Africa-Press – Congo Kinshasa. Projeté au Centre culturel Boboto, le film documentaire « Vision et héritage politique d’Étienne Tshisekedi Wa Mulumba » a suscité une forte émotion avant d’être perturbé par une intervention controversée attribuée à des membres de la Fondation portant le nom du leader historique.
La projection du documentaire Vision et héritage politique d’Étienne Tshisekedi Wa Mulumba, ce dimanche 21 décembre à Kinshasa, s’est imposée comme un moment fort de mémoire politique et de témoignages historiques. Mais l’hommage au « Sphinx de Limete » s’est achevé dans une atmosphère lourde, marquée par un incident qui a semé trouble et inquiétude parmi les invités.
Un après-midi dédié à la mémoire d’un homme d’exception
Tout avait pourtant bien commencé dans l’après-midi de ce dimanche 21 décembre, à la Grande salle du Centre culturel Boboto, dans la commune de la Gombe. Comme annoncé lors du point de presse tenu une semaine plus tôt au même endroit, organisateurs, invités et cinéphiles se sont réunis pour la projection du film documentaire Vision et héritage politique d’Étienne Tshisekedi Wa Mulumba.
Œuvre de plus de deux heures trente, le film retrace le parcours politique singulier d’un homme qui, durant plus de trente-deux ans, a incarné l’opposition congolaise face aux régimes autoritaires successifs. Résilience, endurance et combat politique dans l’adversité constituent la colonne vertébrale de ce récit filmique consacré à l’un des personnages les plus marquants de l’histoire contemporaine de la République démocratique du Congo.
Les origines de l’UDPS et la parole des témoins de l’histoire
Dans une salle attentive et recueillie, la projection a été ponctuée de témoignages poignants. Paul Kapita Shabani, l’un des compagnons de lutte d’Étienne Tshisekedi et membre du groupe historique des « 13 parlementaires », est longuement revenu sur les circonstances ayant conduit à la création de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS).
« Nous étions révoltés parce que Mobutu avait mis le pays dans une dérive diluvienne à la fin des années 1970 », a-t-il rappelé, avant de souligner la singularité du leader disparu:
« Étienne Tshisekedi était un phénomène. Avec le temps, il a triomphé parmi les treize. Un oiseau rare, doté d’un charisme inouï. »
Pour Freddy Mulumba et Charles Dimandja, autres intervenants du documentaire, le message est clair:
« Étienne Tshisekedi Wa Mulumba est une école de formation politique, un homme dont l’histoire est indélébile. »
Une œuvre née d’un parcours de combattant
Prenant la parole, le coordonnateur du projet et producteur du film, Placide Nzazi Matobo, est revenu sur la genèse et les difficultés du tournage.
« Avec les amis, l’équipe de production, le réalisateur Martin Kitudi Baruani, Daddy Kakasa Ndiongo, directeur artistique, et bien d’autres, nous avons enduré pour arriver à ce film », a-t-il expliqué.
« Ce fut un véritable parcours de combattant. »
Le documentaire donne également la parole à plusieurs figures politiques et témoins de différentes générations. Ève Bazaiba y évoque l’endurance du « Leader Maximo », tandis que Charles Okoto revient sur l’épisode marquant de la relégation de Tshisekedi dans son village de Kameya Kamwanga.
L’ancien Premier ministre Bruno Tshibala(proche du vieux Thomas Landers, selon le témoignage filmé) relate quant à lui les événements tragiques du pont Ngabu, à la fin des années 1980.
« Malgré tout, ce jour-là, il était parvenu à arriver sur place, même si la scène s’est traduite par un bain de sang », témoigne-t-il.
Un dénouement brutalement perturbé
Alors que la projection touchait à sa fin, un incident est venu ternir l’événement. Selon les organisateurs, un homme accompagné d’une escorte de la Garde républicaine, présenté comme membre de la Fondation Étienne Tshisekedi, a fait irruption dans la salle.
L’individu aurait tenu des propos jugés agressifs, formulant des reproches qualifiés de « non fondés » et proférant menaces et promesses à l’encontre des organisateurs.
La scène a provoqué une vive tension, installant un climat d’angoisse et de peur parmi les invités.
Les organisateurs alertent la presse
Face à cet incident, Placide Nzazi Matobo a publiquement pris la presse à témoin, évoquant d’éventuelles conséquences malheureuses qui pourraient découler des paroles et gestes attribués aux hommes se réclamant de la Fondation Étienne Tshisekedi.
« Nous déplorons un comportement intolérant, incivique et indigne de la mémoire de l’homme que nous honorons », ont déclaré les organisateurs, dénonçant une attitude qu’ils estiment contraire aux valeurs portées par Étienne Tshisekedi Wa Mulumba.
Une mémoire à préserver, au-delà des crispations
En définitive, la projection du documentaire Vision et héritage politique d’Étienne Tshisekedi Wa Mulumba restera comme un moment fort de transmission mémorielle et de pédagogie politique. L’émotion, la qualité des témoignages et la portée historique de l’œuvre ont largement marqué les esprits.
Mais la fin chaotique de la cérémonie rappelle combien l’héritage du « Sphinx de Limete » demeure un enjeu sensible, parfois conflictuel. Pour les organisateurs, troubler un hommage revient à trahir l’esprit même du combat mené par Étienne Tshisekedi: celui de la tolérance, de la dignité et de la lutte pacifique pour l’État de droit.





