Africa-Press – Congo Kinshasa. L’Étoile d’Afrique, l’organisation de la princesse Marlyse Mwat Yav, demande la restitution des œuvres d’art congolaises mais qu’elles soient accompagnées des restes humains de nos ancêtres et des monarques. Dans une interview à ACTUALITÉ.CD, la princesse Marlyse Mwat Yav a affirmé que les monarques congolais l’étaient au même titre que Toutankhamon et Ramses qui ont eu droit à la garde républicaine pour les escorter et les garder et que la restitution de leurs restes est non négociable.
« Il y a un point non négociable concernant cette restitution de patrimoine, c’est celui des restes humains de nos ancêtres et particulièrement celui des monarques, voire même de nos héros panafricains tel que Lumumba. Par ailleurs, il est inhumain, inadmissible et malsain de refuser catégoriquement la restitution des têtes et autres restes humains des monarques africains au nom de la colonisation civilisatrice, humaniste et évangélisatrice de l’Afrique », a-t-elle affirmé.
Marlyse Mwat Yav a indiqué qu’il doit y avoir justice et reparation parce qu’il y a eu spoliation et supercherie.
« Dès lors où il y a eu spoliation avec ruse, supercherie avec violence et crime, signifie qu’il doit y avoir justice, réhabilitation, réparation, restructuration et restitution. Lorsqu’on parle de la restitution du patrimoine africain ou congolais, il faut tenir compte de plusieurs types de patrimoine, car ce que les occidentaux ont désigné étant des œuvres d’art africaines, ne le sont que selon leur conception de ce qui a constitué à leurs yeux et constitue jusqu’à ce jour, des trésors de guerre pour parler des objets et des trophées de guerre pour parler des têtes et restes humains de nos monarques tués durant leur conquête coloniale », a-t-elle indiqué.
En Belgique, une commission parlementaire a été formée pour examiner tous les aspects de la colonisation impliquant la Belgique. Le parlement belge a également mis en place la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) de la colonisation belge au Congo, qui a invité des historiens, des experts, des congolais et belgo congolais de la diaspora.
Marlyse Mwat Yav souligne que la démarche de cette commission est mise en place avec un mode opératoire colonial.
« Le démarrage du processus de cette commission a été élaboré avec un modus operandi colonial doté d’un ton paternaliste. Après avoir pris connaissance de la liste de différentes catégories de personnes invitées à Bruxelles pour prendre part aux travaux de la CVR, nous avons constaté qu’ils avaient omis d’inviter les délégués des monarques congolais qui sont les premiers concernés et impliqués au premier degré dans le fait colonial d’antan. Il ne peut y avoir une réconciliation s’il n’y a de réparation », souligne-t-elle.
Et d’ajouter :
« La colonisation et ses crimes se sont déroulés au Congo sous l’égide du Roi Léopold II, la commission doit se dérouler sur les lieux des crimes et en présence des descendants des auteurs de ces crimes et des descendants des premiers interlocuteurs qui ont été les premières victimes de ces crimes coloniaux. »
Le Président français, Emmanuel Macron, avait fait une annonce de restitution des œuvres d’art africaines lors de la compagne électorale en 2017, mais la princesse Marlyse dit avoir trouvé l’annonce de celui-ci, très pertinente, mais reste sceptique face à cet engagement solennel. M. Macron avait, dit-elle, fait cette promesse en tant que candidat aux élections présidentielles et non en tant que Président.
Mwat Yav dit que , vu le caractère “sacrés” de ces objets d’art, à un moment précis, ceux qui les ont pillés seront obligés de les remettre aux véritables détenteurs qui vont les faire déposer sur leur site et sur leur socle originel. Pour elle la conservation de ces objets sacrés ne pose pas problème en RDC.
L’organisation caritative et culturelle L’Étoile d’Afrique et l’Académie pour le Développement du KoNgo (ADK) ont mis en place la création du Conseil des Sages des Empires et des Royaumes d’Afrique (COSERA). Cette structure a pour vocation de réunir tous les monarques et familles dynastiques africaines autour de la réhabilitation des principes de la philosophie UBUNTU pour instaurer le rétablissement de l’ordre dans la pyramide dynastique des monarchies africaines qui ont été soit détruites soit corrompues, soit usurpées, soit falsifiées ou carrément fabriquées de toute pièce sans réel fondement. Le COSERA souhaite accompagner le Chef de l’Etat, Président en exercice de l’Union Africaine dans une de ses missions importantes qui est : La restitution du patrimoine culturel et cultuel africain.
Emmanuel Kuzamba
