Uvira Retrait de l’AFC/M23 et Inanité du Processus de Doha

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Uvira Retrait de l'AFC/M23 et Inanité du Processus de Doha
Uvira Retrait de l'AFC/M23 et Inanité du Processus de Doha

Africa-Press – Congo Kinshasa. La position initiale du président Félix Tshisekedi, qui refusait toute discussion avec l’AFC/M23 en raison de sa dépendance au Rwanda, avait été affaiblie par les rapports de force sur le terrain. La participation du gouvernement au processus de Doha elle-même avait dû être concédée.

Pourtant, le retrait récent de l’AFC/M23 d’Uvira met en lumière la dépendance « coupable » du mouvement rebelle envers Kigali. De l’émetteur de l’ordre au récepteur et à l’exécutant, on observe un schéma triangulaire clair: États-Unis → Rwanda → AFC/M23. Le Rwanda sert de pivot, recevant les injonctions américaines pour les transmettre à l’AFC/M23. Ainsi, ce sont les États-Unis qui ont appelé le Rwanda, mais c’est l’AFC/M23 qui se retire. Conclusion: l’AFC/M23 dépend du président Paul Kagame et exécute ses ordres sans délai.

L’inanité « avérée » du processus de Doha

L’internalisation forcée de la crise sécuritaire congolaise a éclaté les initiatives de paix en deux. L’une à Washington entre le Rwanda et la RDC, l’autre à Doha entre le gouvernement congolais et l’AFC/M23. Si Washington a abouti à un accord en un temps relativement court, Doha s’est révélé être le processus le plus difficile. La raison est simple: à Washington, la RDC traitait directement avec le sommet du pouvoir rwandais, dont les revendications, intégrées à l’accord, pouvaient être acceptées par Kinshasa en tant qu’État. À Doha, en revanche, le gouvernement congolais discute avec un simple proxy du Rwanda, dont les décisions doivent être validées par Kigali.

De fait, depuis la signature de la déclaration de principes jusqu’à l’accord-cadre de huit protocoles, les exigences de l’AFC/M23 sont de nature collaborationniste, non nationaliste. Elles reflètent les rapports de force militaires sur le terrain, mais restent inacceptables pour le gouvernement congolais.

Ainsi, l’appel triangulaire ayant conduit au retrait d’Uvira révèle au grand jour la dépendance totale et coupable de l’AFC/M23 envers le Rwanda. Dans ce contexte, reprendre les discussions à Doha reviendrait simplement à renégocier avec Kigali. D’ailleurs, le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, a récemment exprimé à la télévision rwandaise son souhait de voir les pourparlers de Doha reprendre rapidement. Une preuve de plus de la méthode de scissiparité transversale employée par le Rwanda pour avancer ses pions sur tous les fronts. Si les discussions reprenaient, Kinshasa se retrouverait de nouveau face aux revendications collaborationnistes de l’AFC/M23, dont les membres congolais peinent à s’affranchir.

La disjonction des intérêts entre le Rwanda et l’AFC/M23

Le Rwanda et l’AFC/M23, en particulier ses membres congolais, évoluent dans une disjonction d’intérêts tout en avançant de concert. Là où des figures comme Corneille Nangaa visent le pouvoir à Kinshasa, le Rwanda poursuit son expansion en RDC. Dans l’accord de Washington, Kigali a réussi à se présenter comme un pays menacé en y inscrivant la levée de « mesures défensives », alors que les Congolais savent que la menace sécuritaire des FDLR, souvent invoquée, est largement illusoire.

Dans l’organisation du mouvement AFC/M23, la branche militaire et le commandement des opérations sont essentiellement rwandais, tandis que la branche politique est congolaise, ce qui sert à entretenir le narratif d’un conflit internalisé (congolo-congolais). Mais cette branche politique est prisonnière de la branche militaire. Les orientations de cette dernière s’imposent comme des ordres à exécuter, conditionnant ainsi les négociateurs de l’AFC/M23 à Doha, qui ne font que relayer la voix de Kigali.

La nécessité impérieuse d’une réconciliation nationale

L’inutilité persistante du processus de Doha n’exclut pas, bien au contraire, l’urgente nécessité d’une réconciliation interne en RDC. La gestion de la crise sécuritaire par le pouvoir de Kinshasa a conduit à une débauche d’énergie, drainant les ressources financières et retardant de multiples projets de développement au détriment de la population.

Sur le plan politique interne, l’échéance de 2028 approche. Que le pouvoir en place choisisse de jouer les prolongations ou de respecter le calendrier, il ne peut faire l’impasse sur une réconciliation nationale sans laquelle la RDC risque de replonger dans l’instabilitié.

Ainsi, le président Félix Tshisekedi aurait tout intérêt à convoquer un forum national véritablement représentatif, permettant aux Congolais de se retrouver, de se réconcilier et de donner au pays un nouvel élan de développement. Le terme de « forum national » est préférable à celui de « dialogue politique », souvent synonyme de simple partage de postes au sein de l’État. Quoi qu’il en soit, même l’éventualité d’une prolongation du mandat au-delà de 2028 nécessiterait un consensus national, qui ne peut émerger que d’une telle instance. Si ce forum conduit à une ouverture politique inclusive, le pays tout entier en tirerait profit.

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