Africa-Press – Congo Kinshasa. Après une semaine de négociations en huis clos, la présidence brésilienne de la COP30 a publié ce week-end un résumé des discussions. Ce document n’est pas un brouillon de texte sur lequel les ministres et représentants des gouvernements pourraient travailler tout au long de la semaine qui vient jusqu’à la clôture, vendredi 21 novembre au soir, mais un relevé point par point des différents sujets qui semblent faire l’objet d’un consensus.
En premier lieu apparaissent les problèmes de financement de la transition énergétique et de l’adaptation des pays du Sud. L’accord de Paris stipule en effet dans son article 9 que « les pays développés Parties fournissent des ressources financières pour venir en aide aux pays en développement ». Dans un premier temps, les pays industrialisés ont promis de dégager 100 milliards de dollars par an, un engagement tenu en 2023. La nouvelle cible est de 300 milliards de dollars d’ici à 2030, avec un objectif à 1300 milliards en 2035, conformément à ce qui a été décidé à Bakou (Azerbaïdjan) lors de la COP29.
Les pays pauvres reçoivent des aides insuffisantes pour sortir des énergies fossiles
Selon le rapport publié le 14 octobre 2025 par Climate Action Network (CAN, un réseau mondial de 1700 ONG dont, pour la France, le Réseau Action Climat), il semble que les pays les moins avancés peinent à capter les investissements nécessaires pour leur assurer un développement sans les énergies fossiles. Si les énergies renouvelables ont bien bondi de 585 gigawatts (GW) supplémentaires en 2024, 64% ont été installés en Chine et 25% dans les pays développés membres de l’OCDE. L’Afrique représente 1,6% de ces 585 GW. L’an dernier, 77% des investissements ont été réalisés en Chine, dans l’Union européenne et aux Etats-Unis.
Le second sujet crucial porte sur le fossé entre les promesses des Etats de réduction des émissions de gaz à effet de serre sur leur territoire et ce qu’il faudrait réellement faire pour limiter la température de la planète à 1,5°C ainsi que l’ambitionne l’accord de Paris. Selon son dernier relevé publié le 4 novembre dernier, le programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) estime que les actuelles « contributions déterminées au niveau national » (CDN, les programmes étatiques de réduction des gaz à effet de serre) mènent à une hausse des températures comprises entre 2,3 et 2,5 °C d’ici à la fin du siècle, soit bien au-dessus de l’objectif de l’accord de Paris.
Des engagements nationaux insuffisants
Le Global Carbon Project, qui regroupe plus de 130 climatologues, calcule tous les ans le « budget carbone » qui reste à l’humanité pour respecter les 1,5 °C. « La quantité restante d’émissions de CO2 pour limiter la hausse des températures à 1,5 °C est virtuellement épuisée », a affirmé Pierre Friedlingstein, premier auteur de l’article sur ce budget publié dans Nature. Ce seuil devrait être franchi dans quatre ans. Les 1,7 °C le seraient dans douze ans, les 2 °C dans 25 ans.
En noir, la part de carbone consommée, et en orange, la part qu’il reste pour franchir les différents seuils. L’humanité a émis 2770 milliards de tonnes de CO2 (Gt CO2) depuis le début de l’ère industrielle en 1750. En 2025, 38,1 milliards de tonnes supplémentaires ont été émises. Il reste 170 milliards de tonnes de budget pour atteindre le seuil de 1,5 °C ; il faudra donc quatre ans au rythme actuel pour le dépasser. Les 1,7°C seraient atteints en 2037, et les 2°C en 2050. Crédits: Global Carbon Project.
Le relevé de la présidence brésilienne confirme donc que l’insuffisance des politiques engagées par les 195 Etats est un bien un problème grave auquel il va falloir faire face. « La présidence a identifié un haut degré de convergence et d’alignement émergeant à la fois de contributions orales et écrites. La présidence voit une opportunité pour que ce résumé serve comme base pour un texte global couvrant tous les sujets », affirme ce relevé d’étape. On verra donc, à la fin de la deuxième semaine où interviennent les gouvernements, quel est le degré d’ambition du texte final.
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