Africa-Press – Congo Kinshasa. Alors que les tensions budgétaires s’accentuent, une dépense continue de grever lourdement les finances publiques: les subventions aux produits pétroliers. En 2024, elles ont coûté à l’État 305,3 millions de dollars, soit 0,4 % du PIB, selon le dernier rapport économique de la Banque mondiale.
Ce montant reste considérable dans un pays où les investissements sociaux, notamment dans la santé et l’éducation, demeurent faibles. À titre d’exemple, le budget alloué aux hôpitaux généraux en 2024 ne s’élevait qu’à environ 11 millions USD.
Un système coûteux, peu efficace et inéquitable
Les subventions pétrolières ont initialement été mises en place pour atténuer les effets de la hausse des prix du carburant sur le pouvoir d’achat des consommateurs. Cependant, la Banque mondiale les qualifie aujourd’hui d’inefficaces et d’injustes. Le mécanisme de fixation des prix, censé s’ajuster automatiquement en fonction du taux de change, des coûts d’importation ou encore du volume des ventes, n’est que partiellement appliqué.
Résultat: les prix à la pompe sont maintenus artificiellement bas, creusant davantage le déficit de l’État. Le manque à gagner fiscal lié à cette politique est estimé à 86,8 millions de dollars supplémentaires chaque année.
Les riches en profitent davantage que les pauvres
Contrairement à l’objectif affiché, ces subventions ne profitent pas aux populations les plus vulnérables. Selon la Banque mondiale, elles sont principalement captées par les ménages aisés. Ces derniers consomment plus de carburant pour leurs véhicules individuels, groupes électrogènes ou autres besoins énergétiques. En revanche, les plus pauvres, qui se déplacent souvent à pied ou en transport en commun, bénéficient peu ou pas de cette politique.
Réformes timides et résultats mitigés
Face à ce constat, le gouvernement congolais a lancé une feuille de route en novembre 2023 pour réduire progressivement les subventions. Certaines mesures ont été adoptées, notamment l’exclusion des compagnies aériennes internationales et des entreprises minières du régime de prix subventionnés.
Mais l’application sur le terrain reste inconstante. En 2024, le prix des carburants a été relevé en avril, avant d’être à nouveau abaissé en mai, puis en octobre, en réponse à la pression de l’inflation et à la flambée des prix mondiaux du pétrole. Ces ajustements erratiques ont entraîné l’accumulation de nouveaux arriérés envers les fournisseurs, mettant à mal la stabilité des finances publiques.
Des pistes pour une réforme durable
La Banque mondiale appelle à une réforme structurelle, progressive et transparente du système de subvention. Parmi ses recommandations figurent:
• une meilleure communication publique sur le coût réel des subventions ;
• la publication des décisions du comité de fixation des prix ;
• et surtout, la réaffectation progressive des ressources vers des aides sociales ciblées, plus bénéfiques pour les populations les plus pauvres.
Vers une suppression des subventions?
Dans un pays comme la RDC, où le financement des priorités sociales reste un défi majeur, le maintien de ces subventions devient de plus en plus difficile à justifier. La Banque mondiale plaide pour une réduction graduelle, accompagnée de mécanismes de compensation pour protéger les ménages vulnérables.
« Réduire progressivement les subventions tout en mettant en place des mécanismes de compensation pour les populations vulnérables pourrait permettre une transition équitable », conclut le rapport.
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