Africa-Press – Congo Kinshasa. Alors que Joseph Kabila n’a jamais su rassembler une équipe de 15 personnalités clés pour impulser un réel développement de la RDC, son successeur, Félix Tshisekedi, parie aujourd’hui sur les survivances de ce même cercle pour mener sa propre politique. Une stratégie qui interroge.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2019, le président Félix Tshisekedi n’a cessé d’afficher son ambition de transformer la République démocratique du Congo (RDC). Toutefois, plus de cinq ans après le début de son mandat, une question revient avec insistance: peut-on réellement impulser le changement en s’appuyant sur les figures du passé?
Kabila et l’absence de synergie
Durant ses 18 années à la tête du pays, Joseph Kabila a souvent été critiqué pour sa gestion solitaire du pouvoir. Malgré une longévité exceptionnelle au sommet de l’État, il n’a jamais réussi à former une véritable équipe soudée et compétente de 15 personnes ou plus, capable de faire décoller le pays. Les critiques soulignent un entourage fluctuant, dominé par des intérêts personnels et une centralisation extrême des décisions autour de la présidence.
Cette absence de dynamique collective a largement contribué à l’enlisement des réformes structurelles et à la persistance des défis majeurs: infrastructures délabrées, pauvreté endémique, corruption systémique et conflits récurrents.
Tshisekedi, un pari paradoxal
Félix Tshisekedi, arrivé au pouvoir en 2019, s’est présenté comme l’homme du renouveau. Mais son action reste aujourd’hui marquée par un paradoxe: pour transformer la RDC, il s’entoure, volontairement ou par nécessité politique, de figures issues du sérail kabiliste.
Ministres, gouverneurs, conseillers, mandataires… Plusieurs visages familiers de l’ère Kabila continuent de jouer un rôle central dans l’appareil d’État. Ce choix, assumé ou contraint, soulève une interrogation fondamentale: peut-on développer un pays avec les mêmes personnes qui, hier encore, ont été associées à son immobilisme?
Un système à réinventer, pas à recycler?
Pour les analystes, la stratégie de Tshisekedi pourrait se justifier par la recherche de stabilité et de continuité dans un pays où les ruptures brutales ont souvent conduit à des crises institutionnelles. D’autres y voient au contraire un manque de courage politique, voire une forme de compromission avec les logiques anciennes.
Après les échéances électorales de 2023, la population congolaise attendait aux résultats tangibles, au-delà des slogans. La jeunesse, en particulier, espère une gouvernance plus transparente, plus inclusive, et surtout, plus tournée vers l’avenir.
Rupture ou recyclage: le dilemme de la présidence Tshisekedi reste entier.
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