Un Allié Présidentiel Fragilisé Dans Le Dossier Kamerhe

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Un Allié Présidentiel Fragilisé Dans Le Dossier Kamerhe
Un Allié Présidentiel Fragilisé Dans Le Dossier Kamerhe

Africa-Press – Congo Kinshasa. « Quand la case de ton voisin brûle, arrose déjà la tienne d’eau », dit un adage africain. C’est dans ce registre de sagesse populaire que l’on pourrait inscrire la posture d’Augustin Kabuya, le secrétaire général de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), face à la tempête qui secoue l’Assemblée nationale. Alors que le président de la Chambre, Vital Kamerhe, se trouve sous la menace d’une pétition déjà munie de plus de 235 signatures, Kabuya a choisi d’endosser le rôle de Ponce Pilate. Il se lave ostensiblement les mains, niant toute implication de son parti dans ce qui ressemble à un coup de tonnerre parlementaire.

Devant la base de l’UDPS samedi sur les parvis de la place Échangeur à Limete, Kabuya a asséné des vérités. « La pétition contre Vital Kamerhe a déjà recueilli 235 signatures. Or, l’UDPS et sa mosaïque n’en comptent que 152 à l’Assemblée nationale. D’où vient donc cette idée de charger l’UDPS? Arrêtons ce débat stérile ».

Une prise de distance calculée

En d’autres termes, le parti présidentiel se défait de l’étiquette de fossoyeur de Kamerhe. En insistant sur la disproportion entre les signatures déjà récoltées et le nombre de députés de son camp, Kabuya expose à l’opinion une réalité arithmétique: « l’UDPS, à elle seule, n’a pas le bras assez long pour faire choir le président de la Chambre basse ». Il démontre implicitement que d’autres forces politiques, parfois insoupçonnées, se sont agrégées à ce front contestataire.

Le refus d’endosser la paternité de la pétition sonne comme une prudente esquive. Tout comme Pilate face au destin du Nazaréen, Kabuya semble dire à ses pairs: « Ce sang ne sera pas sur mes mains ». Il renvoie chacun à sa conscience, à ses responsabilités, et surtout à ses ambitions.

Les vraies forces derrière la pétition

Mais alors, qui sont les véritables instigateurs de cette fronde parlementaire? Plus de 210 signatures, puis 235 aujourd’hui, voilà un chiffre qui dépasse de loin la simple contestation interne. Le Palais du peuple bruisse de rumeurs: des alliances contre-nature, des intérêts financiers, des rancunes mal digérées. Certains députés auraient apposé leurs signatures contre la promesse de deux mille dollars, ce qui a poussé le camp Kamerhe à qualifier l’initiative de « motion alimentaire ».

Les griefs contre le président de l’Assemblée nationale ne sont pourtant pas inexistants: suppression des soins de santé pour les députés et leurs familles, gestion jugée opaque des moyens de l’institution, absence de logistique pour les missions parlementaires. Des manquements qui, additionnés aux frustrations matérielles, offrent un terreau fertile pour la rébellion.

Un allié présidentiel fragilisé

Le danger est d’autant plus grand que Vital Kamerhe n’est pas un simple président d’Assemblée. Il est l’allié de longue date du chef de l’État. Son retrait précipité de la course présidentielle de 2018, au nom de l’unité, avait permis l’ascension de Félix Tshisekedi. Depuis, il s’est voulu pilier et stratège de la coalition au pouvoir. Le voir aujourd’hui vaciller reviendrait à fissurer le socle même de la majorité et fragiliser la représentation politique de l’espace swahiliphone.

Dès lors, une question lancinante s’impose: Tshisekedi osera-t-il abandonner son compagnon de route pour préserver l’équilibre parlementaire? « Quand l’arbre tombe, les oiseaux s’envolent », affirme une sagesse africaine. Si Kamerhe tombe, nul ne peut prédire quel camp profitera du vide ainsi créé.

Un jeu de dupes à haut risque

Pour l’instant, Kabuya a choisi de se réfugier dans la consultation présidentielle, annonçant qu’il s’en remettra à la décision ultime de Félix Tshisekedi. Mais derrière cette prudence se cache une équation redoutable: comment préserver l’image d’un parti au pouvoir qui ne veut pas apparaître comme le bourreau de ses alliés, tout en accompagnant une dynamique parlementaire déjà irréversible?

Au vu du nombre de signatures, les carottes semblent bel et bien cuites pour Vital Kamerhe. Le couperet paraît proche, et l’Assemblée nationale, déjà fragilisée, risque de se transformer en champ de bataille où ambitions, calculs et rancunes dictent la loi. En définitive, l’attitude de Kabuya traduit la stratégie de sauvegarde, celle de protéger l’UDPS des éclaboussures d’une bataille qui pourrait redessiner l’échiquier politique.

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