Olivier Caslin
Africa-Press – Côte d’Ivoire. Alors que la 9e édition de la Conférence de Tokyo sur le développement en Afrique (Ticad) se tient jusqu’à vendredi à Yokohama, le numéro deux de l’Agence japonaise de coopération internationale (Jica) détaille la stratégie japonaise pour percer sur le continent.
Les présidents Bola Tinubu, Cyril Ramaphosa et William Ruto, entre autres, ont fait le déplacement. Au total, ce sont une cinquantaine de pays africains, dont le Cameroun, la Côte d’Ivoire et le Sénégal, qui sont représentés lors de la 9e édition de la Conférence de Tokyo sur le développement en Afrique (Ticad) organisée jusqu’à vendredi à Yokohama au Japon.
Partenariat, investissement, cocréation: Tokyo, qui ambitionne de mobiliser 1,5 milliard de dollars d’investissement à destination du continent, redouble d’efforts ces dernières années pour renforcer sa présence en Afrique, cherchant les moyens de se positionner face au géant chinois, aux intérêts américains et aux nombreuses autres puissantes engagées sur le continent.
Le numéro deux de l’Agence japonaise de coopération internationale (Jica), Shuhei Ueno, met en avant le travail déjà réalisé, notamment via la collaboration avec l’Union Africaine (UA).
Fort de 25 ans d’expérience au sein de la Jica, le dirigeant de 48 ans, qui a découvert le Sénégal lors de sa première affectation avant de passer par Paris, à la délégation permanente du Japon auprès de l’OCDE, puis de rallier Tunis pour prendre la tête du bureau local de la Jica au début des années 2020, compte sur la conférence en cours à Yokohama pour donner un coup d’accélérateur aux ambitions japonaises en Afrique.
Jeune Afrique: Vous étiez en poste à Tunis en 2022, et donc présent à la Ticad 8, qui s’y est déroulée cette année-là. Quel bilan dressez-vous, trois ans après, de ce rendez-vous?
Shuhei Ueno: C’était la seconde fois, après Nairobi en 2016, que la conférence se tenait en Afrique, et tout le monde espérait beaucoup de cette édition, après l’élan donné au Kenya six ans plus tôt et confirmé à Yokohama en 2019. Mais, organisée en pleine pandémie mondiale de Covid-19, son impact a été bien moins important qu’attendu, d’autant plus que le Premier ministre d’alors, Fumio Kishida, avait été testé positif et n’avait donc pu faire le déplacement en Tunisie. Les attentes autour de la Ticad 9 n’en sont aujourd’hui que plus élevées. Il faut retrouver la dynamique initiée avant Tunis.
Que compte proposer pour cela le gouvernement japonais lors de cette 9e édition?
Un terme va souvent être utilisé durant cette conférence, celui de « cocréation ». Depuis plus de trois décennies, nous avons toujours travaillé très étroitement avec nos partenaires africains, en veillant à ce qu’ils s’approprient cette coopération. Les autorités japonaises veulent maintenant y ajouter la notion de cocréation, c’est-à-dire la capacité à développer et à mettre en place ensemble les solutions les plus adaptées à la situation. Notre objectif est de pouvoir contribuer à la croissance de l’Afrique en aidant le continent à se développer par lui-même, à s’industrialiser, à améliorer sa productivité, comme nous l’avons déjà fait pour le riz.
Quel va donc être le mot d’ordre de la conférence de Yokohama?
« Tomoni Africa », qui veut dire travailler ensemble, mais également développer une amitié mutuelle. C’est la raison pour laquelle l’un des principaux thèmes abordés cette année portera sur la jeunesse, africaine et japonaise. Notre ambition est de multiplier les passerelles dans les deux sens, en recevant dans nos universités des étudiants africains, pendant que nos entreprises investissent sur place, y créent de l’emploi et forment leurs personnels. Notre population est vieillissante, alors que celle du continent est très jeune. Nous souhaitons faire de cette jeunesse un atout pour l’Afrique, et si possible pour le Japon.
Depuis 2016, les autorités japonaises insistent justement sur la nécessaire implication du secteur privé. Qu’en est-il aujourd’hui?
Les chiffres augmentent, mais à un rythme très lent. Nos entreprises voient encore l’Afrique comme un continent à risque, et nous devons nous employer à changer cette approche.
Face au contexte international actuel, en Russie ou en mer de Chine, l’Afrique figure-t-elle toujours au rang des priorités pour le Japon?
L’importance du continent ne fera que grandir à l’avenir, et pas uniquement pour le Japon. C’est la raison pour laquelle nous devons investir davantage sur le continent. Pour la première fois, la conférence de Yokohama va accueillir une A-Ticad [Academics – Universitaire], une C-Ticad [Cultural – Culturelle] et une Y-Ticad [Youth – Jeunesse]. Plus de 250 événements annexes vont être organisés pendant cette édition pour justement renforcer nos liens avec l’Afrique, et aller au-delà des intérêts diplomatiques et économiques.
Source: JeuneAfrique
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