Africa-Press – Congo Brazzaville. Les panelistes de la troisième édition du Forum Vox Eco ont unanimement reconnu que la République du Congo dispose de ressources considérables, d’une ambition affirmée et d’une vision claire pour son développement. Toutefois, la concrétisation de cette vision dépend avant tout de la capacité collective à mobiliser les capitaux nécessaires, et à transformer les idées et les plans en projets financés, structurés et exécutés. Le financement demeure aujourd’hui l’un des maillons les plus fragiles de notre trajectoire de croissance.
Lors de la session consacrée à la thématique « Des capitaux pour la croissance: quels outils financiers pour les projets stratégiques au Congo », les trois intervenants ont souligné les freins majeurs qui entravent l’accès au financement des projets dans le pays. Christopher Balliet Bleziri, représentant de la Société Financière Internationale (SFI), a rappelé que les investissements suivent avant tout la sécurisation des fonds. Ainsi, il est indispensable pour le Congo de bâtir un écosystème propice à l’attraction des investissements étrangers. « Le rôle d’institutions comme la nôtre, membres du groupe de la Banque mondiale, est précisément de faire le pont entre les détenteurs de capitaux et les besoins des pays émergents. La présence de la SFI, branche dédiée au secteur privé, témoigne de l’existence d’opportunités et de la volonté d’investisseurs de s’engager au Congo », a-t-il déclaré.
Echo aux défis économiques mondiaux, le représentant de la SFI a mis en lumière deux obstacles cruciaux: l’accès à une énergie fiable et abordable, et les infrastructures logistiques nécessaires à l’écoulement des productions. Le manque de fiabilité dans le transport de l’énergie, couplé au coût élevé, freine la compétitivité congolaise face aux pays voisins, soulignant l’impératif de produire moins cher pour mieux exporter. Cette intégration sectorielle justifie la collaboration entre la Société Financière Internationale, la Banque mondiale et les États, conjuguant financement public et soutien privé pour déployer des solutions adaptées.
Par ailleurs, ces solutions peinent parfois à répondre aux particularités du tissu économique congolais, largement dominé par des PME, TPE et une importante économie informelle. Il s’agit d’un défi de collaboration entre secteur public et privé, afin d’optimiser les résultats. La SFI se veut facilitatrice, transformant les obstacles en opportunités, notamment par la finalisation d’un diagnostic du secteur privé congolais qui identifie des axes de développement prioritaires, déjà envisagés à court et moyen termes, à commencer par le secteur du maïs.
Le potentiel de croissance est important sur cette filière, où la demande d’achat par les investisseurs est assurée. Par exemple, la production locale oscille entre 600 kilos et une tonne et demie par unité, une donnée à la fois défi et opportunité pour les investisseurs. La SFI s’attelle ainsi à investir dans les infrastructures et la montée en compétences des acteurs de la production. L’aquaculture, la transformation locale du bois et la logistique figurent également parmi les atouts du pays. L’objectif reste de soutenir des initiatives génératrices d’emplois durables, facteur essentiel de réduction de la pauvreté, conformément à la mission du groupe de la Banque mondiale.
Nancy Chenard, secrétaire générale exécutive d’UNICONGO, a par ailleurs insisté sur le faible taux de bancarisation du pays, qui conduit à une méconnaissance des mécanismes financiers disponibles. Cette réalité est exacerbée par la prédominance d’une économie informelle, représentant près de 50% du PIB et plus de 90% des structures économiques, dont la quasi-totalité est hors circuit bancaire. Pour ces acteurs, l’accès aux solutions bancaires ne constitue même pas une perspective. Pour les structures formalisées, le défi principal demeure leur structuration pour pouvoir constituer des dossiers de financement recevables, souvent dissuadés par des taux d’intérêt élevés et des garanties jugées excessives.
Elle a également pointé l’impact dissuasif d’un environnement réglementaire parfois contraignant, marqué par des lenteurs administratives, malgré les progrès de l’État. Ce décalage entre l’offre financière et la structure même de l’économie freine l’accès au financement. Pour beaucoup d’entreprises confrontées à ce parcours du combattant, la démarche de sollicitation de prêts est perçue comme un risque et une perte de temps. Ainsi, les circuits classiques de financement restent peu privilégiés. Par ailleurs, Nancy Chenard a insisté sur le fait que le financement des grandes entreprises peut favoriser un effet de ruissellement, mais que les plus petites structures, moins formalisées, demeurent les plus vulnérables. Elle a rappelé l’existence de plateformes d’incubation qui accompagnent les entreprises dans leur structuration et formalisent leur activité, service proposé par UNICONGO.
Le directeur général adjoint du groupe L’Archer, Lenine M’biye, a présenté son groupe financier, opérant dans la gestion d’actifs et possédant une société de bourse. Pour lui, le principal obstacle à l’investissement n’est pas le manque de ressources financières, mais bien la difficulté à mettre en relation les porteurs de projets et les investisseurs. Son groupe agit en tant que collecteur et facilitateur de ces échanges. Toutefois, il a souligné que la structuration des projets demeure un défi majeur. « Nous rencontrons fréquemment des partenaires dont les business plans sont incomplets et dont la gouvernance n’est pas toujours conforme aux standards requis », a-t-il précisé.
Enfin, il a rappelé que des structures comme UNICONGO disposent de services pour accompagner les sociétés désirant se structurer et se formaliser, contribuant ainsi à lever certains obstacles à l’accès au financement.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Congo Brazzaville, suivez Africa-Press





