Africa-Press – Congo Kinshasa. Écarté de la photo de famille des Accords de Washington, Denis Sassou-Nguesso a vu dans son absence une mise à l’écart de Brazzaville par Kinshasa. Le malaise, perceptible entre les deux rives du fleuve Congo, a rapidement pris des allures de froid diplomatique. Conscient de l’enjeu stratégique, Félix Tshisekedi a choisi l’apaisement en dépêchant son émissaire Antoine Ghonda à Brazzaville, signe d’une volonté claire de rétablir l’harmonie entre les deux capitales les plus proches du monde.
Un vent de froid, aussi glacial que surprenant, soufflait depuis quelques semaines entre Kinshasa et Brazzaville, les deux capitales les plus proches au monde, séparées seulement par le fleuve Congo. La cause de cette crispation? L’absence notable du président de la République du Congo, Denis Sassou-Nguesso, lors de la signature historique des Accords de paix entre la République Démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, le 4 décembre dernier à Washington.
Ce jour-là, seul le président burundais Évariste Ndayishimiye se tenait aux côtés du Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi. Si l’Angolais João Lourenço avait été personnellement convié par la Maison Blanche, la non-participation de Denis Sassou-Nguesso a été perçue à Brazzaville comme un affront et une marginalisation délibérée.
Dans la rive droite du fleuve Congo, la diplomatie du Congo/Brazzaville a mal digéré ce qu’elle considère comme un manque de considération pour le rôle de médiateur historique de son président dans la région des Grands Lacs.
S’ensuivit une période de tension silencieuse, rare dans les relations entre les deux voisins, où la communication au plus haut niveau semblait presque suspendue. Une situation intenable pour Kinshasa, qui ne peut se permettre un relâchement des liens avec son voisin le plus immédiat, partageant, non seulement un fleuve, mais aussi d’immenses défis sécuritaires et économiques.
LE DEMINEUR
Soucieux de dissiper ce malentendu, le Président Félix Tshisekedi a réagi promptement. Samedi 20 décembre, il a dépêché à Brazzaville son ambassadeur itinérant, Antoine Ghonda Mangalibi, en mission d’apaisement et d’harmonisation des positions. L’émissaire spécial a été reçu en audience par le président Denis Sassou-Nguesso dans sa résidence du Plateau, signe que la porte du dialogue n’était pas fermée.
Selon un communiqué publié sur la page Facebook officielle de la Présidence congolaise, les deux hommes ont eu un entretien. Si le détail des discussions n’a pas été divulgué, la simple tenue de cette rencontre est en soi un message fort. Elle indique un désir mutuel de dégel et de préservation d’une relation bilatérale cruciale.
Cette démarche de Kinshasa est vue par les observateurs comme une opération de rattrapage diplomatique nécessaire. Elle vise à réaffirmer le respect dû à l’ancien chef d’État et à s’assurer que Brazzaville reste un partenaire aligné dans les efforts de stabilisation de l’Est de la RDC, au-delà du cadre formel des Accords de Washington.
L’initiative du président Tshisekedi via son envoyé spécial semble avoir atteint son objectif premier: rouvrir les canaux de communication. Le temps est désormais au dialogue pour panser cette petite égratignure diplomatique et restaurer la pleine coopération entre les deux Congo, indispensable à la paix et au développement de toute la région centrale du continent.





