Autopsie De Deux Bébés Ptérosaures Fauchés Par Tempête

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Autopsie De Deux Bébés Ptérosaures Fauchés Par Tempête
Autopsie De Deux Bébés Ptérosaures Fauchés Par Tempête

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Les ptérosaures, reptiles volants contemporains des dinosaures, possédaient un squelette extraordinairement léger aux os creux et très fins. Idéaux pour le vol, leurs os se fossilisent en revanche très difficilement et il faut des circonstances exceptionnelles de préservation pour tomber sur un spécimen entier et bien conservé. Pour la même raison, les bébés et les juvéniles sont bien plus rares dans le registre fossile que les grands ptérosaures adultes plus solides.

Des os fragiles et une énigme de longue date

« Les chances de préserver un ptérosaure sont déjà infimes, et celles de tomber sur un fossile qui vous raconte sa mort le sont encore plus », s’enthousiasme Rab Smyth, de l’Université de Leicester. Or le paléontologue et son équipe ont trouvé non pas un mais deux jeunes ptérosaures du genre Pterodactylus, de moins de 20 centimètres d’envergure. Ils étaient enfouis dans les calcaires vieux de 150 millions d’années, en Bavière, dans le sud de l’Allemagne. Ces dépôts lagunaires sont réputés pour leurs fossiles très bien préservés. Mais en ce qui concerne les ptérosaures, le site intrigue les paléontologues depuis longtemps. En effet on y retrouve beaucoup de très jeunes ptérosaures parfaitement conservés et très peu d’adultes fossilisés contrairement aux autres sites connus.

Les deux jeunes ptérosaures déterrés et surnommés Lucky I et Lucky II, en dépit de leur funeste destin, ont permis de résoudre cette énigme. Une histoire qui fait l’objet d’une étude publiée dans la revue Current Biology. Les chercheurs avancent que les deux juvéniles ont péri lors de tempêtes tropicales qui devaient être fréquentes à l’époque car l’endroit était situé plus au sud et le climat plus chaud. Et qu’ils ont été projetés dans la lagune par la force du vent qui leur a brisé les ailes. Ils en veulent pour preuve la présence chez les deux spécimens d’une fracture de l’humérus typique d’une torsion et non d’un choc.


Solnhofen, un gisement hors norme. Découvert au XIXe siècle dans les carrières calcaires de Bavière, le gisement de Solnhofen est l’un des plus célèbres du monde. Dans ces dépôts lagunaires du Jurassique supérieur se sont accumulés des milliers de fossiles exceptionnellement préservés, depuis les insectes les plus fragiles jusqu’à l’archéopteryx, longtemps considéré comme le premier oiseau connu. Les conditions particulières des lagunes, peu profondes, chaudes, pauvres en oxygène et recouvertes de boues calcaires très fines, ont permis une fossilisation d’une finesse inégalée. On y distingue encore parfois les membranes des ailes des ptérosaures ou l’empreinte des plumes.

Biais de fossilisation

Rapidement noyés et ensevelis sous les boues calcaires remises en suspension par la tempête, les deux ptérosaures ont eu la « chance » paradoxale d’échapper à la décomposition. Les adultes, eux, survivaient plus souvent à ces tempêtes ou mouraient par temps calme et flottaient longtemps avant de se désagréger. De leurs carcasses, seuls quelques fragments atteignaient parfois le fond, ce qui explique leur rareté.

Pour David Unwin, co-auteur de l’étude à l’Université de Leicester, l’explication ne fait plus de doute: « Quand Rab a repéré Lucky, nous avons cru à un cas isolé. Un an plus tard, la découverte de Lucky II a tout changé. Et quand nous avons éclairé le spécimen aux lampes UV, il a littéralement jailli de la roche. Ni lui ni moi n’oublierons jamais ce moment ». Cette lecture nouvelle du registre fossile démontre que la richesse apparente en jeunes ptérosaures ne reflète pas la réalité de leurs populations, mais un biais de fossilisation lié aux tempêtes.

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