Africa-Press – Congo Kinshasa. Depuis Beni, capitale provisoire de la province du Nord-Kivu, huit organisations de la société civile, œuvrant pour la défense des droits humains, ont lancé, ce vendredi 01 août 2025, un cri d’alarme. Dans une déclaration conjointe, elles rejettent catégoriquement l’appel à l’instauration du fédéralisme en RDC -République démocratique du Congo-, tel que formulé par les leaders du M23-AFC lors d’une conférence de presse.
Selon les signataires, cette proposition, couplée à la demande faite par le même mouvement d’administrer pendant huit ans les zones sous son contrôle, cache mal une stratégie politique visant à désintégrer la souveraineté nationale et à préparer l’annexion de l’Est du pays.
« Ce projet n’est rien d’autre qu’une tentative masquée de balkanisation de la RDC au profit du Rwanda », dénoncent les organisations.
Elles évoquent également les propos récents du gouverneur autoproclamé Erasto Bahati, représentant du M23-AFC, qui a qualifié les pourparlers de Doha d’ »aventures stériles » et appelé à la mobilisation des jeunes dans leur armée pour poursuivre la guerre. À travers ces faits, les organisations perçoivent une manœuvre expansionniste visant à transformer l’Est du Congo en « trou noir », hors du contrôle de Kinshasa et de la communauté internationale.
La déclaration dénonce également des atrocités commises entre le 12 et le 31 juillet dans les territoires de Rutshuru et Masisi, notamment des massacres de civils, des disparitions forcées et l’enrôlement de plus de 250 jeunes à Rutshuru par les combattants du M23-AFC. Des dizaines de corps ont été retrouvés dans le Parc National des Virunga, conséquence d’un bouclage mené par les rebelles à Mujoga.
Ces événements, affirment-elles, prouvent l’écart entre les discours diplomatiques du Rwanda à l’international et les actes militaires sur le terrain.
« La duplicité de Kigali est évidente. D’un côté, il affiche un visage de paix en soutenant l’accord de Washington signé le 27 juin 2025, et, de l’autre, il poursuit les combats à travers son armée et ses supplétifs du M23-AFC », fustigent les signataires.
Les organisations insistent: le fédéralisme n’est pas une priorité nationale. Elles rappellent que la Constitution actuelle prévoit déjà la décentralisation comme mécanisme suffisant pour rapprocher l’administration des citoyens, et appellent le gouvernement congolais à en assurer l’application effective.
Face à cette situation, les acteurs de la société civile en appellent à la responsabilité des États-Unis, en leur qualité de médiateurs de l’accord du 27 juin 2025, ainsi qu’à tous les partenaires du processus de paix. Ils les exhortent à exercer une pression ferme sur le Rwanda et le M23-AFC, pour qu’ils respectent leurs engagements.
« La beauté d’un accord ne réside pas dans sa signature, mais dans sa mise en œuvre effective », concluent-ils.
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