Africa-Press – Congo Brazzaville. Longtemps terra incognita, le microbiote humain n’a commencé à se dévoiler à la communauté scientifique qu’au début des années 2000, lorsque furent employés des outils d’imagerie moléculaire et de séquençage à haut débit des génomes.
Le microbiote est un véritable organe, fort de 3 kg de bactéries. Il s’étale sur toute la surface de notre corps et à tous les niveaux. Les bactéries du nez participent à la production de mucus ; celles de la bouche facilitent la digestion ; les bactéries des poumons lubrifient les parois des organes ; celles de l’estomac évitent les problèmes gastriques ; celles du côlon permettent de digérer les molécules trop complexes ; et les bactéries de notre peau renforcent le système immunitaire.
Un dialogue permanent avec l’organisme
En tout, au moins cinq microbiotes (intestinal, respiratoire, cutané, génital et buccal) peuplent notre organisme dans un continuum cellulaire d’échanges et d’interactions constants. Si le dialogue entre organisme et microbiote est fécond et puissant, il fonctionne souvent dans les deux sens. Un stress chronique peut ainsi influer sur l’équilibre de notre microbiote et le bouleverser. Et vice versa. « Des souris auxquelles nous transférons le microbiote de congénères stressées hériteront de leur stress « , explique Gérard Eberl (Institut Pasteur/Inserm).
Ainsi, même le cerveau se retrouve sous contrôle bactérien. Les chercheurs ont découvert récemment que nos neurones étaient capables de sentir des changements dans le microbiote via un récepteur présent à leur surface, qui réagit à des petites molécules échappées de la paroi des bactéries.
Dans certaines pathologies, lorsque le microbiote est déréglé, il diffuse des molécules néfastes pour ces récepteurs, entraînant l’organisme dans un cercle vicieux. Par exemple, une mauvaise alimentation, en perturbant le microbiote, peut entraîner un dérèglement des neurones qui conduira à une perte de contrôle de la prise alimentaire, enclenchant ou aggravant un problème d’obésité. Lorsque ce récepteur est défectueux, cela peut entraîner des failles dans la régulation de processus aussi essentiels que la faim ou la soif, mais être également un facteur de prédisposition à la bipolarité ou à la maladie de Parkinson.
Tout reste à faire
Aujourd’hui, la manipulation du microbiote est un allié précieux pour comprendre plusieurs de ces maladies. Mais aussi les résoudre, comme dans le cas des immunothérapies anticancéreuses ou dans celui des maladies inflammatoires chroniques intestinales, pour lesquelles des essais cliniques sont en cours.
Cependant, tout reste à faire. Car notre microbiote contient également des virus, des champignons et autres protozoaires. La terra incognita n’a pas fini de dévoiler de nouveaux territoires.
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