Africa-Press – Congo Kinshasa. Minces épaules, joues creuses, regard ardent, verbe acéré, intelligence vive. Parole Kamizelo, brillant analyste politique et opposant issu des rangs du PPRD, n’a pas l’allure des tribuns classiques. Mais il a su, par son langage singulier et ses passes d’armes médiatiques, se forger une notoriété virale.
Dans les débats audiovisuels, face à ses contradicteurs proches du régime Tshisekedi, il manie une formule désormais culte: « Vous êtes maîtrisable ! ». Un pamphlet provocateur, répété avec aplomb, qui lui servait de glaive rhétorique pour terrasser ses co-débateurs et remettre en cause la solidité de leurs arguments.
De fil en aiguille, l’expression « Maîtrisable » est sortie des plateaux télé pour conquérir les réseaux sociaux, érigée en slogan par ses partisans, en objet de dérision par ses détracteurs. Kamizelo, lui, savourait cette notoriété nouvelle, s’imposant comme un polémiste redouté, au langage tantôt caustique, tantôt cinglant, mais toujours percutant.
Or, ce style incisif lui vaut aujourd’hui d’être réduit au silence. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC) a décidé, dans un acte, de lui interdire toute apparition médiatique pendant 90 jours. La mesure, applicable à l’ensemble des médias opérant sur le territoire national, équivaut à un embargo complet sur sa voix et son image. Motif invoqué: « ses critiques jugées outrancières à l’égard du président de la République et sa manière jugée subversive d’animer le débat public ».
Mais le principal concerné ne se déclare nullement vaincu. Dans une réaction teintée de défi, Parole Kamizelo a balayé d’un revers de main la décision du CSAC:
« Je n’ai reçu aucune notification, je n’ai jamais été entendu. Même un arbre qu’on veut abattre mérite un regard. Moi, je continue à m’exprimer, car tant que la lumière n’a pas été éteinte, l’ombre ne gagne jamais ».
Ainsi, celui qu’on surnomme désormais « Le Maîtrisable » se retrouve lui-même « maîtrisé » par le régulateur. Une ironie qui n’a pas échappé aux internautes, tant son ascension médiatique était inséparable de ce mot fétiche. Entre censure et provocation, le feuilleton Kamizelo illustre une fois encore la tension permanente entre la liberté d’expression et la régulation des discours politiques dans l’espace public congolais.
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