Africa-Press – Congo Kinshasa. Le parasitisme est un phénomène assez courant dans le règne animal, végétal et fongique. Et ce, pour une excellente raison: il permet de détourner sans trop d’efforts à son profit les ressources d’une espèce tiers pour assurer sa survie et sa croissance. Le plus souvent, le parasite investit le corps d’un hôte ou lui vole sa nourriture. Mais, il existe des formes plus complexes où le parasite prend littéralement le contrôle de l’esprit de sa victime pour la soumettre à sa volonté.
Les derniers exemples en date nous viennent de fourmis et ont été observés par Keizo Takasuka de l’Université de Kyushu (Japon) et ses deux collègues. Et les chercheurs documentent dans les pages de la revue Current Biology une forme de manipulation mentale encore jamais observée auparavant.
Rien moins que de pousser les ouvrières d’une colonie à perpétrer un assassinat contre leur propre reine !
Un parfum fatal
Les chercheurs ont documenté le phénomène par deux fois et l’ont capturé en vidéo. Chez Lasius orientalis qui investit le nid de Lasius flavus. Et chez Lasius umbratus qui fait de même chez Lasius japonicus.
La tragédie shakespearienne se déroule en trois actes (voir la vidéo ci-dessous, en anglais). Tout d’abord, la reine parasite s’introduit en douce dans le nid d’une autre espèce en prétendant en être membre. Les ouvrières, toutes à leurs tâches, ne remarquent pas l’intruse.
Dans un deuxième temps, la reine parasite asperge la reine des lieux d’un fluide que les chercheurs pensent être de l’acide formique. Une fois son forfait accompli, la parasite quitte les lieux fissa sur la pointe des pattes pour ne pas risquer d’être également éclaboussée par la substance.
Un drame myrmécologique en trois actes
Elle y reviendra plusieurs fois avec toujours le même objectif: asperger la reine de son philtre de haine. Et ce, jusqu’à ce que les ouvrières, envoutées par le capiteux parfum, ne perdent la tête et se mettent à tuer leur propre reine-mère.
Troisième et dernier acte: s’étant débarrassée de la concurrence, la reine parasite n’a plus qu’à usurper un trône désormais vacant et à s’installer dans le nid pour commencer à y pondre ses propres œufs. Une progéniture étrangère qui sera bientôt choyée et nourrie par les ouvrières matricides du nid…
Habituellement, lorsqu’une reine fourmi prend le contrôle d’un nid étranger, c’est d’une manière légèrement moins subtile: elle y pénètre, tue illico la reine et convainc les ouvrières de la servir. Ici, cette forme de manipulation unique interroge les chercheurs qui se demandent si les matricides ne seraient pas plus répandus qu’on ne pense dans le règne animal, et tout spécialement parmi les insectes.
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