Transmission des traumatismes : “La petite enfance est un moment crucial pour déjouer ce fardeau”

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Transmission des traumatismes :
Transmission des traumatismes : "La petite enfance est un moment crucial pour déjouer ce fardeau"

Africa-Press – Congo Brazzaville. Xavier Benarous est pédopsychiatre à l’hôpital Trousseau, à Paris.

Sciences et Avenir: Quel regard porte la pédopsychiatrie sur la transmission de traumatismes ?
Xavier Benarous: Plusieurs mécanismes entrent en compte dans la transmission transgénérationnelle des symptômes liés au stress: une composante génétique, une de nature socioculturelle, une autre liée à la parentalité (l’exposition à des modalités de réponse au stress), et enfin une composante environnementale liée tout particulièrement au climat affectif qui entoure la toute petite enfance. Ces quatre facteurs peuvent jouer des rôles différents selon les étapes de la vie.

La petite enfance est un moment crucial pour déjouer le fardeau de la transmission des traumatismes. Des travaux chez l’animal ont montré que le soin apporté par les mères envers leur progéniture non seulement diminue le stress, mais participe à la maturation de la structure cérébrale impliquée sur le plan neuro-hormonal dans la réponse au stress. Ces travaux ont mis en évidence une transmission transgénérationnelle de ces modifications.

Qu’apportent les recherches en épigénétique sur cette question ?

Elles ouvrent un champ fascinant, notamment pour éviter une dichotomie entre inné et acquis. Il semble évident désormais que les mécanismes épigénétiques jouent un rôle dans l’émergence des troubles psychiatriques où l’environnement a un poids crucial, comme dans le cas des troubles du stress post-traumatique.

Ce qui est intéressant, c’est que d’autres travaux ont montré que des mécanismes épigénétiques étaient impliqués dans la modulation de symptômes de patients qui présentent un trouble du neurodéveloppement, comme le trouble de déficit de l’attention.

Le fait de comprendre les mécanismes biologiques sous-jacents à la transmission permet-il d’améliorer la prise en charge des personnes concernées ?

À l’heure actuelle, non. Mais on espère qu’un jour, cela aidera à la prise en charge, à la fois pour guider les thérapeutiques (médicamenteux ou non), mais aussi pour identifier des groupes de patients qui présentent des risques spécifiques.

Propos recueillis par Léna Hespel

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