Africa-Press – Congo Kinshasa. La succession de Vital Kamerhe à la présidence de l’Assemblée nationale, un des postes les plus stratégiques de la République, s’annonce houleuse. Le candidat unique désigné par le Président de la République, en l’occurrence Aimé Boji Sangara, essuie déjà les foudres au sein même de la majorité présidentielle, l’Union sacrée de la nation (USN).
Sur les douze candidats qui briguaient le perchoir, c’est donc l’élu du Sud-Kivu qui a été choisi par le Chef de l’État, agissant en tant que Haute autorité politique de la coalition. Un choix qui passe mal et révèle des fractures au sein de la majorité.
Un choix qui glace les rangs
La désignation de Boji Sangara est perçue comme un « coup de force » par de nombreux cadres de l’USN. Selon nos informations, les onze candidats évincés, mus par un sentiment de frustration, se sont coalisés et préparent une déclaration commune pour s’opposer ouvertement à ce qu’ils qualifient de choix « non consensuel » et « cavalier ».
Parmi les déçus figure un poids lourd: Crispin Mbindule, connu pour avoir été le « tombeur » de Vital Kamerhe. Sa présence dans ce collectif de contestataires donne un poids considérable à la fronde et symbolise l’ampleur du mécontentement.
Le parcours de Boji Sangara ajoute une saveur particulière à cette crise. Ancien protégé de Vital Kamerhe, qui l’avait fait nommer au Gouvernement Suminwa sur le quota de son parti, l’UNC, l’élu du Sud-Kivu est aujourd’hui en froid glacial avec son ancien mentor. En le positionnant pour le perchoir, le Président Tshisekedi s’affirme comme l’arbitre ultime des carrières et signe la fin de l’influence de Kamerhe sur ce dossier.
Cette manœuvre, si elle consolide l’emprise de l’exécutif sur l’Assemblée nationale, fragilise la cohésion de l’USN. Le plébiscite de Boji Sangara, loin de fédérer, est vécu comme une pilule amère par ceux qui estiment que les règles du jeu interne n’ont pas été respectées.
Alors que le vote pour le perchoir approche, la question n’est plus seulement de savoir si Boji Sangara sera élu – le soutien présidentiel le rend favori –, mais à quel prix pour l’unité de la majorité. La déclaration des candidats recalés et les réactions qu’elle suscitera seront le premier indicateur de la capacité de l’USN à contenir cette révolte ou, au contraire, à voir ses divisions se creuser davantage. La bataille pour le perchoir de l’Assemblée nationale pourrait n’être que le prélude d’une guerre d’influence bien plus large au sein de la majorité.
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