Africa-Press – Congo Kinshasa. Alors que le président Félix Tshisekedi multiplie les démarches pour renforcer les liens économiques entre la RDC -République démocratique du Congo- et les États-Unis, notamment autour des minerais stratégiques, l’ancien directeur de cabinet du président honoraire Joseph Kabila, Néhémie Mwilanya, lance un avertissement sur les réseaux sociaux.
Dans une publication sur son compte X, Mwilanya revient sur les conditions d’entrée des Américains dans le secteur minier congolais en 2006. Il évoque l’arrivée remarquée de Freeport McMoRan et Lundin Holdings dans TFM -Tenke Fungurume Mining-, un des plus grands projets cuprifères du pays. À l’époque, souligne-t-il, « le Code des investissements, le Code minier ainsi que la stabilité politique » avaient permis de sécuriser et rentabiliser les engagements étrangers. Pour lui, la stabilité du cadre institutionnel était un facteur clé de confiance.
Mais en 2025, le contexte a radicalement changé. L’ancien conseiller de Kabila pointe « une crise de légitimité », « l’insécurité chronique », une « répression accrue » et « la corruption » comme autant d’éléments qui minent aujourd’hui la crédibilité des accords que Kinshasa tente de relancer avec les États-Unis dans le secteur des minerais critiques. Ces deals sont notamment motivés par l’intérêt américain pour les métaux indispensables à la transition énergétique, comme le cobalt et le cuivre dont regorge le sous-sol congolais.
Au-delà du rappel historique, le message de Mwilanya interpelle sur la gouvernance actuelle. Peut-on réellement construire des partenariats durables dans un climat de méfiance politique, où les tensions électorales et les conflits armés à l’Est fragilisent l’image du pays? Pour l’ancien haut fonctionnaire, le problème est moins l’intérêt américain que la capacité de l’État congolais à offrir un environnement fiable et transparent.
La critique n’est pas anodine. Elle survient alors que la RDC cherche à se positionner comme un partenaire stratégique dans la chaîne mondiale d’approvisionnement en minerais stratégiques. Les récentes visites de délégations américaines, les promesses d’investissements et la relance d’accords bilatéraux semblent indiquer une volonté de Washington d’écarter l’influence chinoise croissante dans le secteur.
Mais pour Mwilanya, cette ambition ne saurait se concrétiser sans un minimum de garanties: la stabilité politique, la sécurité dans les zones minières et la lutte effective contre la corruption doivent redevenir des priorités.
Si cette sortie de Néhémie Mwilanya peut apparaître comme une critique de l’actuel pouvoir, elle rappelle aussi que les grands contrats internationaux exigent une crédibilité institutionnelle. Les investissements étrangers, quels qu’ils soient, ne peuvent porter leurs fruits que dans un climat de confiance réciproque.
Alors que la RDC cherche à redéfinir sa place dans les alliances géostratégiques autour des ressources naturelles, la question posée en fin de publication, « Que faire? », reste ouverte. Mais elle sous-entend une réponse claire: sans réformes profondes, même les meilleures opportunités peuvent tourner au désastre.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Congo Kinshasa, suivez Africa-Press