Africa-Press – Congo Kinshasa. De la peau à l’œil, il n’y a parfois qu’un pas, ou presque. La preuve avec une étude présentée lors du dernier congrès européen de dermatologie (European association of dermatology and venerology) qui se tient actuellement à Paris. Il confirme que les personnes atteintes de psoriasis, cette maladie inflammatoire auto-immune chronique déclenchée par l’association de facteurs génétiques et environnementaux, présentent un risque significativement accru de développer une dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), une cause majeure de cécité.
« Il est biologiquement plausible que le psoriasis puisse augmenter le risque de DMLA »
Ce n’est en fait pas la première fois que ce lien est évoqué, les premiers travaux sur cette association remontant à plus de 10 ans et une vaste étude présentée elle en 2024 et menée sur plus de 2 millions de patients diabétiques de type 2 avait aussi démontré que le psoriasis pouvait être considéré comme un facteur de risque indépendant pour le développement d’une des formes de la DMLA, celle dite exsudative.
Dans ce nouveau travail, l’équipe américaine de l’université de Rochester a analysé les données de plus de 20 000 patients atteints de psoriasis âgés de plus de 55 ans, les ont suivis sur une période de 15 ans et se sont intéressés aux fins mécanismes liant les deux maladies, en s’axant ici plutôt sur le risque d’apparition de la forme dite sèche de la DMLA.
« Le psoriasis est une maladie inflammatoire systémique dans laquelle la dysrégulation lipidique contribue aux maladies cardiovasculaires », explique le Dr Alison Treichel, dermatologue à l’université de Rochester qui a mené ces travaux. « Le dépôt lipidique anormal dans la rétine étant une caractéristique de la dégénérescence maculaire liée à l’âge, en particulier de la forme sèche qui entraîne une perte progressive de la vision, il est biologiquement plausible que le psoriasis puisse augmenter le risque de DMLA », a-t-elle commenté.
Un travail préliminaire qui, à ce stade, ne peut que se traduire par la recommandation d’une surveillance ophtalmologique régulière, comme le propose le Dr Treichel, en sensibilisant les personnes atteintes de psoriasis à signaler rapidement toute modification de leur vision.
Le psoriasis, une affection encore bien mystérieuse
D’autres recherches vont se poursuivre en analysant les données d’imagerie rétinienne des patients pour mieux caractériser les anomalies oculaires, définir la prévalence de la DMLA dans cette population et évaluer les effets à long terme des traitements biologiques sur la progression de la maladie.
Car, bonne nouvelle, elle plus concrète et pointée par ce travail: les patients traités par les biothérapies, ces traitements apparus il y a plus de 10 ans ayant révolutionné la prise en charge de la maladie et agissant sur les différents agents de l’inflammation (TNF alpha, anti-interleukine 17, 22, 23…), ont un risque diminué (- 27%) de développer une DMLA en comparaison à ceux traités uniquement par des corticoïdes appliqués localement.
Reste qu’à ce jour, les malades relevant de ces approches, ceux présentant les formes les plus sévères et les plus étendues, n’ont pas toujours accès à ces traitements, comme l’avait pointé en 2021 l’association France Psoriasis, en raison le plus souvent des difficultés à obtenir un rendez-vous avec un praticien.
Pour rappel, face à cette maladie qui touche environ 2 % de la population française et dont 30% des cas ont une origine familiale, des symptômes autres que cutanés peuvent être présents. Exemple avec ceux articulaires (rhumatisme articulaire) dans 20% des cas, ou d’autres, cardiologiques ou encore digestifs. De la peau à l’œil en passant aussi par l’os, le cœur et même l’intestin, autant de mécanismes qui restent à décrypter face à une affection encore bien mystérieuse.
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