Sotexki: un Million de Dollars Introuvables À Kisangani

0
Sotexki: un Million de Dollars Introuvables À Kisangani
Sotexki: un Million de Dollars Introuvables À Kisangani

Africa-Press – Congo Kinshasa. Un nouveau scandale financier secoue l’industrie congolaise, avec en toile de fond la Société Textile de Kisangani (SOTEXKI). Alors que des millions de dollars étaient censés servir à sa relance, une enquête révèle un important détournement de fonds. Des personnalités influentes, issues du clan de l’ancien président Joseph Kabila, ainsi que des membres du gouvernement actuel, sont pointées du doigt.
Une relance compromise

Inaugurée en 1974 par le Maréchal Mobutu, la SOTEXKI fut longtemps un pilier industriel de la province de la Tshopo. Après des décennies de mauvaise gestion, elle s’est effondrée, avant de passer partiellement sous contrôle de la société TEXICO (61 % des parts), aux côtés de l’État congolais (39 %).

L’espoir renaît en septembre 2022 lorsque le gouvernement Tshisekedi approuve un plan de relance de 17,5 millions USD. Sur ce montant, 8,7 millions USD ont déjà été décaissés par la Banque Centrale du Congo pour financer la première phase de redémarrage.

Une gestion opaque des fonds

Sur le terrain, les résultats sont décevants, et plusieurs anomalies ont été relevées:

Absence de l’État dans la gestion: Bien qu’actionnaire majoritaire dans le nouveau schéma, l’État congolais ne dispose d’aucun représentant à la tête de la société. Le Directeur Général actuel, LOKO Glombert, serait lié à TEXICO, elle-même associée à une ressortissante italienne, Madame Fortuna, proche du cercle Kabila selon plusieurs sources.

Procédures de marché non respectées: L’achat de machines s’est fait de gré à gré, en violation des règles de passation de marchés. Pire, ces machines, importées initialement en 2015 pour un autre projet à Kinshasa, sont aujourd’hui jugées obsolètes et peu efficaces.

Incohérences financières: La SOTEXKI affirme avoir reçu 7 669 461 USD. Pourtant, les documents de la Banque Centrale indiquent des virements totalisant 8 756 852,23 USD entre décembre 2022 et septembre 2023. Près d’un million de dollars se serait donc volatilisé.

Des justifications jugées floues

Dans un rapport présenté au Conseil des ministres le 27 décembre 2024, le ministre de l’Industrie, Louis Watum Kabala, explique que ces fonds ont servi à l’achat et à l’entretien d’équipements ainsi qu’à la campagne cotonnière. Toutefois, plusieurs postes budgétaires restent flous:

2 301 580,29 USD pour des machines et pièces de rechange ;

1 538 800 USD pour d’autres équipements textiles ;

375 148,98 USD pour la campagne cotonnière 2023-2024 — sans précision sur les quantités réellement mobilisées.

De plus, les équipements acquis (notamment une rame et une chaudière à fuel) sont jugés inadaptés, compte tenu des problèmes d’approvisionnement en carburant dans la région.

Un précédent inquiétant

Ce scandale rappelle un précédent: dans les années 1990, le Fonds de Promotion de l’Industrie (FPI) avait déjà investi dans la SOTEXKI, sans résultats concrets. Le FPI avait dû récupérer une partie des actifs, et la concession fut morcelée progressivement.

Aujourd’hui, l’entreprise fonctionne à peine. Les ouvriers accusent plusieurs mois d’arriérés de salaire, malgré les fonds injectés.

Appel à une action urgente

Devant la gravité de la situation, plusieurs recommandations s’imposent:

Nommer rapidement un représentant de l’État au sein de la direction de la SOTEXKI ;

Mandater des commissaires aux comptes indépendants pour auditer l’utilisation des fonds ;

Garantir la transparence dans la passation de marchés publics.

Une mission de vérification approfondie, impliquant la Primature, les ministères concernés, ainsi que l’Inspection Générale des Finances (IGF), est vivement attendue pour établir les responsabilités et sauver ce qui peut encore l’être.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Congo Kinshasa, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here