Anouar CHENNOUFI
Africa-Press – Congo Kinshasa. Grâce à la médiation du Qatar, la République démocratique du Congo (RDC) et les représentants de l’Alliance du fleuve Congo/Mouvement M23, ont signé une Déclaration de principes, le samedi 19 juillet 2025, à Doha, marquant ainsi une étape majeure vers un « accord de paix global » dans l’Est de la RDC.
Dans ce contexte, il importe de rappeler que c’est, grâce à la médiation du Qatar, que des progrès significatifs ont été réalisés dans les efforts visant à instaurer la paix dans l’Est de la RDC. Les signataires ont donc apposé leurs signatures sur une Déclaration de principes visant à mettre fin au conflit en cours dans la région.
• Contexte régional
Il n’échappe pas aux observateurs que l’Est de la RDC est en proie à de multiples conflits impliquant des groupes armés locaux et étrangers, avec des accusations mutuelles d’ingérence entre la RDC et ses voisins, le Rwanda et l’Ouganda, sachant que les efforts internationaux précédents, tels que la médiation de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), n’ont pas été pleinement fructueux, soulignant l’importance du nouveau rôle joué par le Qatar.
Cette évolution est positive, mais son succès dépendra de la poursuite du dialogue et de garanties internationales pour soutenir le processus de paix auquel les parties prenantes et le voisinage affecté aspirent.
• Retours sur les « Points clés concernant ces développements »
1. A propos du rôle du Qatar:
On peut le dire ouvertement, le Qatar a joué un rôle essentiel dans la facilitation du dialogue entre les parties, en accueillant les pourparlers de Doha et en fournissant un soutien diplomatique et logistique pour améliorer les perspectives de paix.
2. A propos de la « Déclaration de principes »:
L’accord vise à établir un cadre général pour les négociations futures, axé sur un cessez-le-feu, le retrait des troupes et la résolution des causes profondes du conflit.
3. A propos du M23:
Groupe armé actif dans l’Est de la République démocratique du Congo depuis des années, le mouvement M23 accuse le gouvernement congolais de soutien étranger, tandis que les autorités congolaises le nient et formulent des exigences politiques et sécuritaires.
4. Une idée des défis à venir:
Si la signature de la Déclaration de principes constitue une avancée positive, la route vers une paix durable reste longue, nécessitant la mise en œuvre des accords et leur respect par toutes les parties.
Toutefois, il importe de ne pas oublier que le régime congolais était menacé d’effondrement après que le mouvement M23 eut réussi à contrôler des zones stratégiques à l’Est du pays et commencé à progresser vers la capitale.
Cependant, beaucoup se sont posé la question: « Pourquoi la situation a soudainement basculé? ». Le mouvement a stoppé sa progression et s’est retiré de certaines villes sans combattre. Tout cela est survenu après la signature d’un « accord économique et sécuritaire entre la République démocratique du Congo et les États-Unis ».
Il semble que le changement soudain de position du mouvement M23, l’arrêt de sa progression vers Kinshasa, et son retrait ultérieur de certaines zones sans combattre, pourraient être liés à l’accord signé entre la RDC et les États-Unis.
• Contexte possible de ce changement: Trump aurait fourré son nez et imposé ses directives !
-/- Pressions américaines et internationales:
Les États-Unis pourraient avoir exercé des pressions sur les pays soutenant le mouvement M23 (comme le Rwanda, accusé de fournir un soutien militaire et logistique aux rebelles) pour qu’ils stoppent la progression du mouvement, conditionnant ainsi le renforcement des relations économiques ou l’évitement des sanctions internationales.
L’accord de sécurité liant la République démocratique du Congo et les États-Unis pourrait avoir inclus une coopération militaire renforcée ou un soutien en matière de renseignement, ce qui a compliqué la progression des rebelles.
-/- Des incitations économiques non négligeables:
Cet accord pourrait avoir inclus des investissements américains dans des secteurs vitaux (tels que l’exploitation minière, en particulier le cobalt et le cuivre), faisant de la stabilité du Congo une priorité pour les États-Unis.
De facto, si le mouvement M23 était soutenu par des parties ayant des intérêts économiques dans l’Est du Congo, des pressions économiques ou des négociations sur les ressources auraient pu entraîner la cessation de ce soutien.
Le retrait soudain du M23 sans combat indique que la décision n’était pas purement militaire, mais résultait plutôt d’accords politiques et économiques, probablement, et ce qui serait certain, sous la pression des États-Unis qui, en tant qu’acteur majeur dans la région (notamment dans le secteur des ressources naturelles), ont usé de leur influence pour assurer la stabilité au Congo, protéger leurs intérêts ou empêcher le conflit de dégénérer en une guerre régionale plus vaste.
