Africa-Press – Congo Brazzaville. Grâce à un nouveau test sanguin, les personnes à risque de développer la maladie de Parkinson pourraient être identifiées jusqu’à sept ans avant l’apparition des premiers symptômes, d’après de nouveaux travaux publiés dans la revue Nature Communications. Grâce à l’intelligence artificielle, les chercheurs ont identifié huit protéines caractéristiques de la maladie.
Traiter la maladie de Parkinson avant l’arrivée des symptômes
« Nos recherches constituent une base essentielle pour recruter les bons patients sur lesquels évaluer des thérapies médicamenteuses neuroprotectrices potentielles », espère le Dr Michael Bartl, neurologue et chercheur au centre médical universitaire de Göttingen (Allemagne) et co-auteur de ces nouveaux travaux.
La maladie de Parkinson est un trouble neurodégénératif dont les signes sont principalement moteurs, avec notamment des tremblements, une rigidité et une lenteur des mouvements. Elle est causée par des agrégats de protéine nommée alpha-synucléine dans les neurones fabriquant la dopamine, ce neurotransmetteur permettant entre autres le contrôle des mouvements. « Nous devons diagnostiquer les patients avant qu’ils ne développent les symptômes. Nous ne pouvons pas régénérer nos cellules cérébrales et devons donc protéger celles que nous avons », affirme Kevin Mills, qui a co-dirigé ces travaux.
Huit protéines caractéristiques de Parkinson
Encore faut-il pouvoir détecter la maladie avant qu’elle ne se déclare. « Nous avons commencé par comparer les protéines trouvées dans le sang des sujets atteints de la maladie de Parkinson et des personnes saines », relate Michael Bartl. L’équipe utilise pour cela la spectrométrie de masse, qui permet de séparer et caractériser les composants d’un échantillon en fonction de leur masse. Vingt-trois protéines sont identifiées, dont le modèle d’intelligence artificielle développé par les chercheurs sélectionne huit suffisantes pour diagnostiquer la maladie avec une précision de 100%.
Ces huit protéines seraient-elles également présentes dans des quantités anormales avant que la maladie ne se déclare ? Pour le savoir, les chercheurs se penchent sur des personnes souffrant d’un trouble connu pour être précurseur de la maladie de Parkinson: le trouble du comportement en sommeil paradoxal (TCSP, ou iRBD en anglais). Les symptômes en sont des mouvements incontrôlés pendant la phase des rêves, un stade du sommeil où le corps est supposé être paralysé – ce qui évite d’agiter les jambes en rêvant d’une course poursuite par exemple. Les TCSP sont dus à l’accumulation de la protéine synucléine dans les neurones, tout comme la maladie de Parkinson, qu’ils finissent par développer dans 75 à 80% des cas.
Un trouble du sommeil qui prédispose à la maladie de Parkinson
Sur 72 patients souffrant de TCSP, « 79% avaient le même profil protéique que les patients atteints de la maladie de Parkinson », révèle Michael Bartl. « Le test pouvait prédire la maladie de Parkinson jusqu’à sept ans avant l’apparition des symptômes moteurs typiques. » Dix ans plus tard, les résultats du test deviennent réalité pour les 16 patients sur les 72 qui ont depuis déclaré la maladie. Les autres sont toujours suivis, afin de confirmer l’exactitude du test. « Le TCSP est connu comme un stade prodromique (précurseur, ndlr) de la maladie de Parkinson, mais le potentiel prédictif élevé et les similitudes dans le profil des protéines sanguines sont des résultats nouveaux qui n’ont jamais été rapportés auparavant », appuie Michael Bartl.
Si ces résultats sont très importants, c’est que les traitements actuels de la maladie de Parkinson, administrés une fois que les symptômes sont apparus, sont insuffisants pour en stopper l’évolution. Les principaux permettent de restaurer artificiellement les niveaux de dopamine que le cerveau n’est plus capable de produire de lui-même, mais finissent par devenir inefficaces à mesure que la maladie progresse.
Pour pouvoir prévenir la maladie et intervenir avant que les symptômes ne se déclarent, les chercheurs espèrent que leur test pourra arriver dans les laboratoires dans les années à venir. « L’ensemble de l’étude est basé sur un petit échantillon de sang de 10 microlitres et pourrait être transféré dans tous les grands laboratoires hospitaliers à l’avenir », confirme Michael Bartl.
En outre, plus que de simples biomarqueurs de la maladie de Parkinson, les huit protéines identifiées constituent également des cibles potentielles pour des traitements préventifs, nouveaux ou existants. « Nous avons identifié des protéines agissant sur des voies pour lesquelles des médicaments sont déjà disponibles », explique le neurologue, espérant que leur efficacité dans la maladie de Parkinson pourra être évaluée.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Congo Brazzaville, suivez Africa-Press