Africa-Press – Congo Kinshasa. Dans une tribune publiée le mardi 15 avril, Olivier Kamitatu, cadre du parti politique Ensemble pour la République, a plaidé pour un dialogue national inclusif en vue de l’adoption d’une nouvelle Constitution fédérale.
Selon lui, le fédéralisme représente une voie réaliste et nécessaire pour construire un Congo uni, prospère et pacifique, où chaque région jouerait un rôle actif dans le destin commun. Fort de son expérience et de vingt ans de recul, l’ancien président de l’Assemblée nationale constate que la centralisation excessive de la gouvernance freine le développement du pays, malgré ses immenses richesses naturelles et culturelles.
Olivier Kamitatu souligne que la décentralisation promise par la Constitution de 2006 est restée inefficace, les provinces dépendant toujours de Kinshasa pour leurs ressources et décisions. Face à l’échec du modèle unitaire, il propose une fédéralisation basée sur six grandes régions historiques: Orientale, Équateur, Kongo, Kasaï, Katanga et Kivu.
Le porte-parole d’Ensemble pour la République, Moïse Katumbi, appuie cette idée, affirmant que ce système offrirait une autonomie constitutionnelle à chaque région, avec ses propres institutions, ressources et compétences, notamment en matière d’éducation, santé, infrastructures et développement. Il ajoute que le fédéralisme permettrait une gouvernance de proximité, adaptée aux réalités locales, tout en valorisant la diversité linguistique et culturelle du pays.
Un modèle fédéral garantirait également une meilleure gestion des richesses, avec une répartition équitable des revenus: 60 % pour la région, 30 % pour l’État fédéral et 10 % pour un fonds d’égalisation. Olivier Kamitatu insiste sur le fait que ce fédéralisme ne constitue ni une menace à l’unité nationale ni un retour au passé sécessionniste, mais plutôt un projet de consolidation de l’État, inspiré de modèles comme le Canada ou l’Allemagne.
Initiative saluée
Hervé Diakese, cadre d’Ensemble pour la République, salue l’appel au fédéralisme lancé par Olivier Kamitatu. Il estime que le fédéralisme renforcerait la gouvernance du pays à partir de la base, favorisant ainsi le développement. Selon lui, cette initiative ne nécessite pas de changement constitutionnel, contrairement à ce que certains prétendent.
Il déclare: « L’unitarisme a sérieusement échoué à consolider l’unité nationale, garantir la sécurité du territoire et promouvoir la bonne gouvernance et le développement à la base. La période de crise actuelle est propice à la réflexion et à la recherche de solutions. »
Hervé Diakese précise que le passage de l’unitarisme au fédéralisme respecte la forme républicaine et accroît les prérogatives des entités territoriales décentralisées, conformément à l’esprit de l’article 220 de la Constitution.
Prudence recommandée
Le professeur Ngomabinda, spécialiste en philosophie et auteur de plusieurs ouvrages sur le système politique et la gouvernance, soutient que le fédéralisme est la forme d’État la mieux adaptée pour la RDC. Cependant, il estime que ce débat n’est pas opportun en cette période où la partie Est du pays est sous occupation par les rebelles du M23.
Il rappelle que la Constitution de Luluabourg de 1964 et la Conférence nationale souveraine avaient déjà préconisé le fédéralisme. Toutefois, il avertit que discuter de cette option maintenant pourrait entraîner des déviations préjudiciables pour le pays.
Désapprobation de LAMUKA
La plateforme politique LAMUKA s’oppose fermement à l’idée de fédéralisme, qu’elle considère comme une menace pour la Constitution. Son porte-parole, Prince Epenge, affirme que l’échec de la gouvernance en RDC est dû à l’irresponsabilité de la classe politique, et non à la forme unitaire de l’État.
Il déclare: « Proposer de déchirer la Constitution pour transformer la RDC en un État fédéral est une insulte à la lutte de Lumumba. Le terme fédéralisme est utilisé pour masquer l’intention de balkanisation de la RDC. »
Prince Epenge attribue la situation chaotique et la pauvreté du pays à l’irresponsabilité, l’inconscience et le clientélisme des dirigeants, passés et présents.
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