Africa-Press – Congo Kinshasa. Dans son intervention sur les ondes de Radio France internationale, le vice-Premier ministre congolais chargé du Budget, Adolphe Muzito, a livré mardi une analyse d’une rare profondeur sur les convulsions politiques et sécuritaires qui secouent la République démocratique du Congo. Celui qui fut jadis Premier ministre de Joseph Kabila a exprimé, avec un sens aigu de responsabilité, son désaveu total face aux choix politiques de l’ancien chef de l’État, aujourd’hui en exil et poursuivi pour complicité avec les rebelles du M23.
Muzito, qui connaît intimement l’ancien président pour avoir travaillé à ses côtés de 2008 à 2012, s’est montré d’une sévérité sans équivoque. Il dit n’avoir « pas compris » l’attitude de Kabila, jugée irresponsable et contraire à l’histoire de ce dernier, lui qui jadis avait combattu les rébellions armées. « Je n’ai pas beaucoup apprécié qu’il soit passé par le Rwanda. Comment peut-il aujourd’hui se hasarder à soutenir les sous-fifres du M23? », s’interroge le leader du Nouvel Élan, rappelant avec un mélange de désolation et de fermeté qu’un ancien chef de l’État se doit de demeurer un repère moral et patriotique, et non de se compromettre avec les agresseurs de sa propre patrie.
Cette dénonciation prend un relief particulier alors que la justice militaire congolaise a requis, le 25 août dernier, la peine capitale contre Joseph Kabila pour crimes de guerre et trahison. Muzito, tout en appelant au respect scrupuleux des procédures judiciaires, a laissé entendre que le président Tshisekedi, par grandeur d’âme, ne saurait appliquer à la lettre un verdict aussi lourd, préférant laisser prévaloir l’esprit de justice et de démocratie.
Un ralliement sans équivoque à Félix Tshisekedi
Parallèlement, Adolphe Muzito a justifié son récent choix politique. Après sept années passées dans l’opposition, il a répondu à l’appel de Félix Tshisekedi et accepté d’intégrer son gouvernement. Pour cet économiste chevronné, la légitimité de Félix Tshisekedi ne se discute pas. « Le dialogue ne peut se faire qu’autour de Monsieur Tshisekedi. C’est lui seul qui incarne la légalité nationale ».
Par ces mots, l’ancien opposant marque une rupture décisive. Il choisit d’abandonner toute posture de contestation pour faire front commun avec le chef de l’État face à l’agression du pays. Dans sa bouche, les termes sont lourds de sens: « parler d’une même voix », « matérialiser la cohésion nationale », « affaiblir psychologiquement l’ennemi ». Tout concourt à démontrer qu’en ces heures de tumulte, Muzito place son expérience et son autorité politique au service exclusif de la République et de son président.
Un budget 2026 comme levier de redressement
Dans son rôle de vice-Premier ministre en charge du Budget, Adolphe Muzito, a également dévoilé les grandes lignes du projet budgétaire 2026. Il prévoit 12 milliards de dollars en ressources propres, soit un doublement par rapport aux dernières années du précédent quinquennat auxquels pourraient s’ajouter près de 5 milliards de ressources extérieures.
Cette manne, affirme-t-il, permettra de financer les infrastructures, de renforcer l’armée et d’améliorer les conditions salariales des agents de l’État. À cela s’ajoute une volonté affirmée de rationaliser la fonction publique en éliminant les agents fictifs, afin de garantir une gestion rigoureuse des deniers publics.
À travers ses déclarations, l’ex-bras droit d’Antoine Gizenga apparaît sous un jour nouveau, celui d’un homme d’État qui, sans renier son passé d’opposant, a choisi la voie de la loyauté républicaine et du patriotisme lucide. Son rejet des compromissions de Joseph Kabila avec les forces hostiles au Congo et son allégeance sans réserve à Félix Tshisekedi, dessinent un tournant majeur dans le paysage politique congolais.
En proclamant à la fois son attachement à la justice, sa fidélité à l’autorité légitime et sa volonté de contribuer au redressement économique et sécuritaire du pays, Muzito s’inscrit désormais dans le sens de défendre l’intérêt supérieur de la nation, lequel transcende les querelles partisanes.
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