Grippe Plus Dangereuse Chez Les Personnes Âgées

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Grippe Plus Dangereuse Chez Les Personnes Âgées
Grippe Plus Dangereuse Chez Les Personnes Âgées

Africa-Press – Congo Kinshasa. Chaque année, les virus de la grippe infecteraient environ un milliard de personnes dans le monde, selon l’OMS. Cependant, elles ne réagiront pas toutes de la même manière à l’infection: certaines seront un peu malades quelques jours, alors que d’autres en mourront (entre 290.000 et 650.000 chaque année). C’est notamment le cas des personnes âgées, qui représentent la grande majorité de victimes mortelles de cette maladie. Leur système immunitaire affaibli est en partie responsable de ce risque accru, raison pour laquelle elles sont invitées à se faire vacciner. Mais des chercheurs de l’Université agricole de Chine viennent de découvrir une autre cause: la surproduction d’une protéine qui désactive la réponse immunitaire contre l’infection. Leur découverte, publiée le 11 septembre 2025 dans la revue PNAS, ouvre la voie à de nouvelles possibilités de traitement pour protéger davantage les seniors.

La grippe déclenche la destruction des mitochondries chez les seniors

Les chercheurs ont étudié les conséquences de l’infection chez des souris âgées de 21 mois (équivalent à environ 65 ans chez l’humain), comparées à des souris jeunes (âgées de 3 mois, début de leur âge adulte). Comme chez nous, les individus plus âgés avaient plus de difficultés à contrôler l’infection: ces souris avaient des charges virales plus élevées, elles perdaient plus de poids et avaient du mal à le reprendre, la pathologie au niveau des poumons était plus sévère, et elles mouraient davantage.

Les conséquences de la maladie étaient aussi plus marquées au niveau cellulaire chez les souris seniors. Particulièrement au niveau de leurs mitochondries, organelles responsables de la production d’énergie cellulaire, entre autres fonctions. L’infection attaquait directement ces structures essentielles, activant leur destruction (par un processus nommé mitophagie). Ce processus destructeur survient principalement dans les cellules très âgées qui ont déjà atteint le stade de sénescence cellulaire (lorsqu’elles ne peuvent plus se diviser). Et cette perte de mitochondries affecte la réponse immunitaire, favorisant la multiplication du virus.

La destruction des mitochondries bloque la réponse immunitaire

La destruction des mitochondries était causée par une surproduction de l’apolipoprotéine D, impliquée dans le transport de certaines molécules, telles que le cholestérol. La production de cette protéine augmente chez les personnes âgées, au point qu’elle s’accumule, et une partie de cet excès se retrouve dans les mitochondries. Une fois là, elle interagit avec d’autres protéines, activant la mitophagie. Par ailleurs, des souris modifiées génétiquement pour ne plus produire l’apolipoprotéine D ne présentent pas cette destruction accrue des mitochondries et résistent mieux au virus. En causant la destruction des mitochondries, l’apolipoprotéine D a un impact indirect sur la production d’interférons, des protéines produites lors des infections qui activent la réponse immunitaire.

Tuer les cellules sénescentes serait protecteur contre la grippe

La surproduction d’apolipoprotéine D est boostée principalement par les cellules sénescentes, logiquement plus nombreuses chez les personnes âgées. Ainsi, il était possible de bloquer cette production excessive en ciblant préalablement ces cellules sénescentes avec un sénolytique (molécule qui détruit ces cellules). Ceci avait pour conséquence une sauvegarde des mitochondries et de la production d’interférons, permettant une protection accrue contre le virus et une meilleure survie des souris. “Détruire préventivement les cellules sénescentes en utilisant des sénolytiques naturels (tels que les flavonoïdes, présents dans de nombreuses plantes, ndlr) pourrait donc être protecteur contre la grippe”, lancent les chercheurs.

D’autres possibilités pharmaceutiques seraient de cibler l’apolipoprotéine D pour éviter son accumulation dans les mitochondries et leur destruction. “Il est nécessaire de faire des efforts pour que ces résultats soient testés dans des essais cliniques pour évaluer la sûreté et l’effectivité des sénolytiques, des inhibiteurs de mitophagie et des médicaments ciblant l’apolipoprotéine D chez des personnes âgées avec des pneumonies virales”, concluent-ils.

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