Il convient de noter que le Congo connaît des conflits récurrents à l’Est du pays concernant les ressources minières et les conflits ethniques, et que les mouvements rebelles sont souvent des instruments aux mains des pays voisins ou des multinationales.
• Retour sur les avancées significatives dans les relations économiques et sécuritaires entre la République démocratique du Congo et les États-Unis, notamment dans le secteur minier et le soutien sécuritaire.
En voici les points saillants:
1. Accord minier avec la société américaine Kobold Metals
– La République démocratique du Congo a signé un accord avec la société américaine Kobold Metals pour l’exploration des ressources minérales du pays, en présence du président Félix Tshisekedi. La société prévoit des investissements de plus d’un milliard de dollars, avec une concentration initiale sur l’extraction de lithium dans la région de Manono, qui abrite l’un des plus grands gisements mondiaux de ce minerai stratégique utilisé dans les batteries et l’énergie verte.
– L’accord prévoit également l’engagement de la société à numériser les archives géologiques du Congo actuellement stockées en Belgique, améliorant ainsi la transparence et la gestion locale des ressources.
NB/ KoBold Metals, est une start-up américaine d’intelligence artificielle spécialisée dans la découverte de gisements minéraux, soutenue par les milliardaires Bill Gates et Jeff Bezos, qui analyse de grands ensembles de données pour trouver des gisements de cuivre, de nickel ou de cobalt. Près de la moitié de ce nouveau financement devrait être utilisé pour des projets existants, comme en Zambie, où la start-up a découvert l’année dernière un immense gisement de cuivre.
En effet, en février 2024, KoBold Metals a annoncé avoir découvert un immense gisement de cuivre en Zambie. Cette mine, appelée Mingomba, possède d’après certains experts une forte concentration dans le minerai. Une découverte permettant à la start-up d’opérer un changement stratégique: en plus de la recherche, elle entend se lancer dans l’exploitation de sites découverts.
À partir de 2030, près de 300.000 tonnes de cuivre pourraient être extraites chaque année.
2. La dimension sécuritaire et militaire
– Le président Félix Tshisekedi avait précédemment proposé à l’administration Trump d’investir dans les ressources du pays en échange d’un soutien sécuritaire et militaire pour lutter contre les rebelles, notamment dans l’est du Congo, où des groupes comme le M23, soutenu par le Rwanda, sont actifs.
Cela s’inscrit dans le contexte des efforts plus vastes déployés par les États-Unis pour promouvoir la stabilité dans la région, notamment les récents accords de paix négociés par les États-Unis entre le Congo et le Rwanda (en juin 2025), qui prévoyaient le retrait des forces rwandaises de l’est du Congo et la mise en place d’un mécanisme conjoint de coordination de la sécurité.
3. Contexte géopolitique et intérêts américains
– Par ces accords, les États-Unis cherchent à s’assurer des participations dans les minéraux rares du Congo (tels que le cobalt et le lithium), essentiels aux industries technologiques et militaires. Le président Trump a décrit ces mesures comme « garantissant une part équitable pour l’Amérique ».
– Des inquiétudes locales existent quant à une exploitation des ressources sans retombées suffisantes pour l’économie congolaise, tandis que ces accords sont perçus comme un moyen de réduire la dépendance à la Chine dans le secteur minier.
4. Accords de paix et soutien du Qatar
Les accords économiques et sécuritaires ouvrent la voie à des efforts de paix plus vastes, tels que la « Déclaration de principes » entre le gouvernement congolais et le Mouvement du 23 Mars, signée à Doha en juillet 2025 avec la médiation du Qatar et le soutien des États-Unis.
Cette déclaration engage à un cessez-le-feu et ouvre des négociations pour une paix globale, avec la signature d’un accord final d’ici août 2025.
Mais auparavant, à la date du 27 juin dernier, la République démocratique du Congo et le Rwanda ont signé un accord de paix à Washington pour mettre fin aux affrontements entre l’armée congolaise et les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, qui ravagent l’Est de la RDC.
Des analystes séniors de grande renommée, ont identifié les dispositions les plus notables de cet accord et leur impact sur la vie des populations du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, deux provinces de l’Est de la RDC occupées par le M23 depuis plus de six mois. Ces dispositions remplacent également l’accord de Washington dans la nébuleuse d’initiatives diplomatiques engagées ces trois dernières années et examinent les coulisses du rôle de facilitateur joué par les États-Unis. Enfin, ils ont analysé également les défis à relever pour mettre en œuvre cet accord sur le terrain tout en évoquant des mesures concrètes pour donner une chance à la paix.
