Covid-19 : la Chine connaissait la séquence du coronavirus bien avant sa publication

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Covid-19 : la Chine connaissait la séquence du coronavirus bien avant sa publication
Covid-19 : la Chine connaissait la séquence du coronavirus bien avant sa publication

Africa-Press – Congo Brazzaville. Zoonose au marché de Wuhan ou fuite de laboratoire: l’origine de la pandémie de Covid-19 reste (et peut-être restera à tout jamais) un mystère, malgré les enquêtes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et les études indépendantes.

Un nouvel élément vient jeter encore plus d’ombre sur le sujet. Une enquête du Congrès américain a dévoilé que des chercheurs chinois connaissaient l’identité du coronavirus responsable du Covid bien avant la date à laquelle sa séquence a été envoyée officiellement par le gouvernement chinois à l’OMS, le 10 janvier 2020. Confirmant ainsi des rumeurs de longue date suggérant que la Chine a tenté de cacher l’existence du virus au début de l’épidémie.

Un téléchargement inachevé

En effet, dès février 2020, le média chinois Caixin global avait dénoncé que le coronavirus avait été séquencé par des chercheurs d’un laboratoire privé à Canton (ou Guangzhou, au sud de la Chine) le 27 décembre 2019, à partir d’échantillons de fluide pulmonaire issus d’un livreur de 65 ans travaillant au marché de Wuhan. Des échantillons auraient été envoyés par des médecins à Wuhan à plusieurs laboratoires de séquençage, dont celui de Canton.

Trois jours plus tard (le 30 décembre 2019), l’ophtalmologue Li Wenliang alertait ses étudiants à travers un réseau social (WeChat) que plusieurs personnes infectées par un coronavirus au marché de Wuhan avaient été admises à son hôpital. Son message a fuité et les autorités l’ont puni pour répandre des rumeurs, avant de mourir cinq semaines après, victime du Covid.

Cependant, les autorités chinoises parlaient encore d’une maladie infectieuse non identifiée. Et à partir du 3 janvier, la Commission de santé chinoise (la plus haute autorité de santé dans le pays) aurait interdit toute publication de résultats de séquençage du nouveau virus, selon le média chinois.

Toutefois, l’un de ces séquençages a été rendu public avant cette interdiction. L’enquête de la Commission d’énergie et commerce du Congrès américain (publiée le 17 janvier 2024) a révélé que la séquence du coronavirus a été mise en ligne sur le site GenBank (une base de séquences génétiques gérée par les Instituts de santé américains, NIH) le 28 décembre 2019. La séquence avait été envoyée par la virologue chinoise Lili Ren, de l’Institut de biologie des pathogènes à l’Académie des sciences médicales à Pékin. Mais il manquait à la soumission de la séquence quelques précisions techniques. GenBank a écrit à la chercheuse pour lui demander de les apporter et ainsi compléter l’envoi, mais leur email est resté sans réponse, puis au bout de deux semaines, la soumission incomplète a été supprimée par le site.

Une opportunité ratée dans la lutte contre le Covid

La revue Science a tenté de contacter Lili Ren pour comprendre pourquoi elle n’avait pas complété la soumission de la séquence, sans réponse de la part de la chercheuse. Mais le journal avance qu’il est possible que son manque de réaction au mail de GenBank soit dû à l’interdiction du 3 janvier de la Commission de santé chinoise. Interdiction qui a été confirmée par l’un des chercheurs à l’origine de la première séquence connue du virus (celle publiée le 10 janvier 2020), Edward Holmes, de l’Université de Sydney en Australie (qui l’a mise en ligne en collaboration avec le virologue de l’Université Fudan en Chine). Il a déclaré au journal scientifique qu’ils ont dû briser cette interdiction pour mettre en ligne leur séquence.

La séquence supprimée de Lili Ren sera finalement rendue publique des mois plus tard, en mai 2020, dans un article scientifique publié par son équipe dans le Chinese Medical Journal. Si elle avait été rendue publique au moment de son envoi à GenBank, le monde aurait gagné deux semaines dans sa bataille contre le coronavirus. Deux semaines qui auraient peut-être permis aux pays de mettre en place leurs mesures avec un peu d’avance (ce qui aurait pu sauver de vies et atténuer le risque d’engorgement des hôpitaux), et qui auraient donné plus de temps aux chercheurs dans leur course pour trouver des traitements et des vaccins contre le coronavirus.

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