Sida : un septième patient guérit du VIH avec une nouvelle méthode

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Sida : un septième patient guérit du VIH avec une nouvelle méthode
Sida : un septième patient guérit du VIH avec une nouvelle méthode

Africa-Press – Congo Brazzaville. “Une personne en bonne santé a de nombreux espoirs, une personne malade n’en a qu’un seul”, a-t-il déclaré au sujet de sa rémission. Un patient allemand âgé de 60 ans, qui souhaite rester anonyme, vient de guérir du VIH, le virus responsable du Sida. Cette prouesse médicale n’a été accomplie que six fois par le passé. Ce cas devait être présenté à la Conférence internationale sur le Sida à Munich.

Ce patient malade du VIH souffrait également d’une leucémie myéloïde aiguë, un cancer du sang et de la moelle osseuse qui évolue rapidement. Diagnostiqué séropositif en 2009, il a été traité grâce à une greffe de cellules souches en 2015 et il a pu arrêter son traitement antirétroviral (contre le VIH) en septembre 2018.

Depuis, il n’a souffert d’aucune rechute. De multiples tests n’ont montré aucune trace du VIH dans son corps. “Plus le temps passe sans besoin d’une thérapie contre le VIH et plus nous sommes confiants dans une éradication complète du VIH”, explique Christian Gaebler, spécialiste du VIH à l’hôpital de la Charité à Berlin, où le patient a été pris en charge.

Une rémission atypique grâce à la mutation CCR5

Dans les années 1990 des chercheurs découvrent que certaines personnes dans le monde sont porteuses de la mutation CCR5 sur leur 3e chromosome. Une mutation qui les protège du VIH. En effet, la plupart des souches du VIH se fixent sur les récepteurs CCR5 et les utilisent comme porte d’entrée dans l’organisme. Quand les protéines CCR5 ne fonctionnent plus grâce à cette mutation, le VIH ne parvient pas à s’y accrocher et à pénétrer dans l’organisme.

Cette mutation très rare est retrouvée chez moins de 1% de la population mondiale. Elle est surtout répandue dans les pays d’Europe du Nord, en Scandinavie. C’est grâce à elle que les patients de Berlin, Londres et Düsseldorf ont pu être guéris du VIH. Tous les trois souffraient en plus d’un cancer, traité grâce à une greffe de cellules souches. Or, pour ces trois patients, les médecins ont réussi à trouver des donneurs non seulement compatibles mais également porteurs de la mutation CCR5-delta32.

Jusque-là, dans cinq des sept cas de rémission avérée ou de quasi-rémission du VIH, ce sont toujours des donneurs portant des défauts sur les deux copies du gène CCR5 qui ont été retenus. Cette fois, le donneur sélectionné ne présentait qu’une seule copie de ce gène. Et son système immunitaire ne possédait donc à priori qu’une partie de protéines CCR5 normales. Et pourtant, cela a suffi pour éliminer le virus du Sida de son organisme.

Le mécanisme derrière cette réussite n’est pas encore totalement clair. “Il nous faut maintenant comprendre comment ce nouveau système immunitaire a pu se greffer au patient et comment son corps a pu éliminer tous les réservoirs de VIH au fil du temps”, a déclaré le Dr Gaebler, qui s’est dit surpris du résultat positif. “Le système immunitaire initial du patient a pu jouer un rôle important.”

La greffe, un geste lourd et compliqué

Si environ 1% de la population d’Europe du Nord possède deux copies défectueuses du gène, ils sont environ 16% à en présenter une seule copie. D’où l’espoir suscité par la rémission de ce nouveau patient. Ce nouveau cas atypique comparé aux précédents rebat la question des facteurs qui peuvent garantir la guérison du VIH. “Il est probable que plusieurs facteurs jouent un rôle dans la rémission”, a commenté la professeure Sharon Lewin, présidente de l’International AIDS Society (IAS) lors d’une conférence de presse. La susceptibilité des lymphocytes T à être ciblés par le VIH par exemple mais aussi la taille du réservoir viral, la gravité de la maladie du patient et la réponse immunitaire individuelle.

Pour autant, la procédure reste très lourde et ne convient qu’aux personnes qui souffrent à la fois d’un cancer et du VIH. En plus des effets secondaires de ces traitements, le système immunitaire des malades est immature, comme celui d’un nourrisson qui n’a jamais rencontré aucune maladie. “Cela peut prendre des années avant d’avoir un système immunitaire mature capable de se défendre face à toute une variété d’infections comme n’importe quel adulte”, expliquait la Dr Jingmei Hsu, hématologue à l’hôpital Langone à New York, qui s’est occupée de la quatrième personne guérie du VIH.

La maladie du rejet du greffon contre l’hôte, durant laquelle les cellules souches ne sont pas acceptées par l’organisme, peut aussi survenir. Autant de risques qui font de ce procédé un geste lourd et qui ne peut pas être ouvert à tous les patients infectés par le VIH. “Cette prise en charge entraîne un risque important de complications mortelles, ce qui ne permet pas de justifier de telles mesures dans le cadre d’une maladie comme le VIH. D’autant que ce dernier peut désormais être traité sur du long terme. Avec un diagnostic précoce du VIH, les patients sous traitement antirétroviral peuvent atteindre une espérance de vie normale avec une bonne qualité de vie”, complétait le Dr Björn Jensen, infectiologue à l’hôpital universitaire de Düsseldorf, qui a suivi le 3e malade guéri du VIH.

En attendant de savoir si ce septième patient confirme sa rémission, il a d’ores et déjà gagné un surnom. Traité à Berlin comme le premier patient guéri du VIH, appelé “le patient de Berlin”, ce sexagénaire soigné dans la même ville a lui été baptisé “le nouveau patient de Berlin.”

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