville, aucun accord avec le ministre des Sports n’a été trouvé.

Tout s’écroule

Le 6 février, compte tenu des graves infractions considérées comme une ingérence indue des tiers et en vertu de l’arbitre 14 alinéa 1j et 3 des statuts de la Fifa, le bureau de la Fifa a frappé. La suspension de la Fécofoot avec effet immédiat en raison de fragrantes violations des statuts de la Fifa et de la CAF est actée.

Les Diables rouges qui avaient obtenu de haute lutte leur qualification à Brazzaville pour la phase finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) des moins de 20 ans n’y ont pas participé parce qu’ils étaient remplacés par la République centrafricaine. Les moins de 17 ans non plus n’ont disputé au Cameroun le tournoi de l’Union des fédérations de football d’Afrique centrale qualificatif à la CAN de la catégorie. Les A’ ont été disqualifiés du Championnat d’Afrique des nations pour une faute administrative de la Commission ad hoc. L’équipe fanion a manqué deux matches des éliminatoires de la Coupe du monde 2026. La non qualification à la phase finale de la CAN est en partie due à cette crise. Les sélections féminines n’ont pas été épargnées. Outre les équipes, les arbitres et les entraîneurs ont payé le prix de cette crise. Le calendrier de la saison 2024-2025 a pris un énorme coup.

Le rôle déterminant du gouvernement dans la résolution de la crise

La Fifa a défini les quatre critères de la levée de la sanction. Elle a insisté sur la reprise du contrôle total du siège de la Fécofoot, du Centre technique d’Ignié et des autres installations de la fédération par le Comité exécutif; la renonciation à toute tentative de changer de signataires autorisés des comptes bancaires de la Fécofoot et / ou reprise du contrôle total par les signataires reconnus par la Fifa et la CAF ; l’invalidation ou l’annulation de toute décision juridique ou autre autorisant la Commission ad hoc à exercer un contrôle ou une autorité quelconque sur la Fécofoot ; la pleine coopération pour permettre à la Fécofoot de gérer ses affaires courantes sans subir d’influence indue de la part de tiers.

De son côté, le gouvernement n’a pas été insensible aux recommandations de la Fifa. Il a joué sa partition en préservant l’intérêt supérieur de la nation mais surtout l’avenir de la jeunesse. Les conditions fixées par la Fifa ont été toutes remplies. Tous les voyants sont passés au vert quand l’ordonnance de rétractation qui a annulé toutes les décisions antérieures a été délivrée à la Fécofoot. La Fifa a pris acte et a levé dans la foulée et à la veille de son congrès la suspension provisoire de la Fécofoot. Cette dernière a retrouvé tous ses droits que lui confère son statut de membre de la Fifa et exerce désormais ses activités.

La victoire du football

Les pages sombres de cette crise sont désormais derrières. « Qui a gagné ou perdu » n’est pas le plus important. C’est le football congolais qui sort grandi de cette crise sachant que ses acteurs ayant tiré leçons ont compris que nul n’est au dessus des textes.

La responsabilité étant partagée, il faut désormais œuvrer ensemble pour relever les défis (redorer la blason du football congolais) et réparer le tort causé par les récents événements. Récréer la cohésion au sein de la famille du football est essentiel en privilégiant le dialogue.

L’assemblée générale reste le cadre idéal pour résoudre tous les problèmes. Les pétitions ou encore l’intervention musclée de la force publique n’ont pas leur place dans le sport qui recommande le fair-play. Le sport et la politique ne font pas bon ménage. Seule la bonne interprétation des textes compte.

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