5. Défis et risques
Malgré l’optimisme, des défis subsistent, tels que la poursuite des affrontements avec les rebelles et la nécessité de traduire les accords en actions concrètes. La longue histoire du conflit et la complexité des conflits ethniques et économiques pourraient également entraver leur mise en œuvre.
• Contexte et signature de la déclaration de principes
– La déclaration a été signée le 19 juillet 2025 à Doha, après trois mois de négociations directes sous médiation qatarie.
– Les représentants étaient Sumbu Sita Mambu pour le gouvernement congolais et Benjamin Mbonimpa pour l’AFC/M23.
– Cette étape s’inscrit dans la continuité de l’accord RDC-Rwanda du 27 juin 2025 à Washington, visant à stabiliser la région des Grands Lacs.
• Engagements principaux
a) Cessez-le-feu permanent: Arrêt des hostilités, y compris les attaques aériennes, terrestres et lacustres, et interdiction de la propagande haineuse.
b) Mécanismes de suivi: Création d’un dispositif conjoint de vérification impliquant la MONUSCO et des acteurs régionaux.
c) Libération des prisonniers: Sous supervision du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), conformément à la législation congolaise.
d) Restauration de l’autorité de l’État: Planification des modalités pour rétablir le contrôle gouvernemental dans les zones contestées de l’Est.
e) Retour des déplacés et réfugiés: Coordination avec le HCR pour un rapatriement volontaire et sécurisé.
• Réactions internationales
Le Qatar, les États-Unis, l’Union africaine, l’UE et la MONUSCO ont salué cette avancée, soulignant son rôle clé pour une paix durable, en accordant à cette initiative un « soutien unanime ».
Pour ce qui est du rôle joué par le Qatar, il importe de noter que les médiations qataries ont été félicitées pour avoir créé un environnement propice au dialogue.
• Succès sans précédent et enjeux importants
On doit avouer que la médiation qatarie-américaine a permis d’élaborer un accord établissant un cadre politique, sécuritaire et économique susceptible de mettre fin au conflit. Cet accord stipule l’engagement des deux pays (la République démocratique du Congo et le Rwanda) à respecter leur souveraineté respective et à cesser les hostilités transfrontalières, que ce soit directement ou par l’intermédiaire de groupes alliés. Il oblige également les deux parties à démanteler tous les groupes armés, notamment le mouvement M23 soutenu par le Rwanda et le Front démocratique de libération du Rwanda (FDLR), qui s’oppose au régime du président Paul Kagame. L’accord prévoit également un mécanisme de coordination sécuritaire entre les deux pays, dont les travaux seraient supervisés par les deux médiateurs. Il prévoit également un mécanisme de suivi de la mise en œuvre de l’accord, incluant le Qatar, les États-Unis et l’Union africaine.
Compte tenu du déséquilibre des pouvoirs en faveur du Rwanda, l’accord stipule que le démantèlement du front d’opposition rwandais serait automatique et complet. En revanche, le mouvement M23 est progressivement démantelé par l’intégration de ses éléments militaires à l’armée congolaise, tandis que les dirigeants et sympathisants de l’Alliance du fleuve Congo, bras politique du mouvement, seront intégrés à la vie civile en République démocratique du Congo. On ne sait pas si ce cadre politique se transformera en un parti participant au gouvernement, ni si ses dirigeants et membres seront intégrés individuellement à la vie politique.
Il semble que les médiateurs, ainsi que les parties au conflit, aient laissé les détails de la solution aux négociations en cours entre le mouvement et le gouvernement congolais sous l’égide du Qatar. L’accord comporte également une dimension de développement économique, l’une de ses principales caractéristiques étant la mise en place d’un « cadre d’intégration économique régionale » visant à promouvoir le commerce transfrontalier, à créer une activité économique améliorant les conditions de vie de la population et à la libérer du contrôle des groupes armés contrôlant les ressources minières de la région.
Pour clôturer donc ce dossier, il faut reconnaître que les récents accords entre le Congo et les États-Unis représentent une combinaison d’intérêts économiques (accès aux minerais) et sécuritaires (contre-insurrection), liés aux efforts de paix régionaux. Cependant, leur succès dépendra de l’engagement des parties et de la volonté d’éviter toute exploitation des ressources sans bénéfice réel pour la population locale.
Néanmoins, les tensions sur le terrain laissent présager que des accusations de renforcement militaire entre les FARDC et l’AFC/M23 persistent, notamment autour d’Uvira dans le Sud-Kivu, où les violences ont exacerbé les déplacements de population et les besoins humanitaires.
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