Africa-Press – Congo Kinshasa. Alors que la République Démocratique du Congo sollicite une aide de 750.000 dollars de l’ONU pour lutter contre une épidémie de choléra qui dévaste plusieurs provinces, le pays dépense en parallèle 90 millions de dollars pour sponsoriser ou financer des clubs sportifs européens. Une politique assumée par le ministre des Sports, qui y voit une manière de « promouvoir l’image de la RDC à travers le sport international ». Ce choix soulève toutefois une vague d’indignation et questionne sur les priorités nationales.
Un contraste saisissant entre communication et réalité sanitaire
D’un côté, le gouvernement finance des clubs européens dans le but d’améliorer l’image du pays sur la scène internationale. De l’autre, il peine à réunir une somme inférieure à un million de dollars pour endiguer une maladie infectieuse qui tue des centaines de Congolais chaque année. Cette contradiction met en lumière les failles d’une stratégie de gouvernance qui semble préférer l’apparence à l’urgence sanitaire.
La lutte contre le choléra: une priorité reléguée
Le choléra continue de faire des ravages dans l’est du pays, en particulier dans les provinces du Nord-Kivu, Sud-Kivu et Tanganyika. L’OMS a rapporté plus de 30.000 cas en 2024. Le manque d’accès à l’eau potable, l’absence d’infrastructures sanitaires et la précarité du système de santé expliquent cette vulnérabilité persistante. Pourtant, les fonds internes mobilisés pour cette urgence sont presque inexistants, forçant le pays à se tourner vers l’aide internationale.
« L’image du pays » ou la santé de sa population?
Le ministre des Sports justifie le sponsoring de clubs européens comme un investissement dans la diplomatie sportive. Il soutient que ces partenariats contribuent à améliorer la visibilité de la RDC et à attirer des investisseurs. Mais cette approche est contestée. Pour beaucoup, elle reflète un décalage profond entre les besoins fondamentaux de la population et les choix des décideurs politiques. Dans un pays où près de 70% de la population vit sous le seuil de pauvreté, promouvoir son image à coûts exorbitants paraît déconnecté de la réalité.
Un coût social et moral élevé
Les 90 millions de dollars dépensés pour sponsoriser des équipes à l’étranger pourraient être utilisés pour construire des centaines de centres de santé, améliorer les réseaux d’eau potable ou financer la gratuité de soins pour les enfants. La priorisation de l’image sur la survie a un coût humain énorme, qu’aucune opération de communication ne saurait compenser.
Pour une gouvernance à visage humain
Le cas du sponsoring sportif versus la lutte contre le choléra est le symbole d’une gestion déconnectée des réalités sociales. Il est temps que les autorités congolaises revoient leur hiérarchie des priorités. Investir dans la santé, l’accès à l’eau et l’éducation ne relève pas du luxe, mais d’une obligation morale et politique. Car aucune image positive à l’international ne saurait masquer la souffrance d’un peuple oublié.
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