Africa-Press – Congo Brazzaville. Une équipe internationale a annoncé la découverte de vestiges chimiques de la « proto-Terre », un monde vieux de 4,5 milliards d’années. La Terre primitive s’est d’abord formée à partir de la fusion de météorites, avant d’être remodelée, moins de 100 millions d’années plus tard, par l’impact cataclysmique d’un planétoïde de la taille de Mars, Théia. Cette collision, qui a donné naissance à la Lune, a aussi modifié la composition terrestre. Pour les géologues, les matériaux originels de la proto-Terre avaient alors irrémédiablement disparu.
Pourtant, une étude publiée dans Nature Geoscience indique avoir découvert des lambeaux de ce lointain passé. Pour cela, les chercheurs ont analysé des roches provenant d’Isua au Groenland, du bouclier canadien et de Kaapvaal en Afrique du Sud – des régions constituées de parties très anciennes et stables de la lithosphère continentale – et des basaltes remontant du manteau profond via les volcans de La Réunion et d’Hawaii.
L’élément clé de cette étude est le potassium, présent partout sur Terre sous trois variantes atomiques (39, 40 et 41). Si les proportions de ces isotopes sont stables dans les roches du manteau, elles sont différentes dans les météorites, ce qui fait de cet élément un marqueur intéressant pour identifier les matériaux primordiaux.
Un déficit anormal en potassium 40
Or, les analyses en spectrométrie de masse ont mesuré un déficit anormal en potassium 40 dans certains échantillons. Cela ne peut être expliqué par les processus géologiques actuels, ni par les grands impacts météoritiques connus. Selon les chercheurs, cette signature correspond à des matériaux formés avant la grande collision avec Théia.
Pour tester leur hypothèse, ils ont simulé 4,5 milliards d’années d’évolution géologique et d’impacts météoritiques. Ils ont ainsi montré que l’impact géant a enrichi les roches terrestres en potassium 40. Celles qui en manquent doivent donc provenir d’un manteau antérieur à cet événement – autrement dit, d’une proto-Terre -, dont des vestiges subsisteraient dans des zones profondes et stables du manteau terrestre.
Étonnamment, la signature observée dans ces échantillons ne correspond à aucune météorite connue. Ce qui signifie que les matériaux météoritiques ayant formé la proto-Terre restent à découvrir.





