Sauropodes: Dinosaures Géants aux Couleurs Variées

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Sauropodes: Dinosaures Géants aux Couleurs Variées
Sauropodes: Dinosaures Géants aux Couleurs Variées

Africa-Press – Congo Brazzaville. Des sauropodes aussi chatoyants que des oiseaux? L’idée aurait semblé audacieuse il y a encore quelques années. Elle s’appuie désormais sur des données matérielles. Des fragments de peau tridimensionnellement conservés, mis au jour sur le site fossilifère de Mother’s Day Quarry, dans le Montana (Etats-Unis), montrent pour la première fois la présence de structures pigmentaires chez un sauropode. Les résultats sont publiés dans la revue Royal Society Open Science.

Premier indice de couleur

Datés d’environ 145 millions d’années, les fossiles correspondent à quatre écailles appartenant à des individus juvéniles, probablement des Diplodocus, ces dinosaures quadrupèdes au très long cou, ou à des formes très proches. Contrairement aux empreintes cutanées classiquement décrites, ces fragments cutanés conservent leur organisation interne. L’observation au microscope électronique à balayage a ainsi révélé la présence de mélanosomes, des organites cellulaires responsables du stockage de la mélanine, le pigment impliqué dans la coloration de la peau, des yeux ou des plumes chez les vertébrés actuels. Plus inattendu, ces mélanosomes ne présentent pas une morphologie unique, certains sont de forme oblongue et d’autres discoïde.

« Nous nous attendions au minimum à trouver des traces de mélanine », explique Tess Gallagher, paléontologue à l’Université de Bristol (Royaume-Uni). « Mais ce que nous avons observé, c’est une diversité de formes de mélanosomes, ce qui implique un potentiel de couleurs plus large que ce que l’on imaginait pour les sauropodes ». Si aucune reconstitution précise de la teinte ou des motifs n’est possible à ce stade, l’hypothèse d’une peau uniformément grise apparaît désormais fragile. A noter que certains des mélanosomes identifiés sont associés, chez les oiseaux, aux couleurs iridescentes des plumes. Là, encore plus, aucune conclusion n’est possible pour l’instant.

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Un indicateur du métabolisme

La découverte invite aussi à reconsidérer la physiologie des sauropodes durant leurs premières phases de croissance. Chez les animaux actuels, une relation étroite relie métabolisme élevé et diversité des mélanosomes, en particulier chez les oiseaux et les mammifères. « Le lien entre métabolisme et diversité des mélanosomes est déjà assez bien connu chez les animaux modernes », rappelle Tess Gallagher. Les espèces à métabolisme rapide tendent à présenter une palette chromatique plus riche que celles à métabolisme plus lent.

Or, les spécimens étudiés étant juvéniles, cette diversité pigmentaire pourrait être cohérente avec une croissance rapide. « Si les juvéniles de Diplodocus avaient une croissance rapide, cela coïnciderait hypothétiquement avec un métabolisme élevé, puisqu’ils auraient dû consommer beaucoup d’énergie pour soutenir cette croissance », précise la chercheuse. Une hypothèse qui pourrait être testée par l’histologie osseuse, une méthode permettant d’estimer les rythmes de croissance à partir de la microstructure des os, déjà utilisée récemment pour clarifier le statut de Nanotyrannus.

Reste la question d’un éventuel changement de couleur au cours de la vie. Les données disponibles ne permettent pas de trancher. « Nous n’avons pas suffisamment de preuves pour déterminer si le Diplodocus changeait de couleur en grandissant », reconnaît Tess Gallagher. Un jeune sauropode, probablement de la taille d’un petit chien, n’était pas exposé aux mêmes pressions écologiques qu’un adulte pouvant dépasser 25 mètres. Dans ce contexte, la coloration aurait pu jouer un rôle transitoire, avant de devenir secondaire.

Enfin, cette découverte pourrait ne pas rester isolée. « Je pense qu’il existe d’autres sites dans la formation de Morrison, et même ailleurs, où la peau fossile présente une qualité de conservation comparable », avance la paléontologue. Les premiers mélanosomes identifiés chez un sauropode ouvrent la voie à des reconstitutions bien plus précises de ces animaux qui étaient jusqu’à présent principalement caractérisés par leurs dimensions.

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