Africa-Press – Côte d’Ivoire. Dans un contexte de tensions diplomatiques renouvelées entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, le porte-parole du gouvernement ivoirien, Amadou Coulibaly a apporté une réponse claire et structurée aux récentes accusations formulées par le président burkinabè, Ibrahim Traoré. Ce dernier a, une fois de plus, accusé la Côte d’Ivoire d’abriter des ennemis de son régime et a dénoncé des actes supposés d’espionnage commis par six agents ivoiriens de la Direction d’Aide et de Réinsertion des Apatrides et Réfugiés (DARA), récemment arrêtés au Burkina.
« Nous avons beaucoup de respect pour le chef de l’État du Burkina », a déclaré le porte-parole du gouvernement ivoirien. « Mais nous attendons toujours les preuves de ces accusations qui, à nos yeux, relèvent davantage du fantasme que de faits concrets. »
Le gouvernement ivoirien rappelle que les agents de la DARA ne faisaient qu’accomplir leur mission habituelle: identifier et recenser les réfugiés burkinabè présents en Côte d’Ivoire, afin qu’ils puissent bénéficier de l’aide humanitaire. « Ce sont des civils, des fonctionnaires de l’État, engagés dans un travail purement administratif », précise-t-il.
Avec plus de 80 000 réfugiés burkinabè sur son sol, la Côte d’Ivoire fait face à une pression humanitaire considérable, amplifiée par le retrait de certaines ONG internationales en raison de la situation sécuritaire au Burkina Faso. Le pays a donc dû renforcer ses propres mécanismes d’assistance, notamment via la DARA, pour continuer à offrir un minimum de protection et de services aux populations déplacées.
« Accuser ces agents de la DARA d’espionnage revient à dire qu’un agent d’état civil qui pose des questions sur la naissance d’un enfant est un espion, ou qu’une sage-femme en consultation prénatale serait suspecte. Il faut sortir de ces logiques fantasmées », a souligné le porte-parole.
La Côte d’Ivoire revendique fièrement son statut de terre d’accueil. « Notre pays abrite depuis des décennies des ressortissants de divers pays africains, y compris des personnalités politiques, du Burkina Faso, du Mali, du Niger, du Libéria, de la Guinée ou encore du Ghana. Tous ceux qui résident ici savent que ce droit d’hospitalité implique une stricte neutralité vis-à-vis de leurs pays d’origine. »
Le gouvernement ivoirien affirme également qu’il n’a aucun intérêt à voir le Burkina Faso sombrer dans l’instabilité. « Nous avons plus de 3 millions de Burkinabè vivant en Côte d’Ivoire. Toute déstabilisation de ce pays nous affecte directement. »
Alors que la Côte d’Ivoire entre dans le dernier mois avant l’élection présidentielle, les autorités estiment que ces tensions diplomatiques ne perturberont pas le processus électoral. « Notre pays est ouvert. Près de 26 % de notre population est étrangère, soit environ 7 millions de personnes. Nous avons bâti une démocratie résiliente, et ces accusations extérieures ne sauraient influer sur notre dynamique interne », conclut le porte-parole.
Dans un climat régional de plus en plus polarisé, Abidjan appelle donc au respect, à la responsabilité et à la coopération régionale, pour faire face aux défis sécuritaires et humanitaires qui frappent l’Afrique de l’Ouest.
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