Africa-Press – Côte d’Ivoire. La ville frontalière de Pogo, au nord de la Côte d’Ivoire, a vibré au rythme de la 5e édition de la Journée Africaine des Frontières. L’événement, placé sous le thème « Quelle contribution des acteurs frontaliers au renforcement de la coopération transfrontalière et la cohabitation pacifique à nos frontières? », a rassemblé autorités administratives, chefs traditionnels, représentants religieux, leaders communautaires et populations venues des pays voisins, notamment du Burkina Faso et du Mali.
Dans un contexte régional marqué par des défis sécuritaires persistants, notamment dans la bande sahélienne, la Journée Africaine des Frontières s’est voulue une tribune pour renforcer les liens entre les peuples et promouvoir des solutions concertées aux problèmes transfrontaliers.
Prenant la parole au nom du gouvernement ivoirien, Konaté Diakalidia, Secrétaire exécutif de la Commission nationale des frontières, a rappelé l’importance de la paix, de la coopération et de la fraternité entre les communautés frontalières.
« Nous sommes condamnés à vivre ensemble, pour la paix, pour la bonne entente et le vivre-ensemble à nos frontières. Sans paix, il ne peut y avoir de développement. »
Il a également salué la coexistence harmonieuse entre les populations de la région, malgré les réalités parfois complexes dues à la proximité de plusieurs États.
À cette occasion, le gouvernement a marqué sa solidarité par des dons en faveur des habitants de Pogo. Une pompe hydraulique villageoise améliorée est en cours d’installation, des tables-bancs ont été offertes à l’école primaire publique de Pogo, et du matériel informatique a été remis à la sous-préfecture de Kimoukoro.
Konaté Diakalidia a aussi fait le point sur les efforts en matière de délimitation et de matérialisation des frontières.
« Avec le Mali, nous avons validé le tracé théorique de notre frontière, et nous entamons les dernières étapes pour finaliser l’accord officiel. Avec le Burkina, nous poursuivons également les travaux dans le même sens. »
Touré Djamatigui, Préfet de Ouangolodougou, représentant le Préfet de région, a pour sa part, insisté sur la nécessité de former et sensibiliser les acteurs de la frontière.
Il a salué les actions de la Commission nationale des frontières. « Grâce à ces célébrations, le sentiment d’appartenance à une même patrie africaine se renforce, permettant de prévenir les tensions. »
Il a lancé un appel à la responsabilité collective. « Chaque acteur doit s’engager pour faire de la coopération transfrontalière une réalité. »
Au nom des habitants de Pogo, Ouattara Beh Issa, porte-parole de la communauté, a salué les efforts du gouvernement et du Conseil régional du Tchologo. Il a exprimé la reconnaissance des populations pour les infrastructures déjà réalisées (bâtiment scolaire, logement de sage-femme) et a transmis une série de doléances: équipement du centre de santé, clôtures pour les établissements scolaires et sanitaires, reprofilage des voies et érection du village en commune rurale.
Il a également souligné la diversité ethnique et culturelle de la population de Pogo, composée de Sénoufo, Malinké, Akan, Burkinabés, Maliens, Guinéens et Nigérians, vivant en parfaite harmonie.
La cérémonie a aussi été l’occasion d’écouter les préoccupations spécifiques des communautés étrangères vivant à Pogo. Coulibaly Siaka, représentant de la communauté malienne, a dénoncé les actes de racket de certains agents des forces de l’ordre à l’encontre de ses compatriotes. Il a plaidé pour une meilleure prise en compte des paysans en matière d’accès aux intrants agricoles. « L’approvisionnement en engrais est crucial pour améliorer nos rendements agricoles. »
En marge des discours, la journée a été marquée par des prestations culturelles, des danses traditionnelles, et des moments de fraternisation tels que des repas collectifs. Un match de football amical entre les jeunes de la Côte d’Ivoire et du Mali est venu renforcer davantage l’esprit de cohésion transfrontalière.
En conclusion, la célébration de la Journée Africaine des Frontières 2025 à Pogo a été un moment fort de sensibilisation, de dialogue et de communion entre les peuples. Les messages d’unité, les gestes concrets du gouvernement et l’écoute des doléances locales ont contribué à renforcer la confiance entre l’État et les populations frontalières, tout en soulignant l’importance d’une coopération régionale face aux défis communs.
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