Africa-Press – Congo Kinshasa. L’Érythréen Biniam Girmay est devenu dimanche le premier coureur Africain à remporter le maillot vert de meilleur sprinteur sur le Tour de France. Un exploit pour le pensionnaire de l’équipe Intermarché-Circus-Wanty qui ne se voit pas comme un pionnier mais comme un symbole d’un cyclisme qui s’ouvre au monde. Interview.
Petit, regarder le Tour de France lui a donné envie de se mettre au cyclisme. Et désormais, l’Érythréen Biniam Girmay est entré dans l’histoire de la Grande boucle en devenant dimanche 21 juillet le premier Africain à remporter un maillot distinctif. En l’occurrence, le maillot vert de meilleur sprinteur qu’il a ramené à Nice.
“Bini” a marqué cette 111e édition de la Grande boucle, fier d’être “le premier coureur noir africain” à y lever les bras. Il s’est même imposé à trois reprises, à Turin dès la troisième étape, puis à Colombey-les-Deux-Églises et à Villeneuve-sur-Lot. Combiné à sa régularité dans les sprints intermédiaires et dans les emballages finaux, cela lui a permis de remporter le maillot vert devant Jasper Philispen, lauréat en 2023. Et dans le sillage du Tour de France 2024 qu’il a terminé à la 113e position, Biniam Girmay a prolongé son contrat avec la formation belge Intermarché-Circus-Wanty jusqu’en 2028.
Chez lui, Biniam Girmay est une star. Il n’y a qu’à voir les scènes de liesse observées à Asmara, la capitale de l’Érythrée. “Là ils doivent être en train de balancer des tables et des téléviseurs dans les bars”, avait-il dit après sa première victoire à Turin.
À toutes les arrivées d’étapes, il est également accueilli par des drapeaux de son pays. À Nice, lors de la dernière étape, c’était même un raz de marée sur la promenade des Anglais. Une ferveur constante depuis qu’il enchaîne avec brio les étapes vers le plus haut niveau: Gand-Wevelgem 2022, sa première victoire d’étape sur un Grand Tour au Giro la même année et désormais ce maillot vert.
À la descente du podium à Nice, il s’est arrêté au micro de France 24 pour répondre à quelques questions.
Que ressentez-vous ce soir après avoir officiellement remporté le maillot vert du Tour de France ?
C’est tout simplement incroyable. Je sens l’émotion en moi. J’ai dit que je ne voulais plus pleurer devant les caméras… Je me le suis encore dit ce matin devant mon miroir. Cela fait longtemps que je me dis: si je fais un jour partie du Tour de France, je serai heureux. Et maintenant, c’est le cas. J’ai remporté trois étapes pour gagner ce maillot vert… Et le faire devant les supporters de mon pays qui sont venus, c’est génial !
Est-ce que c’est le début de quelque chose pour l’Afrique et le cyclisme ?
Ce n’est pas un début, c’est déjà un peu le cas. J’espère voir plus de cyclistes africains, quelle que soit leur nationalité. Cela me rend super fier honnêtement. C’est agréable de voir le cyclisme se globaliser. Si vous connaissez l’histoire de notre sport, vous savez que c’est la première fois qu’un coureur africain noir gagne une étape, la première fois qu’un coureur africain remporte un maillot vert. C’est juste incroyable !
Je suis très heureux pour l’avenir de l’Afrique et pour l’avenir du cyclisme. C’est beau de voir dans le peloton des gens de couleurs, de pays et de continents différents. Je suis donc très heureux de faire partie de cette histoire. C’est un moment historique et c’est un moment spécial pour moi.
Il y avait beaucoup de compatriotes pour vous accueillir à Nice, qu’avez-vous ressenti ?
Je n’ai pas de mots pour décrire ça. Ils ont fait tout le chemin d’Asmara jusqu’ici, sont venus de pays voisins. Leur enthousiasme m’a donné beaucoup de force. Ce n’est pas la première fois qu’ils font ça, mais aujourd’hui, c’était quelque chose de spécial. J’ai vu des gens pleurer à mon passage et ça me fait forcément quelque chose.
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