Défis du Nouveau Commissaire à l’Éducation de l’UA

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Défis du Nouveau Commissaire à l'Éducation de l'UA
Défis du Nouveau Commissaire à l'Éducation de l'UA

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Lors de la 47e session ordinaire du Conseil exécutif de l’Union africaine, tenue du 10 au 11 juillet 2025 à Malabo, les États membres ont désigné un nouveau commissaire à l’Éducation, à la Science, à la Technologie et à l’Innovation. Le Burundais Gaspard Banyankimbona succède à l’Algérien Mohammed Belhocine pour un mandat de quatre ans. Son élection intervient dans un contexte de fortes attentes pour refonder l’écosystème éducatif africain.

Docteur en biologie moléculaire, Gaspard Banyankimbona (photo) a dirigé pendant plusieurs années l’Université du Burundi. Son passage à la tête du ministère burundais de l’Éducation supérieure, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, entre 2018 et 2020, a été marqué par des réformes visant à améliorer l’accès à l’enseignement supérieur et à rapprocher les filières universitaires des besoins socio-économiques. Il a notamment piloté des initiatives de digitalisation des cursus et de soutien à la recherche appliquée.

Son profil universitaire et son engagement dans les politiques publiques ont pesé dans le choix des États membres. La Commission de l’Union africaine mise sur cette expérience de terrain pour insuffler une dynamique nouvelle à l’agenda éducatif continental, dans un contexte post-pandémique encore instable.

L’élection de Banyankimbona intervient alors que le continent fait face à une double urgence. D’une part, les systèmes éducatifs restent fragiles, en particulier dans les pays affectés par les conflits, les crises économiques ou climatiques. D’autre part, l’Afrique cherche à faire de l’éducation et de l’innovation les moteurs de sa transformation structurelle. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), 98 millions d’enfants africains ne sont pas scolarisés en 2024, et neuf enfants scolarisés sur dix ne peuvent pas lire et comprendre un texte simple à l’âge de dix ans. Le déficit d’enseignants, la faible qualité des infrastructures et l’inadéquation entre formation et emploi constituent autant de freins au développement.

Dans ce contexte, la Commission Éducation, Science, Technologie et Innovation, qu’il dirige désormais, est appelée à jouer un rôle de coordination et de soutien auprès des États membres. Elle est notamment chargée de la mise en œuvre de la stratégie continentale pour l’éducation (CESA 2016–2025) et de sa future déclinaison.

Des chantiers nombreux et complexes

Le nouveau commissaire hérite de plusieurs chantiers stratégiques. Parmi les priorités figurent l’harmonisation des systèmes d’enseignement supérieur, la reconnaissance des diplômes, la relance de la recherche scientifique et le soutien aux jeunes chercheurs. Il devra aussi assurer une cohérence entre les actions de l’Union africaine et les agendas internationaux comme les Objectifs de développement durable, notamment l’ODD 4 sur l’éducation inclusive et de qualité.

L’enjeu est également de renforcer les partenariats techniques et financiers avec des institutions telles que l’UNESCO, la Banque africaine de développement (BAD), ou encore l’Union européenne (UE), qui appuient déjà plusieurs programmes en cours, à l’instar du projet PanAf de recherche sur l’enseignement supérieur africain, ou du programme IEA (Innovating Education in Africa).

L’un des défis du mandat sera de mobiliser les États membres autour d’objectifs communs, malgré la diversité des situations nationales. Le prochain sommet de l’Union africaine sur l’éducation, prévu pour janvier 2026, sera un moment clé pour poser les bases d’une feuille de route ambitieuse et réaliste. Banyankimbona est également attendu sur le dossier de la digitalisation de l’éducation, sujet central dans le contexte post-Covid et porteur de solutions d’accessibilité pour les zones enclavées.

Sa capacité à fédérer autour de politiques concertées et à mettre en œuvre des programmes concrets sera scrutée. En particulier, les attentes sont fortes sur l’employabilité des jeunes, la promotion des STIM (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques), ainsi que sur l’intégration des langues africaines dans les curricula.

Des perspectives à la hauteur des ambitions africaines

Plusieurs pays africains expérimentent déjà des modèles de réforme éducative dont l’Union africaine pourrait s’inspirer. Le Rwanda a misé sur les technologies éducatives et la formation continue des enseignants. L’Égypte a lancé un vaste programme d’universités technologiques. Le Sénégal développe des écoles de la deuxième chance pour lutter contre le décrochage scolaire. Banyankimbona devra favoriser les synergies entre ces expériences et encourager la mise à l’échelle des initiatives réussies.

Son mandat sera jugé à l’aune de sa capacité à concilier vision stratégique et actions concrètes au bénéfice des apprenants, des enseignants et des systèmes éducatifs nationaux. Le contexte, les défis et les attentes appellent à une gouvernance inclusive et à des résultats tangibles.

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