Cadres PDCI-RDA en conflit avec le Secrétariat Exécutif

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Cadres PDCI-RDA en conflit avec le Secrétariat Exécutif
Cadres PDCI-RDA en conflit avec le Secrétariat Exécutif

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Le PDCI-RDA est à nouveau secoué par des turbulences internes. Ce lundi, l’« Initiative pour la Réconciliation et la Sauvegarde du PDCI-RDA » (IRS-PDCI-RDA), composée d’anciens membres du MEECI et de cadres du parti, a rompu le silence en dévoilant un mémorandum explosif. Dans un document de 21 pages, ses initiateurs dressent un réquisitoire sévère contre la direction actuelle, dénonçant des « violations flagrantes des statuts », une « opacité dans la gestion » et surtout une « perte des valeurs fondatrices » héritées d’Houphouët-Boigny.

Devant la presse, le professeur Yao Kouamé Albert, entouré du Dr Nékpo, d’Anoman Magloire, d’Emolo Claude et de Paul Niamké, a livré une déclaration au vitriol. L’IRS accuse la direction actuelle de naviguer « sans vision claire », d’improviser ses décisions et d’écarter les militants de base. « Le PDCI-RDA est en péril. Nous ne pouvons plus rester silencieux », ont martelé les signataires.

Dans leur déclaration, les contestataires égrènent dix griefs majeurs, le non-respect des textes internes et la création d’organes ad hoc qui « supplantent » les structures statutaires, une stratégie « inexistante » à quelques mois de la présidentielle de 2025, un déficit démocratique interne, marqué par des décisions centralisées et l’étouffement des débats, une gestion jugée opaque et entachée de favoritisme, une communication brouillonne, incapable de mobiliser les troupes, un éloignement de la base militante, abandonnée à son sort et des controverses récentes ayant terni l’image du parti, selon l’IRS-PDCI-RDA: l’épisode du Conseil de Discipline suspendu, les déclarations contradictoires autour de la nationalité du président Tidjane Thiam, ou encore le boycott improvisé d’une session parlementaire.

Au-delà des critiques, l’IRS propose une série de solutions: organisation urgente d’« Assises extraordinaires », retour aux valeurs fondatrices du parti, démocratisation des débats internes, reddition des comptes, programme de visites de terrain et adoption d’un plan de communication « crédible et percutant ».

« Notre démarche n’est pas un acte de défiance, mais un cri d’alarme », a insisté le Pr Yao Kouamé Albert. Pour lui, le parti ne doit pas rater le rendez-vous de l’élection présidentielle d’octobre 2025, au risque de s’exposer à une nouvelle traversée du désert.

Face à cette sortie médiatique, le Secrétariat Exécutif, conduit par le Dr Emmou Sylvestre, a réagi par un communiqué officiel.

Bien avant cette conférence de presse, le Secrétariat Exécutif, dénonçant une initiative « inappropriée et précipitée », avait déjà publié un communiqué cinglant. Pour Dr Emmou Sylvestre, la démarche de l’IRS s’apparente à une manœuvre « tapageuse » visant à « créer artificiellement l’impression d’une crise au sein du PDCI-RDA ».

Le communiqué rappelle qu’une rencontre avait eu lieu le 11 août entre l’IRS et le Secrétariat Exécutif. Les contestataires y avaient remis leur mémorandum, qui, selon la direction, était en cours d’analyse. Une réponse devait leur être présentée ce lundi 18 août à 17 heures, lors d’une réunion à la Maison du Parti.

« Pourquoi précipiter une conférence de presse alors que le dialogue était engagé? », interroge le communiqué, non sans pointer du doigt une tentative de déstabilisation.

Le Secrétariat Exécutif met en avant, au contraire, la « bonne santé » du parti. Il cite comme preuves les « records d’adhésions » enregistrés depuis l’élection de Tidjane Thiam à la présidence du PDCI-RDA, ainsi que la « mobilisation massive » lors des récentes marches pour la démocratie. Pour la direction, le parti reste solide et uni autour de son président.

L’IRS, elle, voit les choses autrement: « L’heure n’est plus aux slogans, mais à un véritable sursaut », préviennent ses membres, qui se disent prêts à « sauver le PDCI-RDA » en réconciliant les militants.

Cet échange de piques révèle les tensions grandissantes au sein de la plus ancienne formation politique du pays. À deux mois d’une présidentielle sous tension, le contraste est saisissant: d’un côté, des cadres qui exigent des réformes profondes ; de l’autre, une direction qui appelle à l’unité et au respect de la hiérarchie.

Reste à savoir si les appels de l’IRS trouveront un écho chez les militants de base ou si le Secrétariat Exécutif réussira à maintenir le cap derrière son leader. Une chose est sûre: le débat est désormais public, et les fissures du vieux parti ne peuvent plus être dissimulées.

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